Module 10. Problématique. Thèses en présence. Valeurs en jeu. 47 interactions. 32 QCM.

La problématique est-elle simplement une liste de questions qui peuvent se poser dans le domaine de la recherche? Un problème, est-ce une question qui se pose?
Réaction 1


Une simple incertitude -- Qui a succédé à Ramsès II? -- est une question (ici historique) et peut constituer un problème (d'histoire) mais ce n'est pas pour autant une problématique.

La problématique met la question dans un contexte actuel, elle concerne un énoncé mais aussi son énonciation par qui, pour qui, pour quoi : elle cherche dans la documentation rassemblée de quoi non seulement poser des questions mais comparer des attitudes de la part des auteurs qui en ont parlé. Et comme le sujet (vous) se prépare à faire partie de ces auteurs, et qu'il doit décider de son attitude, la problématique va justement lui permettre de le faire, et de le faire d'une manière qui rassemble celles de ses prédécesseurs, qui les reconnaisse chacune pour ce qu'elle vaut, qui tire de leurs divergences, bien analysées, les éléments d'un accord à inventer et qui n'est pas nécessairement impossible.

Mettre le lecteur futur sur la voie d'une solution aux divergences les plus indéracinables est le chef d'oeuvre du sujet (au double sens de ce mot : ce dont on va parler et celui qui en parle). Mieux vous cernerez les points de frictions entre les acteurs (ceux qui ont un rôle, puisqu'ils ont pris la parole), plus vous serez en mesure de poser des problèmes (réels), ce qui est le rôle d'une problématique.

Faut-il être original dans le choix du «sujet»?
Réaction 2


Une bonne problématique sera personnelle. Devoir l'inventer est un avantage, non un handicap. Mieux vaut, pour choisir un sujet, se défier des solutions hâtives comme des questions éculées. Ne pas s'inquiéter de n'avoir pas son «sujet» d'emblée, tout fait, comme sur les bancs d'école : se réjouir de pouvoir essayer méthodiquement d'en mettre en place les divers aspects, comme ce module va vous le montrer. C'est le moment de consulter le fichier de documentation assez complet que l'on vient de d'assembler. Quelque scientifique qu'il paraisse, il est impossible qu'on ne puisse y découvrir des «jugements de valeur», au moins implicites.

L'exploitation de ces documents commence alors de la façon suivante. La vedette spécifique (celle qu'on a inscrite dans le coin supérieur droit de la fiche) ou la vedette générique (celle qui est dans le quart supérieur précédent) concerne-t-elle déjà ou non une «position du locuteur», une valeur à laquelle il semble s'être attaché? Si oui, la fiche est utilisable pour une problématique. Sinon, il n'est pas trop tard pour relire la fiche et réécrire la vedette.

Comment s'y prend-on pour tirer d'une fiche doc (ou de la page d'où elle provient) les indices des problématiques éventuelles?
Réaction 3


Ne pas se contenter du contenu des fiches mais entrer (selon les pôles de l'énonciation en pragmatique), dans l'acte qui a eu lieu : imaginer les personnes ou les équipes qui ont produit ces documents, chercher leurs attitudes, les comparer à des attitudes inverses, trouver des antagonismes, qu'ils soient déclarés ou qu'ils ne veuillent pas dire leur nom. L'auteur a-t-il une thèse? Mettons-nous à sa place (si critiquable qu'elle puisse être éventuellement). Dans sa situation (politique, économique, familiale, religieuse, selon le cas : spécifier) il ne pouvait sans doute se permettre de dire n'importe quoi. Le milieu est souvent contraignant; l'idéologie régnante, respectable. Sans aller jusqu'à solliciter le texte pour lui trouver un sens qui serait forcé, on doit le comprendre dans sa situation historique pour en dégager les intentions, parfois camouflées ou travesties. (En général, on se donne l'air d'être sans parti pris tout en parsèmant des indices très clairs du "message".) Nous l'avons vu plus haut : une connotation, la moindre insistance, une option moins explicable sont des préférences inavouées et l'occasion d'un relevé sur fiche, avec analyse et hypothèse concernant la présence d'une thèse. C'est le moment de compléter les analyses du fichier (d'utiliser le verso de la fiche existante), voire de faire de nouvelles fiches, et de noter entre crochets le cheminement qui vous permet d'induire une position implicite, une intention qu'on tente de nous faire partager, et qui permet de mettre la vedette visée antagoniste.

La tâche incontournable d'une bonne problématique est nécessairement de déceler quelque antagonisme dans le domaine?
Réaction 4


Oui. Elle relève de l'énonciation et plus seulement de l'énoncé. Les problèmes de contenu sont des questions occasionnelles dans lesquelles on peut "sentir" la présence d'intentions, personnelles ou collectives. La problématique concerne les prises de position "politiques" au sens large : ce que l'auteur veut changer dans la société de son temps, ses raisons de mener à bien une entreprise de communication comme la sienne, dans son milieu.
Réaction 5


On rassemble donc les fiches qui ont des vedettes de visée.

Ensuite? On les trie selon leur proximité (par la méthode des constituants immédiats, pour donner ses chances à l'intuition); autrement dit, on réunit les jugements de valeur suivant leurs génériques. Il ne reste plus qu'à faire des fiches synthèse, une pour chaque ensemble d'indices; la vedette de ces fiches est alors identifiée par une position antagoniste. Mieux vaut faire, pour chaque position antagoniste, une grande fiche, de façon à disposer de l'espace requis pour la caractérisation des individus ou des groupes qui défendent la position.

Et l'on va pouvoir alors se mettre à une autre tâche : identifier et classer (éventuellement confectionner) les arguments, réels ou possibles, en faveur ou contre les thèses en présence. C'est ce qui sera vu au chapitre sur l'argumentation. Avant cela, il reste à envisager la possibilité de nouvelles thèses. Et à s'interroger sur sa position dans les conflits. Voici un exemple en raccourci.

Quoi de plus anodin, de moins empreint de jugements et de valeur que l'anecdote qui sert de référence à Raymond Queneau dans Exercices de style : un jeune homme, dans un autobus, apostrophe son voisin parce qu'il lui a écrasé les pieds. Supposons que l'on ait documenté le problème. On a un fichier doc contenant notamment une fiche de la RATP avec les horaires aux heures de pointe (vedette : véhicules / fréquence) et une fiche de plainte de l'association des passagers concernant la surcharge des autobus (vedette : véhicules / achalandage). La première vedette est neutre et objective mais une analyse attentive dégagera le fait que la fréquence des passages d'autobus ne fait que doubler, aux heures de pointe, alors que l'achalandage est multiplié par dix. Peut-on tirer quelque chose de cela en vue d'une problématique? Comment s'y prendre?
Réaction 6


On se place au point de vue de ceux qui auraient pu faire quelque chose pour modifier cet état de fait, donc des dirigeants de la Régie des transports. On suppose que cinq fois plus de véhicules serait un investissement démesuré. On fait une nouvelle fiche avec une remarque dans ce sens et une vedette : visée rentabilité.

La première fiche pourrait alors prendre une nouvelle vedette : surcharge, ce qui est plus engagé du point de vue jugement de valeur. Est-ce tout? Faut-il chercher davantage de faits à interpréter?
Réaction 7


On peut toujours aller chercher d'autres indices concernant les positions des usagers en face de l'administration etc. mais cela ne fera progresser que le fichier doc. Il ne faut surtout pas croire que c'est ainsi qu'on pourra faire une problématique. Le travail de réflexion, l'effort personnel est incontournable. Il faut trouver les jugements de valeur implicites, reconstituer des visées, les attribuer à des groupes antagonistes, analyser leurs positions et leurs intérêts, imaginer leurs affrontements, découvrir le dilemme, s'acharner sincèrement à trouver une troisième voie. En dehors de cette voie, on ne peut se fixer que des objectifs académiques ou traditionnels.

Ce n'est donc plus le moment de faire de nouvelles recherches mais celui de décrire les groupes d'opinion déjà repérés.

Dès à présent, il est possible de rédiger deux fiches synthèses, position RATP et plainte utilisateurs. Elles décrivent les objectifs respectifs faciles à imaginer : limiter les frais / éviter la cohue. Ici, on découvre qu'une autre fiche, sur les inconvénients de la cohue, sera utile, et on la rédige en se servant d'un incident : les pieds écrasés, et l'engueulade. Une possibilité de problématique vient de s'étoffer et de se structurer entre deux centres d'intérêts opposés. On peut rédiger un "problème posé", comme dans toute introduction à une dissertation.
Les transports publics ne devraient pas être régulièrement surchargés. Et les passagers ne peuvent pas indéfiniment supporter les insuffisances de l'administration. Mais, d'un autre côté, les gens ont leur caractère et il est inévitable qu'il se produise des affrontements. Chacun ne doit-il pas y mettre du sien pour vivre en société? Alors, où se termine la responsabilité individuelle? Où commence la responsabilité collective?


Quels sont les traits d'une bonne problématique, pensez-vous?
Réaction 8


Les questions posées ont un intérêt qui les dépasse car elles entrent dans une dialectique; celle-ci n'a pas encore de conclusion assignable : il y a des divergences de points de vue, un refus de la concertation, vaines sont les tentatives de solution. L'incertitude, le pour et le contre, l'impasse sont typiques de la bonne dialectique.

S'il y a une solution trop précise, c'est sans doute qu'on n'a pas été au fond du problème, en faisant trop confiance à l'un des deux groupes. C'est l'erreur la plus fréquente. On se rallie à l'un des camps, auquel on appartient peut-être. Pour prendre pied dans le domaine de façon moins partisane, voyons de plus près de quoi sont faits les jugements de valeur.

Objectivité et subjectivisme.
"Le modèle 82 de Lada est affreux." Cette assertion est un jugement très subjectif parce que sa valeur dépend ________.
1 de l'objet de la déclaration (la Lada est-elle réellement moche?)
2 des deux interlocuteurs en présence
3 de la personnalité du locuteur
4 des circonstances de son énonciation
Réaction 9


Un jugement de valeur dépend des sujets en présence, qui deviennent parties prenantes dans le procès de signification et de communication. Est-ce à dire qu'il n'y aurait pas d'objectivité? La plupart des auteurs, ne fût-ce que par convenance, veulent se montrer le plus objectifs possible. C'est ainsi qu'ils peuvent se rallier des adhérents. La vérité semble alors indépendante des personnes. Un argument rationnel tient compte d'un ensemble de facteurs : gravité du besoin, étendue de la demande, coûts, financement, emplacement, etc. L'argumentation des intervenants a tout à gagner à paraître très objective.

Suffit-il, pour y parvenir, de dire des choses conformes à celles sur lesquelles tout le monde semble d'accord (la langue de bois)?
Réaction 10


Au contraire. D'un côté, on doit pouvoir le faire (mettre l'objectivité apparente de son côté est prudent), mais s'en contenter serait suicidaire : on perdrait son droit à la parole, lequel peut seul nous faire accéder à l'oeuvre.

Une objectivité prédéterminée est factice car il est toujours possible de ramener les discours prétendument objectifs à leurs auteurs et à leurs intérêts de groupe. Ce sont les intérêts particuliers qui causent les affrontements et empêchent de comprendre le point de vue de l'autre. Quand une position personnelle est agréée et jugée objective, c'est parce qu'elle tient compte des divers points de vue, et donc, comme on l'a vu plus haut, de l'intersubjectivité. Chacun a sa subjectivité et la réalité doit donc être "intersubjective".

L'objectivité suppose en somme un passage obligé par ce que les sujets pensent, y compris ce qu'ils pensent les uns des autres.

Faudra-t-il creuser du côté des motivations plus ou moins conscientes des intervenants, tenir compte d'un ton moqueur?
L'idée que certains de mes collègues travaillent ne suscite chez moi aucune indignation, ni aucune jalousie, figurez-vous... Cette curieuse déclaration implique que le locuteur ______.
1 est paresseux
2 est énergique
3 considère la paresse comme normale
4 considère l'énergie comme normale
Réaction 11


Il y a des cas moins évidents. Les visées se dérobent derrière les prétendus faits, si soigneusement rassemblés justement parce qu'ils ont quelque chose à démontrer.

Mais les connotations sont rarement absentes.
C'est un vrai mécanicien! Il ________ quatre heures à démonter et remonter sa mobylette.
1 a mis
2 a passé
3 est resté
4 a fait
Réaction 12


Les connotations sont plus ou moins fortes. Il importe d'en évaluer les degrés. Les communiqués qualifient une situation de "sérieuse", "préoccupante", "inquiétante"... "grave" serait déjà très grave.
Quant aux congrès politiques américains, ils permettent aux délégués de se manifester avec ______.
1 exubérance
2 extravagance
3 (N'importe)
4 (Selon la nuance de sens)
Réaction 13


Enfin, les connotations varient selon les contextes.
Vous observerez que ce sont toujours les mêmes ________ qui protestent.
1 personnes
2 gens
3 énergumènes
4 (Selon le sens)
Réaction 14


Les prises de position implicites transparaissent dans les connotations mais aussi dans l'argumentation, abordée plus loin. Pour préciser une visée, on peut aussi tenter d'établir s'il y a des raisonnements implicites, réduits à leur majeure, à une mineure.

Chercher les visées.

Dans la pratique, les raisonnements foisonnent sans être formalisés.
"Pourquoi les journaux n'attaquent-ils pas tous les gaspillages avec autant de passion que quand il s'agit de 28 millions d'oeufs! C'est la production nationale d'un jour. Ne gaspille-t-on qu' 1/365e de la production du bois ou des céréales? Et du temps?" Après avoir examiné ces arguments, choisissez la conclusion vers laquelle ils tendent.
1 Les journaux devraient être plus objectifs.
2 Il faut éviter le gaspillage au niveau national.
3 Les pertes en bois, en céréales ou en temps sont au moins aussi grandes, au Canada, que les pertes en oeufs.
4 Les journaux devraient cesser de dénoncer les gaspillages.
Réaction 15


Dans un enthymème (raisonnement implicite), la conclusion figure rarement in extenso. Elle est déguisée, de façon à avoir plus de force de conviction, à paraître moins intentionnelle.
Dans Grand-Peur et Misère du IIIe Reich, Bertolt Brecht parle du «système» pour désigner le régime politique qui précéda l'arrivée de Hitler. La République de Weimar avait-elle une idéologie si «systématique»?
1 Brecht pense à tout le système capitaliste.
2 Il lui suffit de s'opposer à l'autoritarisme, asystématique, de l'hitlérisme.
3 Mot vague, sans valeur intentionnelle.
4 Idéalisation du passé en vue de mieux caricaturer l'hitlérisme.
Réaction 16


La distance gardée par le locuteur vis-à-vis de son sujet est audible. Adhère-t-il profondément, rejette-t-il ironiquement, néglige-t-il? Pour qui adhère à un ensemble idéologique, il suffit d'un mot pour évoquer le tout. Avoir la foi ou se fier à la volonté divine sont des marques d'appartenance au même titre que l'évocation de la lutte des classes ou de l'inconscient. Mais attention, en intériorité, n'importe quel mot «consacré» suffit à recréer l'ambiance; en extériorité, au contraire, chaque terme propre au domaine évoque une caricature.
Vaut-il mieux traiter son sujet «en intériorité» (ton personnel, sincère) ou «en extériorité» (ton neutre, ou moqueur, ou cinglant)?
1 En intériorité, ce sera plus convainquant.
2 En extériorité, cela fera rire ou cela fera peur.
3 Tout dépend du sujet.
4 L'idéal serait de traiter le point de vue d'autrui en intériorité et le sien en extériorité.
Réaction 17


La recherche de la visée des auteurs inclut donc celle de leur appartenance et une remise en question personnelle des appartenances en général. Le biais naturel de cette interrogation est justement la divergence irréconciliable des points de vue antagonistes. S'il y a divergence, c'est non seulement par l'opposition des intérêts mais aussi par un refus, parfois volontaire, souvent collectif, d'entrer dans le point de vue des autres. Il est à conseiller, pour une bonne problématisation (originale et utile), de creuser les visées jusqu'à mettre à jour les raisons, conscientes ou non, et même si elles ne peuvent constituer que des hypothèses (c'est habituellement le cas) du refus du point de vue de l'autre, et cela pour l'un et l'autre des deux camps.

La position personnelle a-t-elle une influence sur une recherche des causes de conflit? Voit-on clair dans les explications possibles quand on appartient soi-même à un des groupes antagonistes?
Réaction 18


Il est difficile de se voir de l'extérieur et de voir les autres de l'intérieur sans être d'abord parvenu à une certaine forme de détachement (d'où le recours à un arbitre extérieur).

Mais revenons au début de la problématisation. La contribution éventuelle d'une fiche doc dépend de la visée qu'elle atteste.

Identifier les phases de la problématisation.
Mélanie Klein situe le début du développement oedipien dès la phase sado-orale. Elle pense, contrairement à Freud, que le bébé fille à l'âge de six mois a déjà une certaine conscience de ses organes génitaux internes. Cette phrase ________.
1 établit des "positions antagonistes"
2 est le début d'une problématique
3 pose une question
4 documente une question
Réaction 19


Mais faut-il devenir spécialiste dans le domaine avant de pouvoir envisager d'en parler valablement? Les antagonistes ont-ils le droit de se présenter comme des spécialistes? Même ici, ne touche-t-on pas un sorte de dilemme, celui de la problématique! Tentons d'approfondir la situation.
Dans l'établissement d'une problématique, le repérage de positions antagonistes est-il nécessaire?
1 Les positions antagonistes révèlent des zones d'incertitude qui se prêtent à de la recherche personnelle.
2 Il est possible de formuler des hypothèses en partant simplement de difficultés rencontrées par un seul auteur, ou par soi-même.
3 Il y a des antagonismes sans signification.
4 Le repérage de positions antagonistes est une étape préalable mais indispensable.
Réaction 20


Avant de prendre position, il faut connaître les points de vue défendus par d'autres. Leurs discussions délimitent des zones d'incertitude. C'est là qu'il reste des choses à découvrir.

Au lieu de se lamenter que les responsables soient incapables de s'entendre, mieux vaut se dire qu'il y a là pour vous une occasion de faire mieux... de fonder un parti (fût-ce en imagination), et Vive la république! (Dans le film qui porte ce titre, on voit des chômeurs se réunir, discourir sur une réforme de la société, remettre efficacement à leur place des gens mieux intégrés mais moins lucides.)
Quand débutent les lectures, faut-il résumer les principaux ouvrages?
1 Oui, et mettre sur fiche toute information qui pourrait servir.
2 Apprécier de façon critique la méthodologie est préférable.
3 Lister les questions posées permettra de faire une synthèse.
4 Caractériser les positions antagonistes conduit à une problématique.
Réaction 21


Définition Une problématique n'est pas seulement un ensemble de questions qui peuvent se poser. C'est une manière de présenter des points controversés, un ensemble de questions ayant donné lieu à des affrontements, un terrain disputé par des valeurs mises en doute.

Les antagonismes.
La discussion que voici pourrait-elle constituer une problématique? --- Un grand peuplier et deux jeunes sapins, tassés les uns sur les autres. Qu'est-ce qu'on garde? --- Le peuplier n'est pas de l'aussi bon bois. --- Mais l'arbre est déjà grand. Et les sapins, il y en a tellement... --- C'est tout de même le sapin qui se vend le mieux. --- C'est pour une coupe commerciale? De toute façon, il paraît que la pousse est plus forte quand il y a une certaine variété d'essences. --- Si on laissait les trois? Les sapins serviront à étouffer les branches basses du peuplier. Ce sera moins de travail... --- Faudrait pas hésiter trop longtemps. --- Toi, t'aurais honte de repartir sans avoir rien fait. --- Il y en a qui arrivent toujours à trouver des raisons pour ne rien faire.
1 Une problématique se dégage car il y a un affrontement, des arguments et des preuves possibles.
2 Pas de problématique parce que la discussion porte sur un détail sans envergure.
3 Pas de problématique: c'est le genre de discussion qui peut se poursuivre à l'infini.
4 Cela dépend. Il y a du pour et du contre donc on pourrait développer.
Réaction 22


Dans une problématique, il y a un ensemble de questions sur lesquelles deux auteurs au moins divergent, voire s'affrontent, en sorte qu'il en découle des arguments pour et contre, assortis de preuves (mesurables) à l'appui.

Mesurer ses distances.

Vous avez à rédiger quelque chose sur Rousseau et le mouvement écologiste. Avant d'argumenter, vous vous demandez quelle position vous pourriez défendre... Pour prendre position, il faut d'abord choisir un terrain d'affrontement, un ensemble de questions sur lesquelles des intervenants divergent d'opinion. Un domaine peut offrir plusieurs problématiques suivant les intérêts du public à prévoir.
Vous avez à rédiger qqch. sur Rousseau et le mouvement écologiste. Avant d'argumenter, vous vous demandez quelle position vous pourriez défendre... Mais pour prendre position, il faut d'abord choisir un terrain d'affrontement, un ensemble de questions sur lesquelles les intervenants divergent d'opinion. Dans les choix que voici, où se trouve la meilleure problématique?
1 Rousseau fut-il le vrai "père" de l'idéologie écologiste ou n'a-t-il fait que transmettre un idéal déjà formulé antérieurement au XVIIIe siècle?
2 Le rousseauisme est-il de l'écologisme avant la lettre ou simplement l'utopie d'un retour à l'Age d'or, au bon vieux temps?
3 En se réclamant de Rousseau, les écolos ne cherchent-ils pas à se doter de références culturelles alors que leurs conceptions sont seulement modernes?
4 Le Rousseau des écolos est-il celui qui exerça une telle influence sur le romantisme (épanchements devant la nature, allaitement maternel, etc.)?
Réaction 23


On remet en question le crédit de l'écologisme. Ni entièrement nouveau, ni totalement archaïque, le sujet a besoin de références philosophiques parce qu'il est d'abord une prise de position : contre la technologie effrénée, les abus de la production de masse, les clivages sociaux, les pouvoirs politiques, etc. On peut montrer chez Rousseau une intentionnalité analogue quoique, au XVIIIe , les problèmes se posent autrement.
Laquelle des propositions suivantes offre la meilleure problématique pour un article de fond?
1 Les Romains buvaient-ils leur vin mêlé d'eau, chaude ou froide, ou de miel?
2 Pourquoi seuls les patriciens se faisaient-ils servir des plats de viande cuisinés?
3 Par quoi s'explique la fréquence croissante des divorces à Rome à partir de 146 av. J.-C.?
4 Les morts étaient inhumés ou incinérés et placés dans le columbarium. On s'interroge sur la signification religieuse, ou sociale, de cette coutume.
Réaction 24


Règle Une problématique de recherche est une discussion qui circonscrit, dans un domaine, une perspective encore peu connue, susceptible de susciter des hypothèses.
Des quatre sujets suivants, lequel aurait sans doute la meilleure problématique?
1 Les É.U. n'auraient jamais dû se lancer dans la guerre des étoiles.
2 Faut-il investir 300 milliards dans la recherche aérospatiale, balistique et informatique?
3 Pourquoi les républicains préfèrent-ils les techniques guerrières aux programmes sociaux?
4 L'évolution du régime soviétique est-elle influençable?
Réaction 25


Comment -- vous étonnerez-vous -- le budget, une question de gros sous, purement quantitative, voilà ce qui fournirait le mieux des arguments rationnels à des personnes qui vont s'engager personnellement?! Oui, et ce n'est pas seulement parce que le budget oblige tout le monde à tenir compte aussi des besoins des autres : c'est que les budgets sont souvent une mesure de la valeur, de l'importance respective des engagements, y compris du sérieux des promesses.

Mais tout compte fait, les crédits obtenus ne sont pas la mesure des résultats espérés. Il importe plus de convaincre la collectivité que d'être en moyens. Or ce résultat intersubjectif, la communication, la conviction, est aussi affaire de désintéressement, de droiture. Socrate a fait plus par son exemple que s'il avait fondé une académie comme Aristote. (Mais parlerait-on encore de Socrate si Aristote n'avait pas fondé cette Académie?)

Chaque sujet (ego) se trouve donc à sa distance personnelle de chaque sujet (contenu). Chaque sujet trace dans l'air (par des sons ou des lettres) le fil de sa propre pensée. La problématique est intersubjective car il appartient à chaque sujet de se placer de telle sorte, par rapport aux autres, que sa contribution fasse progresser les opinions. Le problème sera à traiter. Le choisir est une étape qui suppose une bonne connaissance non seulement de la doc, mais des tendances des autres. Il y a une marche à suivre : on peut partir du dilemme.

Le dilemme comme point de redépart.
ARMAND --- Quand je la vois, elle n'est jamais seule. FELIX --- Et quand elle est seule? ARMAND --- Elle ne veut pas me voir. (René Clair, Scénarios de films, p.297)
1 Dilemme.
2 Réfutation du dilemme.
3 Argument cornu (on accule l'adversaire à deux mauvaises alternatives)
4 Alliance d'arguments.
Réaction 26


Définition Dilemme, en logique: «Raisonnement qui contient une alternative dont les termes conduisent tous deux à la même conclusion». Le dilemme est usuellement négatif. L'adversaire est réduit à choisir entre deux partis aussi désavantageux pour lui l'un que l'autre. Ex.: «Inflation ou chômage».

Il peut arriver qu'on s'enferme dans de faux dilemmes, sans voir d'autres éventualités qui seraient une issue plausible. Ex.: La bourse ou la vie. «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi».

Le dilemme oblige à rejeter toutes les éventualités sauf deux, qui reviennent au même. Qu'on dise je me tairai ou je ferai un esclandre, on accepte de se confiner à deux voies sans issue, on reste enfermé dans le dilemme. La réfutation du dilemme consiste à chercher d'autres éventualités, même si l'on ne peut en découvrir immédiatement.
Nous allons, toutes ensemble, écrire au responsable pour dire que nous ne sommes pas d'accord. --- Excellente idée. Si on surestime la force d'inertie de l'autorité ou qu'on sous-estime sa propre force, rien ne bouge... La partie en italiques est ________.
1 une alternative
2 un dilemme
3 une hypothèse
4 un distinguo
1. Vous parlez du scientisme. 2. Vous montrez qu'il est une croyance, à sa façon. 3. Et que cela ne fait qu'aggraver la difficulté d'une conciliation avec les autres croyances. 4. Celles-ci bénéficient d'un regain de faveur à cause de la nécessité de se défendre contre les excès de la rationalisation. 5. Peuvent-elles aller jusqu'à remettre les sciences en question? 6. Les sciences auront-elles toujours le dernier mot? Où commence la problématique? Où débute l'impasse et la recherche d'une issue?
1 1 et 2
2 2 et 3
3 3 et 5
4 2 et 5
Dans laquelle des phrases suivantes a-t-on une alternative au sens strict? a/ Il n'est venu que trois ou quatre clients. b/ Le poste serait occupé par M. Zénon ou M. Hurtebise. c/ Du rouge? Du blanc? Du rosé? d/ De l'acajou, de l'ébène, etc.
1 bc
2 bd
3 b
4 (Autre chose)
Dans laquelle des phrases suivantes trouve-t-on une alternative au sens strict du mot en français? a/ Sa situation est inextricable. Il lui faut absolument une alternative. b/ Il ne me reste qu'une alternative: considérer comme absurde ou bien ce qu'il dit, ou bien ce que je fais. c/ La hausse du salaire minimum va contraindre la petite entreprise à licencier du personnel, à réduire les heures nominales de travail ou à augmenter la productivité. A laquelle de ces alternatives va se rallier la majorité? d/ Comme leader, je verrais Oumar, ou Seydou. Ou Victor? Pas d'autre alternative.
1 b
2 bd
3 abd
4 abcd
Réaction 27


En appliquant à vos fiches ce nouvel ensemble de concepts, vous découvrez des dilemmes et vous inventez des alternatives... Mais cela vous rapproche-t-il de votre sujet, cela vous procure-t-il votre problématique?
Réaction 28


En partant de dilemmes attestés dans votre documentation, vous vous placez devant des alternatives. Même si les deux options n'ont aucune issue, ce sont des espaces de liberté pour vous. L'essentiel, à ce stade-ci, est de parvenir à prendre ses distances personnellement. Il faut sortir du camp retranché auquel on appartient ou auquel on tient vraiment à appartenir. Pour cela, s'imaginer dans la peau de l'adversaire, deviner ses points faibles, ses excuses, ses illusions... Donner une chance aux ennemis, c'est utile, non pour eux (ils ne le sauront même pas) ni pour "nous" (inutile de publier tout de suite sa défection) mais pour soi, pour devenir libre, et revenir sans préjugé et sans attaches sur un point qui n'a pas été traité encore comme il le devrait. Telle est l'attitude qui convient pour aborder la recherche de ses propres visées, et de son sujet (au sens strict du mot).

Il faut s'être désolidarisé des groupes antagonistes quels qu'ils soient, pour découvrir qu'on a aussi, soi-même, des préférences personnelles. Que feriez-vous si vous étiez à la place de votre ennemi? Pas si vous étiez lui! Mais si vous étiez seul, et libre. Le dire... et se demander aussitôt les raisons qu'on pourrait avoir. Voilà ce qui devenir votre thèse. Un peu tôt encore pour en faire votre sujet mais la position est-elle défendable? Avant de s'y fixer, on l'adopte à titre d'hypothèse. Cela facilite les changements qui devront sans doute y être apportés. La thèse à venir est d'abord retenue comme hypothèse. Où trouver, comment découvrir celle-ci?

L'hypothèse de travail.
Vous relisez un ouvrage d'histoire du Québec pour la énième fois et quand arrive le moment d'écrire quelque chose là-dessus, vous ne savez pas quoi dire. Pourtant vous avez en main quantité d'informations intéressantes. Qu'est-ce qui vous manque?
1 Une conclusion.
2 Une hypothèse de travail.
3 Une connaissance approfondie du sujet.
4 De l'imagination.
Réaction 29


Inutile de forger des hypothèses si l'on n'en est pas là, c'est-à-dire si l'on n'a pas d'abord composé un fichier suffisant, et analysé ses fiches, et classé celles-ci... Brûler les étapes laisse des vides infranchissables. Les documents vont se placer tout naturellement dans la ligne de l'hypothèse, et permettre d'inventer ce qui manquera à l'édifice en construction.

L'hypothèse est une idée directrice qui oriente l'ensemble d'une recherche. Elle naît habituellement à la suite de plusieurs contacts avec l'objet (observation). Elle prend corps lorsqu'on envisage ce qui se produirait si l'on introduisait des changements dans les circonstances (expérimentation, simulation des approches par d'autres).

Tout cela est bel et bon dans les sciences, mais dans les lettres? Y a-t-il des hypothèses en critique littéraire? En voici peut-être une.
Le simple fait de désigner un type d'écriture comme «écriture féminine» pose un problème. Parle-t-on d'écriture masculine, si ce n'est par opposition? Dans un article sur l'oeuvre de Clarice Lispector, le paragraphe qu'on vient de lire trouverait-il place?
1 Non, mais il se placerait dans une des étapes préliminaires à la rédaction.
2 Il pourrait figurer dans l'introduction.
3 Il entre dans le noeud car il fonde une argumentation sur la spécificité de l'écriture de Lispector.
4 C'est un élargissement, qui conviendrait dans la conclusion de l'article.
Réaction 30


Même le regard porté sur l'oeuvre picturale suscite des interrogations, qui n'ont rien à voir avec ce qui est représenté, ni avec la manière de dessiner, et qui n'en paraissent pas moins naturelles.
Ces peintres animaliers d'autrefois au dessin égal, non contrarié, calmes à la tâche, admirables ______ n'avaient donc pas d'ennuis, de contrariétés, en ce temps-là?
1 ,
2 , ils
3 . Ils
4 ... Ils
Réaction 31


Replacer l'auteur du texte de ses fiches dans son milieu, le comparer à nous... S'informer tant soit peu à son sujet... Se mettre à sa place... Qu'aurions-nous rédigé? Avec quelles connotations? Indices anodins aux yeux de ses admirateurs mais décisifs pour ses égaux. Oser se placer dans le circuit des échanges et trouver quoi dire pour s'insérer dans les idées en marche (pour les relancer)!

La problématique peut donc être trouvée moins dans l'énoncé que dans l'énonciation. Elle est situationnelle, sociétale et intersubjective. Qui veut voir sa problématique déboucher sur des solutions éventuelles partira des problèmes, c'est-à-dire des antagonismes irréductibles, du dilemme, de l'impasse... pour en chercher les causes (pas toujours avouées), les possibilités d'y remédier, les moyens à envisager. Même l'absurde est parfois rentable. Les hypothèses, ici, ne sont plus des occasions de discourir adroitement : ce sont des tentatives de modifier les situations en ébranlant, s'il le faut, l'opinion publique, dans son inertie.

Certaines formulations favorisent la rédaction d'hypothèses.

Opérateurs de la problématique.

On sait que les opérateurs sont des mots grammaticaux ou des syntagmes dont le rôle est énonciatif : ils définissent le rôle de l'acte de parole auquel ils sont attachés (d'ailleurs, en revanche, etc.)
________ la société soit pourrie. Pensez-vous qu'il n'y ait aucune autre issue que de faire la révolution?
1 Supposons que
2 Admettons que
3 Imaginons que
4 (Autre chose)
Réaction 32


Supposons introduit une hypothèse. Admettons y joint une idée de concession (l'opposant soutient déjà la vérité de celle-ci). Imaginons y joint une idée d'invraisemblance (l'opposant est à mille lieues de soutenir la vérité de l'hypothèse, il ne l'envisage même pas).

Mais puisque nous en sommes à la découverte d'hypothèses qui pourront devenir la thèse de notre travail, c'est-à-dire un «sujet», demandons-nous à quoi se reconnaît un bon sujet.

Choix d'un sujet.

Une anecdote : un des professeurs de notre département, ne sachant pas encore sur quoi il ferait son mémoire de maîtrise, avait inscrit Le Sujet comme sujet... Ensuite, par défi, il avait défendu un dilemme (sujet écrivant, objet écrit) si habilement que cela devint, en effet, tout un mémoire, et qui fut reçu avec des louanges.

Il est tout de même curieux que la langue appelle sujet ce qui fait l'objet du texte quoique le vrai sujet en soit l'auteur... Étymologiquement, sub jectus, c'est « jeté sous» d'où le sens tout d'abord de matière (venant donner du corps à la forme) puis de personne (sans doute parce que l'acte de créer se rapporte à un être qui peut dire je. De ces deux sens viennent les deux sujets du textes, qui se confondent à juste titre, si l'on peut dire! Car avant d'avoir une problématique à développer (sujet-matière), on découvre des positions occupées par des personnes dans le domaine (des sujets-personnes), sur lesquelles construire solidement tout le reste.

C'est donc dans le «je ne sais quoi» de personnel que se cache la qualité du bon sujet?
Des sujets suivants, lequel convient le mieux pour un court essai de type journalisme étudiant?
1 Beaucoup d'étudiants ne lisent pas.
2 Quelle est l'importance des études littéraires?
3 Oeuvres prépondérantes en littérature québécoise.
4 Histoire et littérature.
Vous avez réuni de la documentation sur l'Inquisition. Quatre points s'y révèlent disputés par des antagonistes. Lequel vous semble se prêter à la meilleure problématique?
1 La date de naissance de l'Inquisition: 1184, 1229 ou 1231?
2 Les partis pris des historiens. Guiraud est pro-catholique; Lea, anti.
3 La violence, physique et morale. Peut-on lui trouver une justification dans l'esprit ou les moeurs de l'époque?
4 L'Inquisition pose la question de l'origine des valeurs. Au nom de quoi approuver ou condamner?
Réaction 33


Avant de prendre position, il faut connaître les points de vue défendus par d'autres. Leurs divergences délimitent des zones d'incertitude. C'est là qu'il reste des choses à explorer avec ses lecteurs. Une problématique n'est pas une question qui peut se poser mais un ensemble de questions ayant donné lieu à des affrontements, un terrain disputé par des valeurs actuelles.

À partir de cette insertion du sujet écrivant dans les idéologies ambiantes, à partir de ces remises en question qui peuvent susciter des affrontements, les développements sont si vastes qu'ils peuvent occuper une vie. Nous allons voir dans les chapitres suivants comment développer une argumentation, comment bâtir une dissertation, comment réfuter habilement; comment transformer les affrontements en conviction insensible du public visé...

Sous quelle forme pourriez-vous dès à présent manifester le genre de sujet que vous envisageriez (en guise d'application)?
Réaction 34


La plus fruste. La plus neutre. Et comme il s'agit d'affronter l'opinion, ne nous contentons plus d'être ce particulier qui peaufine l'expression de ses opinions personnelles. Tentons carrément de faire la manchette dans les nouvelles du jour. Pour cela, imaginons (dans le cadre de notre domaine, même s'il est historique) un événement actuel, et prenons la parole au nom d'une institution! Voilà comment l'application de ce chapitre favorisera notre engagement sociétal! Elle portera sur un genre littéraire qui a pris de nos jours une importance grandissante : le communiqué de presse.

Il est rédigé par une (ou un) relationniste (ou chargé des communications).

Les tâches de la relationniste.

Les sociétés, les services publics, les maisons d'enseignement engagent des spécialistes de la communication interne et externe, des relationnistes. Ils sont chargés des contacts, notamment de communiquer aux médias toute nouvelle susceptible de défendre l'institution, ou de dorer l'image qu'elle veut avoir.

À quels publics fait face un service des relations publiques?
Réaction 35


Il y en a quatre (pour tout dire, car vous pourriez devenir relationniste) et à chaque auditoire correspond un type de texte à produire.

Pour le grand public, des communiqués (annonce de remaniements, nomination, investissements, mise-au-point en cas de crise divulguée, nouveau produit, nouveau programme, nouvelles dispositions,) ou des publi-reportages (mêmes sujets, cette fois avec développement argumentatif). Pour le public plus restreint des clients, des renseignements utiles: bulletin de nouvelles, fascicule ou dépliant de présentation, directives d'accès aux services. Pour le public interne, le personnel, les employés, des notes de service. Pour le public enfin des dirigeants et décideurs, des dossiers, présentant l'état des questions soulevées à leurs réunions (documentation technique et arguments concernant l'importance de certains points).

C'est donc un poste destiné à prendre une importance grandissante. Le ou la relationniste est habilité à répondre aux différents types d'appels téléphoniques, de lettres ou de messages internet, sachant découvrir le genre de personne qui parle, pouvant offrir des renseignements. Il est habile aussi pour rencontrer les journalistes, faire bifurquer leurs insinuations (ou refuser de répondre à certaines questions). Il peut enfin envoyer un cahier des charges pour obtenir des soumissions de devis, etc.

Ces types de textes, d'une façon générale, sont surtout factuels. Ils mentionnent aussi explicitement le cadre dans lequel ils ont un rôle très justifié. Enfin, ils se terminent par le nom de leur auteur et son numéro de téléphone ou toute adresse utile car ils sont destinés à susciter non des réactions critiques ou esthétiques mais des actions (prendre des décisions éclairées, venir à des réjouissances, suivre des procédures prévues, ou seulement mais constamment participer à la vie de l'entreprise, et attirer l'attention).

En quoi le métier de relationniste a-t-il quelque chose à voir avec une recherche de votre sujet?
Réaction 36


La problématique transporte l'énoncé au niveau de l'énonciation, elle concerne les intervenants. Or une (ou un) relationniste a justement pour tâche de faire circuler l'information entre les intervenants. Une des manières de découvrir son sujet sera de se heurter à quelque difficulté comme celles qui arrêtent les relationnistes.

Feignons que vous soyez devenu relationniste. À quelle institution? Cela dépend de votre problématique. Prenez vos antagonistes et montrez où il y a dilemme. Quelles sont les causes de l'impasse? Pourquoi les parties opposées ne peuvent-elles en venir à un accord?
Réaction 37


Chacune d'elle rejette la faute sur l'autre et sans doute y a-t-il moyen, quelle que soit votre position personnelle, d'entrer dans leurs vues (toujours sur le mode du jeu de rôle), tout en découvrant les préjugés réciproques. Mais comment démonter ces préventions? Que devrait-on découvrir aux factions pour qu'elles reconnaissent qu'il y aurait une solution du côté de certaines concessions? Comment inventer des propositions, et les formuler? Comment rendre évidentes, publiques, de nouvelles perspectives?
Réaction 38


Voilà précisément le moment où certaines institutions pourraient (toujours dans votre imagination) intervenir efficacement. Alors, c'est une de ces institutions-là dont vous devenez (pour les besoins du présent exercice d'application) le ou la relationniste. Voici les étapes à franchir.

La première chose à faire, après avoir entrevu la forme engagée, active que pourrait prendre ici votre élaboration de l'«oeuvre», est de définir l'institution : un ministère dont vous devenez l'attaché(e) de presse, un centre de recherche scientifique, une organisation para-gouvernementale, une société commerciale, un groupe culturel ou religieux, un hôpital, un syndicat, un site internet. Pour concrétiser cette étape, vous allez choisir un nom, pour cette institution, et une adresse; lui fabriquer un en-tête pour son papier à lettre (car un communiqué s'envoie sur du papier à en-tête de la personne juridique dont il émane).

Le communiqué.

Le premier alinéa d'un communiqué en contient déjà tout l'essentiel. Mais savez-vous quel est le contenu essentiel d'un communiqué? Le fait pur et simple? Remplacement d'un dirigeant, avertissement de grève imminente, lancement d'un nouveau produit, changement de main de la majorité des actions?
Réaction 39


De l'information mais qui doit avoir quelque chose de nouveau. D'ailleurs, le premier alinéa du texte d'un communiqué porte précisément sur la nouvelle et il doit, de plus, la présenter sous un angle qui retienne l'attention donc qui reflète le point de vue des destinataires (le grand public qui est peut-être aussi un des antagonistes). Or le titre mentionnera cet aspect "intéressant". Exemple.

Dans un domaine comme le commerce, votre protagoniste souligne l'effet désastreux de la concentration des ressources financières, qui brise le développement économique communautaire, sans compter que les vols avec effraction sont en augmentation. Il y a comme dilemme celui de nombreux pays "en voie de développement", sans parler des autres : un clivage dans le tissu social; la pauvreté qui côtoie l'excès de richesse. Antagonistes : les piliers du régime d'une part; en face d'eux des économistes soucieux d'égaliser davantage les revenus, ce qui relancerait l'économie, certes, mais on leur rétorque que cela donnerait trop de responsabilités à l'État, et qu'on a vu en URSS les effets totalitaires d'un idéal socialiste qui prétendait aller jusqu'à l'idéal communiste. Le dilemme peut alors s'énoncer comme suit : le libéralisme fait confiance aux particuliers mais leur liberté accroît la distance entre les classes; on ne peut se tourner vers le pouvoir, ne fût-ce qu'à cause de l'inertie voire des abus de pouvoir des fonctionnaires. Vous analysez les causes de l'impasse et imaginez un pouvoir plus démocratisé, qui favorise les initiatives locales. Voilà une troisième voie : votre hypothèse! Peut-on monter là-dessus un communiqué?
Réaction 40


Il faut partir d'une hypothèse, d'une alternative, et l'introduire sur la place publique en lui donnant la largeur d'une force économique, politique ou sociale. Inventer d'abord une situation. Dans le domaine de l'économie... Fabulons dans le vraisemblable.

Les mini-sociétés sont vulnérables dans leurs caisses journalières mais une société étrangère qui a réussi peut produire sur place des coffres-forts bon marché, qui réduiront d'autant l'emprise des grandes banques tout en remédiant aux dangers du vol. Vous devenez le relationniste d'une telle société.

Que peut-elle annoncer comme nouvelle dans un communiqué, votre société de fabrication de coffre-forts pour toutes les bourses?
Réaction 41


Ses investissements. Le premier alinéa du communiqué pourra se lire comme suit.
Le Centre-Sud de Montréal vient de s'enrichir d'une entreprise d'envergure internationale qui créera une cinquantaine d'emplois dans un quartier que la Ville cherche à revitaliser depuis plusieurs années. En effet, les SERRURES JUSTINIEN, firme suisse mondialement connue, vient d'y établir sa première usine de serrures pour coffres-forts en Amérique du Nord. (Le 2e alinéa indiquera le montant des investissements, la cadence prévue de production, les avantages de l'emplacement choisi et le 3e fera un bref bilan des réalisations antérieures de la firme.)


Peut-on maintenant passer à la rédaction d'un titre? Quel serait l'aspect du communiqué à privilégier?
Réaction 42


Le point favorable initial est la création d'emploi, qui ne peut que satisfaire le lecteur. C'est donc aussi sur ce point que doit porter le titre principal. CINQUANTE EMPLOIS DANS LE CENTRE-SUD (Le texte de cet exemple est tiré du cours Rédaction et Communication publique, de Jean Dumas, p.4.34) Sur la rédaction des titres voir aussi plus loin, la titraille, dans le chapitre : Choix d'un genre, procédés généraux.

Il ne reste plus qu'à convoquer une conférence de presse, ou à confier votre communiqué à une agence, qui l'enverra dans chaque journal, au chef de pupitre, au chef des nouvelles ou à un chroniqueur spécialisé.

Résumons les objectifs et les contenus des communiqués?
Réaction 43


Pour la rédaction et le choix des contenus, se souvenir des objectifs du communiqué : faire connaître votre entreprise, sensibiliser l'opinion, expliquer une situation, annoncer un événement, une activité, une nomination, des investissements, des mises en chantier, une augmentation ou une diminution de tarif, l'état des négociations syndicales, convoquer les journalistes à une conférence de presse, leur offrir un support d'information, un compte-rendu de réunion du bureau de direction, un résumé d'allocution prononcée par une personnalité. Il y a des communiqués de presse d'invitation ou convocation, de statistiques, d'information, de déclaration, de provocation ou de mise au point (réaction à une déclaration ou à des informations venues d'ailleurs).

Le genre pratique "communiqué" est étroit. Il exclut beaucoup de choses. Que voyez-vous à éviter dans le texte même du communiqué?
Réaction 44


Le communiqué ne présente pas les opinions du relationniste. Les jugements de valeur y prennent la forme de purs faits (mais placés dans un ordre prémédité) ou de citations des personnes en autorité. Il doit contenir un élément d'actualité, quelque chose qui a un caractère de nouveauté. Que faut-il avoir (ou inventer) comme nouvelle pour obtenir un retentissement suffisant?
Vous êtes fonctionnaire de la Régie de l'assurance-santé. Vous devez rédiger un communiqué concernant les dangers de la vitamine A. Laquelle des phrases suivantes constitue le meilleur début?
1 Les consommateurs de vitamines ne doivent pas rester dans l'ignorance.
2 On n'a jamais assisté à autant de débats concernant les régimes alimentaires que depuis 1980.
3 Choisir ses compléments vitaminiques est un dilemme: on ne sait quels critères adopter.
4 75% des foyers américains consomment régulièrement des vitamines.
Réaction 45


L'événement du communiqué doit prendre place dans la temporalité des lecteurs. Il faut donc trouver le moyen de conférer à l'idée qu'on veut défendre un intérêt public (une importance politique ou institutionnelle, une actualité voire une urgence, une dimension concrète voire une action proposée à la population).
AVèNEMENT DE QUINZE NOUVELLES FORMES MUSICALES EN UN SEUL SIèCLE Sous ce titre, on explique ensuite que le XVIIIe siècle a créé l'opéra, la cantate, l'oratorio, l'ouverture, la sonate, la variation, la fantaisie, la fugue, etc. Que manque-t-il pour avoir un bon communiqué de presse?
1 Un contenu qui ait de l'actualité.
2 Une référence institutionnelle.
3 Une utilité immédiate pour une catégorie déterminée de public.
4 (1, 2 et 3)
«Le pop art eut une influence déterminante sur l'art moderne. Une salle lui sera exclusivement consacrée. Elle ouvrira dans un mois. Notons que le billet d'entrée a été fixé à cinq dollars.» Quels sont les aspects de ce texte qui cadrent le moins avec le genre d'écrit auquel il est censé appartenir: le communiqué de presse?
1 Le temps des verbes.
2 La mention du prix du billet.
3 Une cheville lourde comme Notons que...
4 Le moment choisi pour la distribuer.
Un psychiatre veut dénoncer les effets des châtiments corporels sur les enfants. Peut-il écrire un communiqué?
1 Non. Mais il peut documenter la question dans un livre, dont la publication fera l'objet d'un communiqué de la maison d'édition.
2 Non. Mais il peut chercher si la loi autorise les châtiments corporels et faire intervenir son député au parlement en vue de modifier la loi.
3 Non. Mais il peut fonder une association pour la défense des droits des enfants et cette association peut annoncer une activité de soutien (marche, concert, ateliers, concours...)
4 (N'importe)
Quel sera le meilleur titre pour un communiqué de presse? ________ maladies psychiques ______.
1 Nombreuses ..... chez les réfugiés durant la guerre.
2 Les réfugiés de guerre, souvent sujets à des .....
3 Souvent, les réfugiés de guerre souffraient de .....
4 Les trois quarts des réfugiés de guerre ont souffert de .....
Réaction 46


Application 1. Fiches de visée.

Le contenu est celui d'une fiche doc mais on y a décelé une prise de position implicite, qui sera signalée et explicitée (entre crochets).

La vedette générale est SUJET (Toute visée entraîne au moins un argument et une preuve et peut donc se trouver développée en sujet).

La vedette particulière (en haut à droite) est l'un des opérateurs de visée (supposons, imaginons admettons) selon la qualité que l'on donne à la visée.

Il est recommandé d'accumuler plusieurs de ces fiches pour disposer d'une panoplie quand on ira à la recherche de son sujet personnel.

Application 2. Le communiqué de presse.

Cette application décrit avec l'aide d'un exemple ce qui a été exposé ci-dessus (le communiqué).Papier à en-tête de la Cie. Ex. CP Rail

Sur-titre générique: COMMUNIQUÉ.

Le lieu. La date (pas celle du jour mais celle de la publication souhaitée).

Montréal. Publiable 30 mars, 22h15. (Ou: Pour publication immédiate.)

Titre: la nouvelle, par son contenu, le plus directement, en deux mots (possibilité de commentaire argumentatif préalable). Ex.

Un nombre accru de municipalités desservies

CP rail propose un réseau de trains de banlieue.

Le développement (½ à 2 p.) peut contenir : les circonstances, l'importance, les jugements portés (citations), les réactions officielles

Donc: pas d'exposé articulé d'une idée, ni de récit historique circonstancié. Des faits (qui sont des preuves, bien sûr, mais on ne dit pas de quoi. Ex. La région de Montréal jouit d'un réseau de 365 km de voies ferrées disponibles pour les trains de banlieue, dont seulement 92km sont utilisés. (Le récit utile peut prendre la forme d'une information complémentaire. «CPrail est un consortium issu de ... en 19..»)

Pas de problématique, ni d'hypothèses, mais des solutions éventuelles. Ex. «Les dessertes seraient gérées par une nouvelle société ferroviaire filiale à part entière de CP Rail.»

Pas de réflexion personnelle (qui parle? Le journaliste mais pas en son nom personnel, seulement en pur témoin transmettant ce qu'on lui a dit de dire.) Pas de «Radio-Canada vient de nous aviser que...» mais la suite seulement, directement.

Pas de question posée à l'auditeur («Pourquoi s'étonner que...»).

Aucun développement.

Pas d'argumentation.

Pas de publicité visible.

Pas de jugement de valeur («Surprenante réaction que celle de ...») mais des réponses aux objections implicites. Toutes les valorisations sont là mais leur démonstration et leur poids restent entièrement implicites. Ex. «La création de ce nouveau service de trains de banlieue aiderait à maintenir des emplois ferroviaires et contribuerait à la relance de l'économie de la région.» Pas de publicité (sauf indirectement).

Pas d'exhortation (à qui parle-t-on? Le public, mans sans s'adresser à lui directement, pas plus de vous que de je. «Transparence». Pas de question posée à l'auditeur («Pourquoi s'étonner que...»), sauf si c'est pour l'inviter à agir.

Pas non plus de généralités ou de principes: de l'actualité, de la nouvelle.

Numéroter les pages ou écrire: (à suivre) à la fin d'une page qui n'est pas la dernière. Le nombre -30-, en fin de document, est un code de fin de texte.

Au bas de la feuille, sous le traditionnel - 30 - centré, les signatures sous la forme suivante. Source: Louis Yubl, directeur du marketing. (La personne de qui vous tenez le contenu du communiqué). Renseignements: Louisa Funès , 514 272-7337 Lfun@corrid.com Ainsi le lecteur pourra-t-il s'ajuster en lui parlant, si nécessaire, avant d'agir...

APPLICATION 3. Fiches synthèse de problématique.

Réunir les fiches doc qui offrent des jugements de valeur, même implicites. Trouver la visée de ces jugements (la position idéologique du groupe). Nommer «groupe A» les tenants de la position la plus visible et faire une fiche synthèse pour chaque groupe (A, B, C...) Sur cette fiche, placer une référence aux fiches doc où se trouvent les arguments du groupe et développer ceux-ci. Expliciter la visée. Exemple.

Voici tout d'abord une fiche qui offre un jugement de valeur assez ardu à faire apparaître.
«Depuis 16 ans, le nombre d'enfants qui présentent des troubles de comportement en classe est passé de 0,78% à 2,5%. Ces chiffres inquiètent d'autant plus que des mesures administratives, pédagogiques et financières ont été adoptées.


Voyons comment établir des positions. Les intervenants sont les enseignants, la direction de l'école, le ministère de l'Éducation et, bien entendu, les parents. Aucun d'eux n'est mis en cause dans l'article. On dirait qu'il n'y a tout simplement aucun jugement de valeur et que le journaliste a pris comme règle une objectivité qui confine au désengagement.

En milieu ouvert, sera soigneusement effacée une thèse qui déplairait, fût-ce à quelques-uns. Un spécialiste peut déclarer son point de vue dans un article de fonds ou un particulier dans une «libre opinion», au courrier des lecteurs... Le journaliste ne peut le faire que s'il a l'aveu du rédacteur en chef.

Il doit dire, par exemple : «Malgré tous les efforts, les pourparlers sont rompus.» Les efforts de qui? De tous, apparemment! Personne ne porte la moindre responsabilité?

Dans le cas des écoles primaires aussi, les bienséances ne sont observées qu'en apparence. Il y a du non-dit... Mais il faut de la logique et une certaine expérience pour le repérer. On mentionne des mesures «administratives, pédagogiques et financières». Cela ne vise que trois des groupes d'intervenants sur quatre. Le dernier, ce sont les parents... On ne prend pas la peine de mentionner qu'ils ont créé des associations de lutte contre l'incitation au crime que peuvent constituer certaines programmes de télévision aux heures d'écoute juvéniles...

Une fois l'indice d'une visée mis à jour, le reste coule de source. On fait une fiche position A présentant le groupe «parents d'élèves». Ont-ils une visée? On les accuse (implicitement) d'être moins bons éducateurs que ceux de la génération précédente. Il faudra se documenter pour voir comment ils se défendent. Une position B sera peut-être dans des fiches doc émanant de plaintes des syndicats d'enseignants contre les coupures budgétaires. Des arguments comme la surcharge des horaires ou du nombre des élèves par classe vont pouvoir meubler les fiches.

Réaction 47


Les données préalables à un plan de dissertation sont en train de prendre leur place.

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