.

CONSTRUCTION DU VERBE

De l'actualisation à la «construction» il n'y a qu'un pas. On a vu plus haut que, dans le syntagme verbal, l'actualisation requiert plus d'un morphème. Comparer : le téléphone à il me le téléphone. Pourquoi le groupe du verbe admet-il un plus grand nombre d'actualisateurs que celui du nom?

Le verbe, mot lexical, a un contenu, conceptuel ou imaginé, qui se présente environné de morphèmes de façon à pouvoir être un acte de parole, par lequel on communique. Souvent, pour cela, un seul point de contact avec l'environnement ne suffit pas. Il faut donc plus d'un actualisateur. Chacun recevra son rôle. Il peut y en avoir deux, trois, plus difficilement quatre. Je te l'y ferai admettre, moi, ton fils, à l'École des Beaux-Arts! Si le noyau du groupe était un nom, cela donnerait : Elle se fera, cette admission, celle de ton fils, par mes soins, à l'École des Beaux-Arts. Quelle différence voyez-vous entre ces deux manières d'actualiser, celle du verbe et celle du nom?

Du point de vue de l'énonciation, il y a quatre points de référence dans les deux formulations (lui, toi, moi et l'École) mais c'est seulement avec un verbe qu'il est possible de les mettre tous dans un seul groupe (je te l'y). Avec un noyau nominal, il n'y a place que pour un actualisateur. On est obligé de les développer, de faire de chacun des autres tout un groupe.

Mais qu'est-ce qui les distingue les uns des autres? Le point de contact visé dans l'environnement? Et grammaticalement?

La multiplicité des actualisateurs du verbe oblige à les comparer pour les distinguer et l'on découvre alors leurs fonctions (sujet, objets, compléments). Du coup, ce ne sont plus seulement des actualisateurs. Ils ont chacun leur rôle à jouer (sur la scène du texte). Ce sont, à leur manière, des acteurs. Aussi reçoivent-ils le nom d'actants. La façon dont ils sont disposés est l'actanciation.

Les actants.

Chaque verbe a ses particularités de ce point de vue, il admet ou non un objet direct ou indirect, etc. C'est sa construction. Comparer : Il te séduit par la perspective d'une vie meilleure. Tu gobes ses histoires de vie meilleure. Une vie meilleure miroite devant tes yeux quand il te parle. Ces trois verbes, séduire, gober, miroiter, ont les mêmes référents (toi, lui, une vie meilleure) mais ceux-ci ont-ils les mêmes fonctions par rapport à ces verbes?

Les trois référents mentionnés sont respectivement sujets d'un des verbes, tandis qu'avec les autres, il est objet ou complément. Donner des actants à un verbe, c'est le «construire». Chaque verbe a une façon qui lui est propre, et que l'usage établit, de recevoir des actants. Bien construire un verbe, c'est lui donner les actants qu'il attend. Un sujet, d'abord. Le sujet est le premier actant. Il est, en français, incontournable. Ensuite un objet direct. Second actant. Utile parfois mais moins indispensable que le sujet. Le verbe dépourvu d'objet direct est dit intransitif : l'action ne transite pas du sujet vers un objet. Comparer dire à parler. Avec le verbe parler, il n'y a pas d'autre actant que le sujet. Avec dire, il faut un objet direct. On dit qqch.

Trouvez d'autres exemples de verbes transitifs ou intransitifs.

Quitter (qqn) : transitif; partir : intransitif. Voyager : intransitif; transporter (qqch.) : transitif.

Transitif ou intransitif?

Dans les actanciations, il importe de bien distinguer trois types. Il y a des verbes analogues à être, auxquels se rattache un qualificatif (être, devenir, paraître; nous devenons impatients) ; les verbes intransitifs (naître, éternuer, voyager) qui ne peuvent se mettre à la voix passive, ni à la voix réfléchie, ni à la voix pronominale (sauf quelques cas : se parler, transitif indirect; se rire de, pronominal indirect) ; et les verbes transitifs, susceptibles de toutes sortes de transformations (V. plus loin).
Ducharme ________ son roman par de fausses citations.
1) commence 2) débute
3) (Au choix, mais de préférence 1) 4) (Au choix, mais de préférence 2)
Réponse commence Ou fait débuter
Mais Dans son roman, Ducharme débute par de fausses citations.
Et Le roman de Ducharme débute par de fausses citations.
Règle. Commencer, transitif ou intransitif; débuter, intransitif (ce qui débute, c'est ce qui est commencé).
Ex. Il commence sa chanson par deux couplets parlés. Elle commence. Sa chanson débute par deux couplets parlés.
Remarque. A force d'être entendu dans les émissions de variété, débuter + objet direct est considéré comme de plus en plus acceptable à un niveau familier. Il est vrai qu'il s'explique aisément comme réduction de voix causative (v.p.19). De plus, il semble d'un niveau de langue soigné.

Le verbe intransitif se contente d'un actant sujet comme le verbe d'état, mais ils peuvent et parfois doivent recevoir des compléments indirects (avec à ou de) ou prépositionnels (avec d'autres prépositions ou locutions prépositives). Ex. : déroger à, disposer de
"Å bout de forces, contre la cloison, il gémissait." Gémir est ________.
1) verbe d'état 2) intransitif 3) transitif indirect 4) transitif à double complément
Réponse intransitif
Mais Il pensait à la situation du prolétariat.
Rem. Penser a plusieurs constructions : transitive (qqn pense qqch.), intransitive (Je pense) mais aussi transitive à double complément : qqn pense qqch. de qqch. (Qu'en penses-tu?)

Règle. Les verbes qui ne peuvent être mis à la voix passive sont des verbes intransitifs.

La construction intransitive est aussi appelée construction absolue, emploi absolu (absolu: «détaché, indépendant»). Mais il faut distinguer l'absence d'actant et les actants sous-entendus.

Car tous les actants ne doivent pas être exprimés chaque fois que le verbe est utilisé. Certains peuvent rester implicites. Manger est transitif mais dans As-tu mangé? on ne s'intéresse pas à ce qui a été mangé. C'est donc un emploi intransitif. L'objet est absent. Il pourrait aussi être implicite, parce que déjà énoncé, ou présent dans le contexte.
"Cela me fit redouter... Mais vous-même? Qu'en dites-vous?"
Ici, la fonction de me pourrait être: ______ de redouter.
1) sujet 2) objet 3) agent
4) (2 ou 3 suivant que la phrase est achevée ou non)
Réponse Objet ou agent. Objet si la phrase est achevée, agent s'il y a un objet qui suit (me fit redouter que...)
Mais Cela me fit redouter (cela fit qu'on me redouta). C'est le point final qui fait la différence, ici. Avec des points de suspension, on peut imaginer une interruption.
Et Cela me fit redouter un refroidissement (à moi, c'est-à-dire par moi).
Règle. Quand l'infinitif objet de faire est transitif, il trouve son objet soit après lui, soit parmi les morphèmes de faire.
Explication. Me est objet direct ou indirect dans le groupe verbal. Or l'objet indirect (à moi) s'emploie comme forme réduite pour l'agent (par moi), surtout avec le verbe faire.

Nécessité de l'objet ou emploi «absolu»?
L'évocation est un procédé qui consiste à rappeler ______ souvenir, non en décrivant simplement, mais en faisant revivre puissamment le passé.
1) au 2) quelque chose au 3) (Selon la nuance de sens) 4) (Autre chose)
Réponse quelque chose au
Mais ... à rappeler le passé, non en le décrivant simplement, mais en le faisant revivre puissamment.
Explication. La forme étoffée est la meilleure parce qu'elle développe le point sur lequel on veut insister.
Et Rappeler, transitif, suppose un objet. Si ce dernier reste vague, on mettra au moins quelque chose, certains moments... Mais Se souvenir, intransitif.

La plupart des verbes transitifs laissent facultative la place de l'objet. Moins la présence de l'objet est dans l'usage, moins il est implicite qu'il doive y en avoir un. Ainsi la frontière entre les transitifs et les intransitifs n'est-elle pas tellement tranchée. La possibilité d'une voie passive reste un critère plus net de transitivité. Les ordres donnés peuvent être rappelés à la troupe; ils ne peuvent pas être souvenus.

Trois actants.
L'agent ______ enjoignit de poursuivre leur chemin.
1) les 2) leur 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
10 
Réponse leur
Mais Il les a sommés de s'arrêter.
Et Il les a empêchés d'aller plus loin.
Explication. Demander, conseiller, prescrire, ordonner, commander, imposer, enjoindre à qqn (construit indirectement) de + inf.
Mais Persuader, prier, sommer, soupçonner, détourner, dissuader, empêcher qqn (construit directement) de + inf.
Si vous voulez savoir ce que le maire a dit, demandez______.
1) -le 2) -lui 3) -le-lui 4) (Au choix, mais de préférence 3)
11 
Réponse Au choix, mais de préférence demandez-le-lui.
Explication. Accorder, donner, demander, rendre, promettre, permettre... qqch. à qqn.
Et Ce que vous lui demandez, il le demande pour lui-même depuis longtemps.

Bien entendu, ces 3e et 4e actants ne sont pas plus nécessaires et inéluctables que ne le sont les deux premiers. Ils le seraient plutôt moins. Ce sont parfois de simples compléments, facultatifs. Ils dépendent de l'état de la langue (les usages du moment et du lieu, donc le résultat, dans l'inconscient collectif où se situe la langue, de l'accumulation validée et calibrée des actes de communication importants culturellement, pour chaque sujet parlant). Les emplois absolus sont parfois admis, parfois moins. On peut promettre sans plus (J'ai promis!) mais non ordonner (ou bien ce verbe prendrait l'acception de "mettre en ordre"). Dissuader se construit avec trois actants (Il m'en a dissuadé). S'il ne sont pas tous là, il faut qu'il n'y en ait aucun (Il dissuade) et cet emploi absolu donne une action intemporelle.

On peut maintenant définit une construction. C'est le nombre d'actants requis autour de chaque verbe selon ses acceptions. Le choix d'un lexème verbal dépend du sens mais aussi des actants (dire / parler). Parfois, il faut changer de verbe uniquement à cause du nombre d'actants que l'on veut y attacher. Il y a un ajustement terminologique qui se base sur les actants et non sur le sens.
L'amour ______ la race ______ se perpétuer.
1) favorise, à 2) favorise, de 3) incite, de 4) (Autre chose)
12 
Rép. Autre chose: incite la race à.
Mais ... favorise la perpétuation de la race. Ou ... incite à la perpétuation de la race.
Règle Favoriser: «aider qqn à l'exclusion des autres». Si le verbe est pris au figuré, son sujet et son objet doivent être abstraits tous les deux. En revanche, être favorable à s'emploie pour les personnes ou les choses, comme
«to favour». En faveur de: «au bénéfice, au profit de» (être en faveur de : «être pour»).
Rem. Favoriser qqch. ne se construit ni avec à ni avec de. S'il faut deux compléments, on aura recours à un autre verbe ou, par exemple, à un nom désignant une action suivi d'un complément.

Voix passive et voix qualifiante.

Nous sommes calmes mais nous sommes perdus. La parenté de forme des deux verbes est évidente, bien que le premier s'analyse en verbe d'état (être), suivi de qualificatif attribut (donc une voix active mais pour la distinguer mieux, on parlera de voix qualifiante) tandis que le second s'analyse en verbe perdre mis à la voix passive.

Que penser ici de sommes? Est-ce un mot lexical ou un simple auxiliaire (mot grammatical)?
13 

Il a tout d'abord un sens plein, lexical (Être comment? Calmes). Ensuite, avec un participe passé, il ne sert qu'à indiquer une voix passive. Il est devenu un simple auxiliaire, il se délexicalise, ce n'est plus qu'une forme grammaticale permettant de conjuguer un verbe. C'est même pour cette raison-là qu'il vaut mieux répéter sommes.

Chose curieuse, si on avait d'abord le verbe conjugué (Nous sommes perdus mais calmes) la répétition serait moins nécessitée. L'analyse des groupes fournit une bonne explication à ce phénomène. Avec la délexicalisation naît une plus grande dépendance entre le participe passé et son auxiliaire, qui forment un seul groupe syntaxique. Le verbe d'état est plus facilement séparé de son attribut que l'auxiliaire parce que l'attribut peut aussi exister à l'état libre. Son arrivée sans verbe passe donc facilement. Ou bien on invoquera une nuance de sens. Dans Nous sommes calmes mais perdus, perdus ne serait pas le verbe mais la qualité correspondante.

Êtes-vous d'avis qu'il vaut mieux rapprocher la voix passive de la voix qualifiante, et considérer comme semblables les tours Nous sommes découverts dans leurs deux acceptions, l'une plus verbale : «on nous trouve» et l'autre plus qualifiante «nous n'avons plus de couverture»?
14 

Il est difficile de ne pas voir les deux comme distincts. Dans nous sommes perdus, il y a moyen de voir un état également. Le participe est la forme qualifiante du verbe. Il y a bien une certaine délexicalisation, plus sensible avec certains verbes (nous nous sommes tus est plus difficile à classer comme état). Mais de toute façon le tour est proche d'une construction simple : être + qualifiant (attribut).

Considérer à côté de la transformation passive (Tu connais bien cette chanson / Cette chanson t'est bien connue) la présence d'une voix qualifiante (Cette chanson t'est bien familière), cela conduit à rééquilibrer les voix depuis leurs formes élémentaires jusqu'à leur formes complexes. La voix active a deux actants bien établis, le sujet et l'objet. La voix passive, qui en provient, en est une transformation selon le modèle de ce qui existait, le tour être + attribut (voix qualifiante).

Cette astuce de syntaxe permet d'inverser l'importance des rôles, faisant de l'objet (rôle secondaire) un sujet (rôle principal) et du sujet un agent (est connue par ...), un objet indirect (est connue de toi) ou rien (suppression de l'ancien objet). La voix passive a l'avantage de n'avoir qu'un seul actant (elle permet de simplifier la construction) mais il y a tout de même deux parties verbales (sa forme est composée).

Il faut conserver la distinction entre voix passive et voix qualifiante, toutefois, car dans la voix qualifiante, la partie lexicale est une pure qualité, pas une action, même passive. Dans il est distrait, par exemple, les deux sont là selon le sens mais justement le sens est tout différent. Il est distrait mais sympa : voix qualifiante. Il est distrait par sa voisine : voix passive. Cette fois, il y a une action; il la subit mais ce n'est pas une qualité. Le participe passé n'est donc pas à confondre avec l'adjectif verbal (le qualificatif tiré de la même racine que le verbe ne se confond pas avec la forme qualifiante du verbe par laquelle le sujet participe à l'action en tant que qualité qui lui est attribuée. Dans Ils sont étourdis, voyez-vous un verbe d'état avec qualifiant (une voix qualifiante) ou un verbe transitif à la voix passive (sans son sujet)?
15 

Les deux sont possibles. Ou bien ce sont des étourdis, ou bien ils sont étourdis (par la fatigue). On distingue avec raison de la voix passive, qui demande un verbe transitif, une voix qualifiante, qui demande un verbe d'état et un qualificatif.

Voix qualifiante et voix intransitive.

Si l'on distingue dans la voix active, une voix qualifiante, pour les verbes analogues à être (verbes d'état, construits avec un qualifiant et non avec un objet direct, et donc soustraits à la transformation passive) il conviendrait sans doute aussi de prendre en considération d'autres constructions dans lesquelles une voix dite active ne l'est pas au sens restreint de "dotée de sujet et objet, ce qui permet une transformation passive". Que penser des verbes purement intransitifs (je dors)? Ne sont-ils pas plus simples (en deux parties au lieu de trois) que ceux qui viennent d'être examinés?
16 

Avec un seul actant et deux lexèmes seulement, c'est une construction plus simple que la voix active transitive ou la voix qualifiante. On la range dans les voix actives si l'on ne tient pas compte de sa syntaxe. Les voix sont toujours présentées du point de vue morphologique.
Sur le conseil d'un ami, il ________ définitivement pour l'Europe.
1) partira 2) quittera 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
17 
Rép. partira Mais Il quittera l'Amérique pour l'Europe.
Règle Quitter qqn, une localité, un endroit (transitif). Partir, intransitif.
Le commis a été attaqué au moment où il allait ________ à la banque.
1) déposer 2) effectuer un dépôt 3) (De préférence 1) 4) (De préférence 2)
18 
Rép. effectuer un dépôt Mais déposer de l'argent
Et Le témoin refusa de déposer contre l'accusé ("faire une déclaration comme témoin devant un juge, une déposition"). Ou Le shah d'Iran a été déposé (destitué) par une révolution populaire.
Rem. Certains verbes font plus facilement que d'autres l'ellipse de leur complément: manger, acheter, finir...
Mais Quand l'objet n'est pas précisé, il est souvent préférable d'étoffer en remplaçant par la locution verbale correspondante (reprocher: faire des reproches; débuter: être à ses débuts).
Ou S'il n'y a pas d'objet direct, le verbe transitif est remplacé par une locution ou une périphrase. Cf. ambitionner (qqch.): avoir de l'ambition; craindre (qqch.): avoir peur...

L'excessive simplicité des intransitifs, ou le besoin d'un objet apparent pour mieux concentrer l'attention sur l'action, a donné naissance à de nombreuses locutions verbales.
Avez-vous ________ en ce qui concerne les deux offres?
1) fait un choix 2) choisi une option 3) opté 4) fait une option
19 
Rép. fait un choix Ou choisi
Mais ... opté entre les deux offres?
Et Avez-vous pris une option sur l'offre la plus basse? ("obtenu que le vendeur s'engage, pour sa part, sans contrepartie")? Ou Avez-vous choisi vos cours à option (facultatifs)?
Rem. Certains verbes font plus facilement que d'autres l'ellipse de leur complément: manger, acheter, finir...
Mais Quand l'objet n'est pas précisé, il est souvent préférable d'étoffer en remplaçant par la locution verbale correspondante (reprocher: faire des reproches; débuter: être à ses débuts).
Ou S'il n'y a pas d'objet direct, le verbe transitif est remplacé par une locution ou une périphrase. Cf. ambitionner (qqch.): avoir de l'ambition; craindre (qqch.): avoir peur...
Rem. Opter pour qqch. ou entre deux choses: "prendre parti".
Expl. Le choix 2 est un pléonasme; le 4 est peu usité.

Le verbe intransitif (je dors) ou le transitif sans objet (tu vois, il sait) n'ont qu'un seul actant. Cela ne veut pas dire qu'ils ne pourraient en avoir davantage.
Je reste (sans autre actant, mais on peut en ajouter ; j'y suis, j'y reste).
Tu penses (un seul actant, mais on peut en ajouter : tu penses à tout)
Il sait (il y a un objet implicite). Il est au courant.

Qu'est-ce qu'une voix?

Si des réductions permettent de simplifier, on verra plus loin qu'inversement les auxiliaires et des semi-auxiliaires permettent de complexifier l'actanciation. Pour mieux classer les voix disponibles, ne faudrait-il pas partir d'un degré zéro, d'un terme neutre du système des voix? Les voix formeront-elles un ensemble structuré? Et si oui, une d'elles parviendra-t-elle à être assez générale pour ne rejeter aucune des autres?
20 

Une voix plus simple que la voix active transitive et que sa transformation passive est la voix qualifiante. Elle n'a qu'un actant sujet. Ses formes sont donc plus simples que avoir + objet direct (Nous avons nos mitaines). Tout verbe transitif, direct ou indirect (Vous perdez vos mitaines, vous songez à trop de choses, vous disposez de gants doublés) aura deux actants ou plus.

À côté de l'actant sujet et de son attribut, la voix qualifiante est formée du verbe être. Il a un sens aussi englobant qu'on peut le souhaiter et ses analogues (devenir, rester + attribut), appelés verbes d'état, forment avec lui une classe (appelée aussi prédicative ou topique) chérie des logiciens, qui parviennent souvent à y ramener n'importe quelle autre construction. La partie verbale y est délexicalisée : on parle de «verbe copule» car est ne sert qu'à établir un lien grammatical entre le sujet et l'attribut. On distingue Il reste tard (intransitif) et il reste sobre (verbe analogue à être, grammaticalisation). Quand on dit que l'être est, en philosophie, le mot être prend une forme pleinement lexicale, voire référentielle. Comme marque de la voix qualifiante, le même verbe est grammaticalisé.

Mais sa délexicalisation n'est qu'un indice. Que se passe-t-il au point de vue de la construction syntaxique du verbe être? Cette forme simple sert aussi à tirer de la voix active une voix passive (phénomène important dans le système des voix). Elle est féconde, car on la trouve encore dans la voix impersonnelle (il est ridicule de...) Cette forme impersonnelle, dont le seul actant est postiche, serait-ce elle plus simple que la voix intransitive?
21 

Dans la mesure où l'absence d'actant donnerait le verbe comme noyau pur de l'acte, l'impersonnel est à considérer comme terme zéro ou neutre. On objecterait que tout verbe ne peut pas se réduire à une telle voix. De plus, elle n'a pas de signifiant très net. Le il n'est impersonnel que si aucun référent ne peut se faire admettre. Mais il y a une autre façon de mettre le verbe sans nul actant tout en le conjuguant : le démonstratif ça.
______ prendra beaucoup de notre temps.
1) Ça 2) Il 3) (Selon la nuance de sens) 4) (Selon le sens)
22 
Rép. Selon le sens. Ça prendra = Il faudra (tour impersonnel). Le sujet réel n'est pas indiqué, et se trouve donc dans le contexte du locuteur (nous probablement). Il prendra: il désigne qqn (un tiers).
Et Il (lui) faudra du temps pour réussir.
Mais Il a été perdu du temps avant le début des travaux. Ou Il a perdu...
Sa tâche serait moins simple ____ paraît.
1) qu'elle ne 2) qu'il ne 3) qu'elle n'en 4) qu'il n'en
23 
Rép. qu'il ne
Mais Sa tâche est plus difficile qu'elle ne paraît. Et Il s'en faut de beaucoup que sa tâche soit facile.
Rem. Il, morphème personnel du verbe, est un substitut qui désigne un tiers; mais on l'emploie aussi comme actant zéro (sujet apparent).
Ou Il, sujet apparent, annonce un sujet réel (construit avec de ou que).
Règle Quand on place comme actant sujet qqch. qui est dans le contexte, sans l'exprimer, un pronom ce (celui-ci, celle-ci, ceux-ci), qui le montre, actualise le groupe verbal. Mais on emploie il, sujet apparent, quand l'actant sujet réel est inexistant (verbes impersonnels) ou constitué d'un infinitif.

Des formes comme c'est et il y a sont donc à retenir comme les plus fines qui soient capables d'exprimer l'acte de ce qui est dit. En langue parlée, familière, mentionnons toutefois qu'à lui seul, l'acte de parole, indépendamment de toute présence de verbe, équivaut déjà à un verbe. "Merveillleux" s'écrie Alice. Il y a ellipse de c'est. "Des hannetons" s'indigne Prosper. Il y a ellipse de il y a. Ces ellipses sont-elles vraiment des ellipses? Une explication par transformation n'a de valeur que pédagogique, ou peut-être historique. La langue signifie par ses signifiants, sans qu'on doive les mettre en miroir les uns des autres. On peut voir le qualificatif ou le nom comme noyau de phrase? C'est que ce noyau crée un acte de parole. Son isolement, le ton (légèrement au-dessus du médium) suffisent à transmettre l'idée de verbe. Tout lexème peut recevoir cette intonation. Un adverbe : "Doucement!" (Dira-t-on : "ellipse de vas-y"?) "Ralentir" (ellipse de il faut ou vous devez?)

Quelle est la marque linguistique de la présence minimale d'une fonction verbale, donc d'une voix?
24 

Une mélodie de phrase qui présente une légère élévation de la hauteur du son (un écart du médium) sur la syllabe finale du mot qui sert de noyau à l'acte de parole.

Mais l'auxiliaire avoir, lui, quel rôle joue-t-il parmi les voix? Il devrait être aussi important que être puisqu'il est suivi du même participe passé... alors que tous les autres sont suivis d'un infinitif.
25 

Un avoir grammaticalisé (Nous avons perdus nos gants) est une forme qui résulte de toute une évolution. L'idée de possession liée à l'origine de cet auxiliaire (comment pouvons-nous dire que nous les avons alors qu'ils sont perdus!), se transforme en idée d'accomplissement.

Voilà pourquoi cet auxiliaire ne modifie que l'aspect (il forme l'accompli). Il ne change pas la construction (la voix). Que l'action soit un fait acquis (une chose que l'on a puisqu'elle est derrière soi) ne change en rien la disposition des actants autour du verbe. On peut donc utiliser avoir très largement. Cet auxiliaire est possible presque partout : pour les verbes transitifs mais aussi pour le verbe être (Ils ont été calmes) et certains intransitifs (Vous avez dormi).

Participe passé ou infinitif?

Pourquoi les auxiliaires en titre, avoir et être, sont-ils suivis d'un participe passé alors que les semi-auxiliaires, faire, laisser, voir, pouvoir, devoir, aller, falloir sont suivis d'un infinitif? Est-ce encore une question de limite de mot phonétique?
26 

Les semi-auxiliaires, suivis d'un infinitif, peuvent constituer avec celui-ci un seul mot phonétique (autrement ce ne serait plus des semi-auxiliaires). La limite entre eux est effaçable mais tout de même probable. Avec un participe passé, elle est encore possible mais purement facultative, improbable.

Comparer : Nous devons appeler et Nous avons appelé. L'infinitif au lieu du participe passé est une faute courante. On attribue cette faute à l'homophonie. Certes, dans le cas de la première conjugaison, on peut confondre -é et -er. Il suffira d'ailleurs de remplacer par un verbe d'un autre groupe pour entendre la différence et ne plus se tromper. (Nous sommes avertis. Nous allons avertir. Nous avons averti.)
Présentation sous forme de granulés que l'on peut croquer purs ou ______ avec une boisson.
1) diluer 2) dilués 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
27 
Rép. diluer Mais que l'on peut prendre purs ou dilués
Règle La forme verbale en /-é/ qui suit le nom est qualificatif ou infinitif suivant que l'action est accomplie (et comme une qualité) ou en train de s'effectuer (et le nom est alors sujet).
Et Pour mieux distinguer s'il s'agit de l'infinitif ou du participe, remplacez le verbe en -er par un verbe en -aire, -ire... (Je tiens à vous plaire, Je tiens à vous recevoir). On entend alors la différence.
Rem. On a le participe passé (en é...) après les auxiliaires être et avoir, mais l'infinitif (en er...) après les autres auxiliaires ou semi-auxiliaires et après une préposition.
Rem. S'ils sont dilués, on ne peut plus les croquer.

Le participe passé, avec avoir comme avec être, est fortement grammaticalisé. Son nom de passé ne devrait pas être pris trop à la lettre. Il est vu comme passé parce qu'il fait de l'action un état. Cela a pour effet de transformer son objet direct en sujet et de rendre l'action passive. On l'a vu ci-dessus à propos de l'accord du participe passé : il se fait avec ce sujet passif.

Passé ou passif?

S'agit-il vraiment, entre le participe présent et le participe passé, d'une différence de temps? Prenons un exemple. La partie chantée de la scène 2 n'est pas très chantante...
28 

Dans les deux cas, un nom est qualifié par le chant. Il y a du chant dans la partie chantée et cela lui convient bien quand elle est chantante. Aucune trace d'idée de temps mais un rôle syntaxique, celui de qualifiant, avec une qualité acquise (participe passé). Sa fonction le rapproche de l'adjectif verbal, proche lui-même, du participe présent (expédié, expédient, expédiant). La différence, entre les deux temps simples du participe, n'est pas une différence de temps, comme le laisse croire leur nom (passé, présent). C'est une différence de construction. Voyons la chose de plus près, car elle intéresse directement la question des voix. D'ailleurs, ce sont les voix aussi qui peuvent expliquer les problèmes de l'accord du participe.

Du point de vue des actants, on observe qu'une construction de qualifiant est naturelle avec être, et que le sujet possède alors la qualité mais comme objet de l'action et non plus comme sujet. Exemple. On peut chanter quelqu'un. Dans Tu es chanté, le sujet n'est plus celui de tu chantes. C'est que chanté est comme un qualifiant. L'attribut s'attache à l'objet du verbe employé seul (chanter quelqu'un / quelqu'un est chanté). Avec le participe présent, ce serait l'inverse, on garderait le même sujet. (Trenet chantant Douce France.)

Il importe de considérer de près ce lien entre l'objet de l'infinitif et sujet du participe passé. Il est constant dans toute la syntaxe (sauf dans les verbes dits symétriques, dont il sera question plus loin).

Le participe dit passé est donc d'abord un participe passif. Passif ne veut pas dire passé mais la distance n'est pas infranchissable car une fois l'action de chanter attribuée à son actant objet en tant que qualité, elle devient durable et, si elle est durable, elle n'est pas nécessairement en train de s'effectuer dans l'instant présent. La valeur de passé devient, en quelque sorte, disponible. Si tu es chanté, il est probable que le chanteur t'a chanté, avec les deux valeurs du passé composé: action accomplie par rapport au présent ou action située dans le passé.

Mais pour que le problème des actants sujet ou objet puisse se poser, il faut que le verbe soit transitif (J'ai encouragé / Je suis encouragé). Dès que le verbe se contente d'un seul actant, la voix passive est écartée d'office (La voiture roule). Mais alors, si l'action peut se retourner sur elle-même et prendre une sorte de valeur passive, l'aspect accompli tend à se rallier à l'auxiliaire être. Je suis tombé. Tu es accourue. Il est apparu que je n'étais pas mort.

Certains intransitifs forment donc leur accompli avec être plutôt qu'avoir?
29 

Oui. On dit que c'est parce qu'ils n'ont pas de voix passive possible, ce qui libère cet auxiliaire; mais cette réponse est technique. Les usagers ne sont pas des grammairiens. Ils ne tiennent pas non plus à compliquer les choses à plaisir. La raison d'un tel choix est plutôt du côté du sens de ces verbes. À l'accompli, ils peuvent exprimer un état. Ils rejoignent ainsi la voix passive.
Depuis les élections, les données du problème ________.
1) sont changées 2) ont changé 3) (N'importe) 4) (Selon la nuance de sens)
30 
Rép. Selon la nuance de sens. Ont changé vise l'action; sont changées vise le résultat et implique l'intervention de qqn d'autre.
Règle Certains verbes intransitifs prennent l'aspect accompli avec avoir ou être suivant que l'on a en vue l'action elle-même ou l'état qui en résulte.
Et Le choix 1 est au présent, à la voix passive; le 2 est un accompli.
Elle ________ lorsque, après deux ans de mariage, il lui ________ qu'elle ne pouvait plus supporter son mari.
1) est divorcée, est paru 2) est divorcée, a paru
3) a divorcé, est paru 4) a divorcé, a paru
31 
Rép. a divorcé, a paru
Mais Elle est divorcée depuis deux ans (état). Et Le numéro de décembre est paru.
Règle Certains verbes intransitifs prennent l'aspect accompli avec avoir ou être suivant que l'on a en vue l'action elle-même ou l'état qui en résulte.
Rem. Avec paraître, l'auxiliaire est souvent avoir. On dit cependant: Le journal est paru (être marque alors un état).
Mais Il lui paraît que («il a l'impression que»), toujours avec avoir, qui marque une action.

Tous les pronominaux ont un accompli avec être du seul fait que certains d'entre eux étaient vraiment réfléchis. Comparer :J'ai lavé mon mouchoir. Je me suis lavé. Je me suis lavé les mains. Il est vrai qu'une raison purement sonore a pu jouer dans ce cas. Ils s' + ont lavé ne pourrait se distinguer sur le plan sonore de Ils sont lavés. L'équivoque avec ils sont rendait utile le remplacement de il s'ont pas ils se sont. Comme, de plus, il y avait déjà de nombreux ils se sont (les réfléchis), l'analogie a emporté tous les se + avoir vers les se + être.

Être ou avoir.

Les voix passive et pronominale sont donc toujours avec être, mais une incertitude en résulte qu'il ne faut pas perdre de vue : dans le premier cas il s'agit de passivation (il est démasqué), dans le second d'aspect accompli (il s'est démasqué), ou d'antériorité. Que d'imprécision! On allèguera que la différence, parce qu'il n'y a qu'un actant, est mince, presque abolie. Dans il s'est démasqué, on peut lire à la fois un accompli et une antériorité (l'ancrage reste nunégocentrique) et même, à la fois, un passif (il l'est) et un actif (il l'a fait).

Ces observations compliquent-elles l'emploi des voix? Ou bien les simplifient-elles, au contraire? Les usagers entrent-ils dans tant de distinctions?
32 

On peut globaliser. Chacun n'a-t-il pas ses propres habitudes grammaticales? Ceci finit par déteindre sur le système collectif. Les combinaisons de formes génèrent des oppositions possibles en contexte mais seules se maintiennent celles qui recueillent une constante approbation-utilisation. Le sabir minimal retiendra que l'auxiliaire être est préféré quand on se rapproche d'une voix qualifiante; avoir pour une voix active. La voix transitive se plaçant entre ces deux pôles ne pouvait que vaciller de l'un à l'autre. Et voici où se sont placées les délimitations.

L'accompli ou l'antériorité d'un verbe transitif actif (il a tué) est toujours avec avoir. Certains actifs intransitifs, qui n'ont qu'un objet, comme les pronominaux, subissent le même sort que ces derniers : l'auxiliaire être prend la place d'avoir pour les mêmes raisons. Il n'y a qu'un actant et dès lors on peut lire à la fois une action et un état. En face de il ment / il a menti on trouve : il devient / il est devenu. Ce verbe, analogue à être, peut s'envisager comme action ou comme état, mais c'est l'état qui l'emporte.

Quel est l'auxiliaire du verbe aller? Un mouvement n'est-il pas une action?
33 

On dit Je suis allé mais aussi, sans l'aval académique, j'ai été (fam.) parce que le déplacement est une changement de place donc d'état, en quelque sorte (mais le verbe être garde son auxiliaire avoir par différenciation morphologique). Or que va-t-il se passer pour les verbes de mouvement ou de changement? Ils peuvent s'envisager, plutôt que sous l'angle d'une action, comme une atteinte d'un nouvel état, d'où l'auxiliaire être. Celui-ci est même devenu la norme (venir, arriver, partir, etc.)

Le cas de rester est plus curieux, il nie le déplacement et donc le mouvement. Il est à rapprocher de celui de être, état par excellence. Ce ne sont pas des intransitifs de mouvement : ce sont des verbes d'état, normalement suivis d'un attribut. La notion d'état est tellement présente dans leur signification que l'accompli se marque de la façon normale, avec avoir. Dans le cas du verbe être, on évite aussi, ainsi, de prendre deux fois successivement le même verbe avec deux valeurs distinctes, d'abord comme auxiliaire puis comme mot lexical. Et voilà pourquoi être se conjugue avec avoir!

De telles nuances, directement suscitées par le contexte et par les formes, sont plus facilement maîtrisées dans la pratique que clairement enseignées... La théorie demande à être précisée.

Les intransitifs autres que les verbes de mouvement restent avec l'auxiliaire avoir (courir, gripper, mentir, moutonner, tousser, etc.) Pensez-vous que l'on puisse arriver à une solution stable ou que des évolutions soient toujours en cours dans ce secteur?
34 

La question est loin d'être tranchée et il y en a une cinquantaine d'intransitifs qui hésitent entre les deux auxiliaires. Ce sont des cas où il est possible, avec un seul actant, de considérer plutôt l'action que l'état, le changement que le résultat. Prenons les verbes de couleur en -ir (noircir, verdir, rougir, etc.). Il a rougi quand je lui ai dit cela / Son visage est rougi par le froid. Le contexte incite à voir plutôt l'action dans le premier cas, l'état dans le second. La voix pronominale, moins usitée mais pas impossible, supprime l'hésitation. Il s'est rougi.

On peut considérer que, si la voix pronominale est possible, on a le choix entre avoir et être. C'est le cas des verbes intransitifs suivants : accroître, augmenter, baisser, camper, changer, crever, dégeler, dégénérer, échapper, échouer, éclater, enchérir, passer, pourrir, rajeunir, ressusciter, vieillir. On peut ajouter les verbes symétriques (v. plus loin) : diminuer, déménager, descendre, embellir, enlaidir, monter, sortir.

Quelques autres verbes ont aussi les deux auxiliaires avec la même valeur d'accompli (et donc le même actant sujet). Ce sont : aboutir, accoucher, accourir, alunir, apparaître, atterrir, cesser, chavirer, croître, crouler, croupir, déborder, décamper, déchoir, décroître, disparaître, divorcer, empirer, faillir, grandir, grossir, maigrir, paraître, périr, résulter, trépasser.

Du point de vue des voix disponibles, quelle différence y a-t-il entre ces deux listes?
35 

Les deux listes présentent des intransitifs (ou des transitifs employés intransitivement). Tous acceptent les deux auxiliaires. Seuls les verbes de la première liste peuvent en outre se mettre à la voix pronominale. Celle-ci a pour effet de souligner à la fois les deux valeurs : l'action (accomplie) et l'état. Pour ceux de la seconde liste, la construction pronominale est impossible (sauf parfois dans des acceptions particulières). Au passé composé, l'option possible entre les deux auxiliaires permet de souligner soit l'aspect accompli (le projet a abouti), soit l'état (le projet est abouti, tour moins fréquent). Ici encore, l'auxiliaire être, parce qu'il ne peut marquer la voix, est récupéré pour marquer l'état.

On peut observer, par ailleurs, que dans la seconde liste, il suffirait d'un préfixe ad- (amaigrir, agrandir) pour rendre l'action plus présente, ce qui aurait comme effet de rendre la voix pronominale tout aussi vraisemblable que dans la première liste. Il s'est amaigri, agrandi. Toutefois, cela équivaudrait à une sorte de voix causative: "il a fait qu'il est devenu plus maigre, plus grand". On peut en déduire que, pour le choix de l'auxiliaire à l'accompli, le critère de la voix pronominale reste valable mais ne constitue qu'un argument a fortiori. Il n'est pas nécessaire. Pour les usagers, l'aspect accompli et la considération de l'état ou de l'action suffisent.

Mais il suffit que l'action du verbe transite vers un objet pour que l'auxiliaire être reprenne sa pleine valeur de marque de la voix passive.

La voix passive, une transformation.

Pierre tue Paul. Paul est tué (par Pierre). D'un verbe actif avec sujet et objet, on tire un verbe «à la voix passive». Que devient alors le sujet?
36 

Le sujet du verbe «à la voix active» disparaît -- à moins d'être réintroduit comme complément avec par (dit complément d'agent), car un autre sujet a pris sa place, l'ancien objet. Ce changement de construction est la «passivation».
Cette fin de semaine, l'Ontario et l'Alberta ________ toute mort accidentelle.
1) ont épargné 2) ont été épargnés de 3) (Selon le sens) 4) (Autre chose)
37 
Rép. Autre chose: p. ex. toute mort accidentelle a été épargnée à l'Ontario et à l'Alberta.
Ou L'Ontario et l'Alberta n'ont connu aucune mort accidentelle.
Et Les mesures spéciales ont épargné toute mort accidentelle à l'Ontario. (Les provinces ne sont pas la cause des accidents.)
Ou Tout accident a été épargné. (Au passif, l'objet devient sujet.)
Expl. Épargner qqch. à qqn: «faire en sorte que qqn ne subisse pas qqch.» Å la voix passive, l'objet devient sujet, donc qqch. est épargné à qqn.
Et Épargner qqn: «le traiter avec ménagement», «le laisser vivre». Å la voix passive, qqn est épargné. Comp. La guerre a épargné le Canada et Le Canada a été épargné par la guerre (le pays est considéré comme un animé).
Mais On n'a pas la construction épargner qqn de qqch. (sur le modèle de dispenser qqn de qqch.), d'où l'impossibilité du choix 2.

La voix passive est-elle plus complexe que celle dont elle serait tirée? Sans doute, morphologiquement, il y a un auxiliaire en plus. Mais comme type de construction?
38 

Être + attribut n'est pas une construction plus complexe que celle du verbe actif entouré de deux actants car, souvent, le sujet disparu n'est pas réintroduit. Il y a un plus grand nombre de lexèmes dans Les motoneiges brisent la glace que dans La glace est brisée, où la cause n'est plus mentionnée. L'agent, simple complément, n'est pas un actant : il est facultatif. Partant de là, au lieu de donner le passif comme une transformation de l'actif, pourquoi pas l'inverse : présenter la voix active comme une transformation de la voix passive, avec ajout d'un actant comme une sorte de cause de l'action. D'abord, on dit le résultat : les camionneurs sont durement touchés. Ensuite la cause ou le moyen deviennent sujet et le verbe se conjugue : la hausse du prix de l'essence touche durement les camionneurs. De même : il a été élu ; sa circonscription l'a élu.

Mais on dirait aussi très naturellement : les camionneurs sont durement touchés par la hausse du prix de l'essence et ce serait même plus clair. Parfois, il y a donc une valorisation de la voix passive, en dehors de l'avantage qu'on peut trouver à ne pas mentionner de cause. Voyons quand il vaut mieux user de la voix passive plutôt que de la voix active, prendre un verbe d'état et un participe passé plutôt que le verbe de l'action dans sa belle simplicité. Quelle pourrait être l'utilité de reverser sur l'objet le rôle de sujet? Serait-ce en relation avec le thème (ce dont on a à dire qqch.)?
39 

Souvent, il y a avantage à donner comme sujet syntaxiquement parlant le sujet de l'énoncé ou thème discursif. Et la tendance est de faire débuter par le sujet un acte de parole. En plus de donner le nombre et la personne du verbe et de dire «qui» fait l'action (plan de l'énoncé), le sujet a un rôle à jouer dans l'esprit des auditeurs (plan de l'énonciation), il annonce «de quoi» on parle (le thème). Candide fut élevé dans un beau château raconte l'histoire de Candide. Le français est loué pour sa clarté du fait qu'il aime les constructions où c'est par le thème que débute la proposition. Les violons sont vernis parle des violons et les violons ne se font plus entendre dans le scherzo aussi. Si on voulait parler du scherzo, on le mettrait de préférence au début. Dans le scherzo, les violons se taisent. Comme pour les temps du verbe, il faut ici, pour comprendre les constructions, tenir compte des deux articulations du signifié: l'énoncé et l'énonciation, ce dont on parle et à qui on le dit.

La passivation permet de modifier la place de l'objet direct. C'est essentiel quand c'est lui qui est le thème.

De même : Dans ce lycée fut élevé celui qui allait devenir le troisième Président de la Troisième République. Et : La proposition a été bien reçue par l'assemblée plutôt que l'assemblée a bien reçu la proposition si on parle de la proposition; pas si on parle de ce qui s'est passé...
Un jugement en Cour supérieure pourrait rendre à la nation un peu de sa bonne conscience de naguère. ____________
1) Ce rôle essentiel devra être rempli par un magistrat au-dessus de tout soupçon.
2) Ce rôle essentiel devra se remplir par un magistrat au-dessus de tout soupçon.
3) Un magistrat au-dessus de tout soupçon devra remplir ce rôle essentiel.
4) (Autre chose)
40 
Rép. Ce rôle essentiel devra être rempli par un magistrat au-dessus de tout soupçon.
Mais La salle devra se remplir (être remplie) avant que nous ne commencions.
Et Il faudra un magistrat au-dessus de tout soupçon pour remplir ce rôle essentiel.
Règle Quand on hésite entre voix active et passive, on place l'animé comme sujet (il néglige la tradition).
Mais Si l'inanimé constitue le thème, il est préférable de le placer comme sujet, même d'une voix passive (la tradition est négligée).
Rem. Le thème est l'"importance du rôle", vu les circonstances.
Et La voix pronominale (devra se remplir) n'a pas ici tout à fait un sens passif et est peu fréquente avec le sens d'"exercer, accomplir effectivement" de remplir.

Il peut donc y avoir un avantage à passer éventuellement à la voix passive?
41 

L'avantage de la voix passive est de permettre de présenter le thème de la phrase dans la position de sujet plutôt que d'objet grammatical.

Les autres constructions possibles n'ont pas d'autres effets. Prenons par exemple l'impersonnel. Un sujet il, factice, supprime la mention du sujet. C'est qu'il n'importe pas à l'énonciation, pas plus que l'objet du reste, car c'est le verbe lui-même qui est ainsi promu à la place initiale. Il est interdit au planton de fermer les yeux durant les heures de faction. Rien n'empêcherait de débuter par n'importe lequel des actants. Au planton, il est etc. Durant les heures de faction, il est etc. Fermer les yeux est etc. mais cela modifierait, non le sens, mais ce qui est donné comme thème de l'assertion. On ne parlerait plus de ce qui est interdit, mais du planton, de ce qui se passe durant les heures de faction, ou de l'action de fermer les yeux.

Il existe des formes plus complexes que celle de la voix active transitive, notamment la voix factitive (ou causative), et diverses transformations sont possibles, des passages d'une voix à l'autre et des combinaisons de voix (voir Tableau, en fin de chapitre).

Le tour impersonnel.

Il n'est pas toujours visible.
Dis-moi ce ____ t'est arrivé, ce matin.
1) qui 2) qu'il 3) (N'importe) 4) (Autre chose)
42 
Réponse N'importe.
Mais Dis-moi ce qu'il a raconté à mon sujet. Et Dis-moi ce qui ne va pas.
Explication. On considère comme un relatif le dernier terme de qu'est-ce qui / qu'est-ce que. Qu'est-ce qui t'arrive vient de ceci t'arrive (où ceci est sujet; donc le relatif est qui); qu'est-ce qu'il t'arrive vient d'il t'arrive ceci (où ceci est objet; donc le relatif est que; l'élision est due à la voyelle suivante).

La construction est impersonnelle si le sujet est il et que ce il ne désigne rien, ne fait que servir de sujet grammatical. On parle alors de sujet «apparent» car il est de pure forme; et on trouve un sujet «réel» dans la position d'objet (il t'arrive quoi?)

Cette modification de l'actanciation permet de penser que le tour impersonnel n'est pas seulement une construction mais effectivement une voix. La voix impersonnelle se combine avec les voix active, passive, causative ou pronominale pour effacer le sujet et le réintroduire comme objet (il t'arrive ceci ; il se fait perdre de bonnes occasions).

Le repérage est parfois délicat.
Le chanoine Groulx s'affirme comme historien dans des textes où les autorités universitaires de l'époque voyaient un appel à la révolte. Il s'y affirme un véritable précurseur.
1) Il désigne le chanoine Groulx. 2) Il est impersonnel.
3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
43 
Réponse Selon le sens. On peut construire s'affirmer avec le chanoine Groulx comme sujet (précurseur est alors complément attributif) ou de façon impersonnelle (précurseur est alors sujet réel).
Et Si il désigne Groulx, le jugement émane de lui-même. Si il est impersonnel, c'est le commentateur qui juge que ces textes sont ceux d'un précurseur.
Explication. Si ce n'est pas Groulx lui-même qui l'affirme, sa responsabilité est moins engagée.

Le lexème verbal est actualisé principalement par un sujet, groupe nominal ou pronom, qu'on appelle premier actant. Dans la construction dite impersonnelle, l'actant sujet est présent, mais seulement pour la forme. Il ne représente pas de référent. Le sujet non mentionné peut d'ailleurs être à n'importe quelle personne (Il y a nous).

Pourquoi ne peut-on pas le supprimer, s'il ne sert à rien? Que se passe-t-il si le verbe dans sa forme la plus simple est donné sans rien comme premier actant? (Partir d'un exemple.)
44 

Sans actant exprimé, on aboutit à l'impératif, 2e personne du singulier. Viens... Arrête ta machine! Marions-nous! C'est souvent court car on s'attend à une exécution de la part du destinataire, à qui on facilite la tâche si on évite d'entrer dans les détails. Celui-ci n'est même pas mentionné, mais l'absence de pronom sujet est justement ce qui le convoque, pour combler ce vide. Le verbe est donc vraiment au début. Il n'est pas un thème, cette fois, cependant, vu le peu de vraisemblance d'une analyse en thème et prédicat. Il s'agit, en effet, d'un acte de parole à l'état pur. L'action est proposée dans sa nudité, comme à prendre ou à laisser. Le thème, s'il fallait se résoudre à en prendre un, serait le destinataire lui-même. C'est lui le sujet implicite. Les autres actants sont d'ailleurs disponibles. Si le pronom personnel se présente, il a la fonction d'objet. Dis-le-lui. Si le pronom est à la même personne que le verbe conjugué, il est réfléchi. Tais-toi. Ou objet indirect. Ouvre-toi les yeux. On combine donc la voix pronominale et l'impératif. Mais il ne s'agit plus d'état ou d'action. Le destinataire se fait donner des ordres. On est dans les relations interpersonnelles. L'énonciation a pris le pas sur l'énoncé.

C'est pour pouvoir se maintenir dans l'énoncé que l'impersonnel nécessite un il factice.

Mais on a vu plus haut une forme simple pour les voix qui était le remplacement du sujet par ça. Trois substituts se bousculent, en somme, pour le sujet.
"Comme ça, l'année dernière, à l'examen, c'est vrai ______ y avait droit aux notes de cours?
1) il 2) qu'on 3) que ça 4) (Autre chose)
45 
Réponse Autre chose: qu'on avait droit Ou que la consultation des notes était autorisée
Mais qu'il y avait la possibilité de voir ses notes de cours.
Et que ça se pouvait, qu'on consulte ses notes (parlé)
Règle. Les locutions verbales avoir droit, avoir l'air, ne se construisent pas impersonnellement.

Mais on est le substitut des morphèmes sujets. Il ne change pas la construction. On pourrait en dire autant de ça comme démonstratif (remplaçable par cela). Grammaticalisé, ne désignant plus rien, ça peut servir de substitut à il en langage populaire.
____ se pourrait__ qu'il pleuve.
1) ça ,(Virgule) 2) Il ,(Virgule) 3) ça (Pas de virg.) 4) (Autre chose)
46 
Rép. ça se pourrait, qu'il pleuve. Ou Qu'il pleuve, ça se pourrait.
Mais Il se pourrait qu'il pleuve. Et Il est évident qu'il est trop tard. Ou C'est évident, cela, qu'il est trop tard.
Règle Il fait (beau, chaud, etc.) est la construction minimale pour asserter un qualifiant. Avec il est (impersonnel) et un qualifiant, un sujet réel devrait suivre (Il est honteux... de tricher).
Rem. Une assertion est possible ici avec seulement un lexème et sans référent. Il est un mot grammatical qui ne désigne rien ici (sujet postiche) et fait est délexicalisé. Ex. Il est 10h et Il fait beau.
Et En fr. d'Afrique, il fait + l'heure est courant.
______ me paraît difficile que, dans une enquête socio-économique improvisée, on cherche des fréquences d'emploi.
1) Ça 2) Cela 3) Il 4) (Selon la nuance de sens)
47 
Rép. Il (et cherche est au subjonctif)
Mais Dans une enquête socio-économique improvisée, chercher des fréquences d'emploi, ça (cela) me paraît difficile.
Règle Pour avoir comme actant sujet, mais sans le nommer, qqch. qui est dans le contexte, on emploie le démonstratif ce (celui-ci, celle-ci, ceux-ci), qui le montre.
Mais Quand l'actant sujet réel est inexistant (verbes impersonnels) ou constitué d'un infinitif, on emploie il, sujet «apparent» (non pas contextuel mais purement grammatical).

Un variante de il pour la copule est le c' de c'est, de plus en plus fréquent, particulièrement en québécois, pour l'impersonnel.
________ bien évident que, si ça continue comme ça, les municipalités de banlieue protesteront.
1) Il est 2) C'est 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
48 
Rép. Il est Mais Si ça continue ... protesteront. C'est bien évident.
Règle Dans il est + qualificatif + (que, de) ..., le il qui annonce la complétive est impersonnel, il ne fait qu'annoncer le sujet réel (que... de...) Ex. Il est difficile de résister.
Et Å un niveau de langue familier, on a un tour simplifié avec c'est...
Mais Le c' est un démonstratif, il vise qqch. (ici, la résistance) tandis que le il impersonnel ne fait que remplir la place de sujet du verbe.

On a un autre tour québécois qui touche à l'impersonnel mais avec un démonstratif plus fort, bien connu des psychanalystes, le ça.
C'est bien joli de vouloir tout doubler mais, à l'enregistrement, ______ le double du temps!
1) il faut 2) ça prend 3) (N'importe) 4) (Selon la connotation)
49 
Rép. Selon la connotation. Ça prend est péjoratif. Mais Ça prend le double du temps à enregistrer.
Expl. Un emploi impersonnel de ça existe en québécois dans ça prend au sens de «il faut».
Mais Il y a un ça prend qui est dans l'usage commun (ça prend du temps, de la place, du courage). Il y a une nuance. Prendre = enlever.
Expl. Ça prendra des gars costauds est du québécois parce qu'on n'en prive personne.

Quoique plutôt réservée aux textes de type abstrait (où l'effacement du sujet plaît davantage), l'impersonnel occupe, dans le système des voix, une place considérable. En effet, il peut intervenir dans un très grand nombre de constructions, avec lesquelles il se combine. Comment analyseriez-vous, par exemple, la phrase suivante?
Il est dangereux de se pencher par la fenêtre. 50 

Voix qualifiante mise à l'impersonnel. Et celle-ci?
Il y va de votre réputation. 51 

Locution intransitive (verbe aller) mise à l'impersonnel. Et encore celle-ci?
Il ne se passe plus grand-chose. 52 

Voix pronominale doublée de voix impersonnelle. Et finalement celle-ci?
Il est interdit de fumer dans la salle de billard. 53 

Verbe interdire à la voix passive, employée impersonnellement.

Sujet implicite de l'infinitif.
L'entreprise doit modifier les logiciels suivant ses besoins. Il pourra s'écouler six mois, un an avant ________ certain que le système est bien installé.
1) d'être 2) qu'on soit 3) (N'importe) 4) (Autre chose)
54 
Réponse qu'on soit
Mais ...avant qu'elle soit certaine... (l'entreprise) Ou Il doit vérifier dix fois avant d'être certain.
Règle. La proposition infinitive doit avoir un sujet spécifié précédemment. Sinon, il faut mentionner le sujet, ce qui demande de remplacer l'infinitive par une subordonnée conjuguée.
Il aurait pu faire une déclaration tendancieuse, on comptait sur son honnêteté pour ________.
1) n'en rien faire 2) qu'il n'en fasse rien 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
55 
Réponse N'importe.
Remarque. La proposition infinitive marquant le but (après pour et afin de) a pour sujet celui de la principale dont elle dépend, sauf dans certains cas où le sens n'est pas douteux: Je vous donne cet argent pour faire un voyage.
Mais La mention du sujet devant l'infinitif est un tour germanique ou latin. On ne le rencontre en français que dans la langue juridique. Ex.: De quoi nous avons dressé procès-verbal pour la plaignante en faire tel usage que de droit. Ainsi, il n'y a pas d'équivoque.

L'infinitive qui n'a pas de sujet exprimé doit en trouver un, sous-entendu, et elle va le prendre d'abord dans son noyau (sa "proposition principale"). Ex.: Dans Je veux venir, je est sujet ; si c'est toi que l'on veut avoir comme sujet de venir, il faut conjuguer le verbe : Je veux que tu viennes. Autre ex., avec un tour impersonnel: Il faut survivre = Il faut que l'on survive et Il nous faut survivre = Il faut que nous survivions).
Les violons ont été vernis pour ________ plus de sonorité.
1) leur donner 2) qu'ils aient 3) avoir 4) (Selon la nuance de sens)
56 
Rép. pour qu'ils aient plus de sonorité
Mais Il les vernit pour leur donner plus de sonorité. Et Il tient son violon ainsi pour avoir plus de sonorité.

La voix causative.
En bon syndicaliste, il souhaite _____ évoluer la politique fédérale.
1) faire 2) laisser 3) voir 4) (Selon le sens)
57 
Rép. Selon le sens.
Mais Il souhaite faire avancer la politique fédérale. Et Il compte laisser se détériorer les relations.
Ou Il s'est vu demander encore une fois un compte rendu de la situation politique.
Règle La voix causative dispose de trois auxiliaires selon la part, plus ou moins directe, que le sujet prend à l'action: faire suppose une intervention directe; laisser, c'est ne pas empêcher (absence d'intervention); voir, n'est ni agir ni laisser faire, mais être témoin sans plus.
Et Ces trois auxiliaires ont été délexicalisés. Faire n'implique donc pas une action véritable ; ni voir, une vision.

La voix causative (appelée aussi factitive puisqu'elle fait que qqch. arrive) est-elle limitée à certains verbes? S'applique-t-elle à une locution verbale? Même celles qui commencent par faire? Ex.: Il fait beau. Le vent a tourné. C'est pour cela. C'est ce qui "fait faire beau".
58 

Elle se combine avec n'importe quelle autre voire avec plus d'une autre, et elle se laisse même réduire à une voix active. C'est une voix qui complexifie et se simplifie avec une facilité déconcertante. Les limites ne sont pas d'ordre syntaxique ou structural mais dans la clarté, ou l'élégance.
Je vous présente mes excuses pour vous avoir fait ________ bond.
1) faire un faux 2) un faux 3) faux 4) faire faux
59 
Rép. pour vous avoir fait faux bond
Mais Si vous croyez que je vais fermer les yeux, vous avez fait un faux calcul.
Ou En conduisant l'aveugle sans précaution, il lui a fait faire un faux pas.
Et Cette recherche n'a rien donné, je vous ai fait faire fausse route.
Rem. Faire faux bond à qqn, locution, «manquer un rendez-vous, se dérober au dernier moment à une obligation».

L'accumulation des actants pose des problèmes à l'entour de l'auxiliaire.
Le beau temps ___ fait apercevoir des milliers d'étoiles.
1) la 2) lui 3) (Au choix mais de préférence 1) 4) (Au choix mais de préférence 2)
60 
Rép. De préférence lui.
Mais Le beau temps la fait sortir. Ou Le beau temps lui fait plaisir.
Règle Le sujet de l'infinitif précédé de faire est construit comme un objet direct.
Ex. Il fait défoncer le mur (le mur est objet et construit comme tel) / il fait crouler le mur (le mur est sujet mais on le place tout de même après le verbe comme s'il était un objet direct).
Et Il se fait ouvrir la porte, il fait s'ouvrir la porte.
Mais Si l'infinitif a déjà un objet direct, son sujet sera construit dans le groupe verbal causatif comme un objet indirect. Ex.: Il les fait manger à la cuisine / Il leur fait manger des macaronis.
Résumé Avec faire, le sujet de l'infinitif qui suit sera objet; mais s'il y a déjà un objet direct, il sera objet indirect.

On peut se demander d'où vient cet objet indirect. D'un point de vue structural, il constitue une variante de l'objet, un troisième actant qui supplée au second si celui-ci est indisponible.
La mère a du coeur. Sa bonté ___ fait pardonner à ses filles.
1) la 2) lui 3) (Au choix mais de préférence 1) 4) (Au choix mais de préférence 2)
61 
Rép. De préférence lui.
Mais Le prince est sensible à ses charmes. Sa beauté la fait pardonner.

Si me et te dans le SV peuvent être objet direct ou indirect selon le verbe (je te vois, je te parle), il n'en va pas de même de le (Je le vois, je lui parle).

En outre, lui dans cette position désigne aussi bien une femme. (Je lui parle = Je parle à elle ou à lui). Pourtant, comme noyau, lui ne vise qu'un homme. C'est que elle serait équivoque dans un syntagme (je elle parle*). Et si l'on ajoute à, on crée un nouveau syntagme.

Il y a place au maximum pour quatre actants : sujet, objet, objet avec à, objet avec de. Un cinquième actant, l'agent avec par, ancien sujet dans une voix passive, est envisageable du fait qu'il peut se réduire à un objet avec de ou à.

Le propre de la voix causative est de permettre l'ajout d'un actant : la cause. Comme il n'y a plus de place dans le groupe verbal, cet ajout se fait par dessus le sujet, qui peut soit disparaître, soit devenir une sorte d'agent réductible à un troisième actant (avec à).
Une telle hausse du coût de la vie ________ une crise économique.
1) augure 2) laisse augurer 3) (N'importe) 4) (Selon le sens)
62 
Rép. laisse augurer Ou fait augurer (par les éditorialites)
Mais Devant une telle hausse, on augure une crise économique.
Et La récente hausse du coût de la vie inaugure peut-être une crise.
Règle Augurer a normalement pour sujet un nom de personne.
Et Si l'on ajoute, comme sujet, le signe annonciateur, on recourt à la voix causative.
Expl. Laisser, auxiliaire de la voix causative, ajoute un sujet (le premier sujet subsiste). Å Nous augurons une crise, on peut donc ajouter une telle hausse : cela donne Une telle hausse nous laisse augurer une crise. On peut alors faire l'ellipse de nous (un actant reste implicite).

Si on veut garder le sujet, ce sera à titre d'agent. (Une telle hausse laisse augurer une crise par les éditorialistes.) Ce par est réductible. (...aux spécialistes...)
Le comité estima que la lutte était un mal nécessaire, préférable à l'annexion ___ îles Seychelles.
1) par les 2) des 3) aux 4) (Selon le sens)
63 
Rép. Selon le sens. Avec par, les îles opèrent cette annexion. Avec de, ce sont elles qui sont annexées. Avec aux, elles en bénéficient.
Mais ...l'attaque des îles (il faut savoir si elles sont l'agresseur ou l'agressé).
Règle Au passif, par introduit l'agent de l'action. Il peut se réduire (de) s'il n'y a pas d'équivoque possible.
Et Comparer : Je me réjouis de ta réussite et Je suis réjouie par ta réussite.

De est trop général pour suffire en toute occasion mais il y a des cas où il est plus élégant que par.

Contrairement à l'anglais, où l'auxiliaire faire sert à souligner et à attacher la négation (we do care - we don't mind), il faut en français, pour employer faire et un infinitif, qu'il y ait réellement deux sujets, l'un effacé mais qui sert à l'infinitif, l'autre super-sujet ou cause.
Ici, vous faites seulement ________ du banc, déclara à ce moment la prof de gym.
1) monter et descendre 2) des montées et des descentes 3) (1 ou 2, au choix)
4) vous faites seulement une chose, monter sur le banc et en descendre
64 
Réponse vous faites seulement une chose, monter etc.
Ou ...vous montez sur le banc et vous en descendez, rien de plus.
Mais Vous faites seulement monter et descendre votre enfant.
Règle. Le verbe faire, auxiliaire de la voix causative, déplace le sujet, qui devient agent. Comparer: Je tonds une brebis / Le fermier fait tondre une brebis (par moi).

La voix causative n'est pas toujours exprimée. Elle peut demeurer implicite. Elle se laisse réduire à une voix active. Je construis une maison peut vouloir dire que je la fais construire (par un entrepreneur, par des ouvriers). Il y a des jeux possibles entre les voix.

Des transformations.

Le système des voix et constructions permet-il certaines métamorphoses? La langue permet-elle de passer d'une forme à une autre pour modifier l'actanciation?
65 

L'objet, par exemple, devient sujet quand on passe d'une voix active (Un chasseur aperçoit, non loin de là, un chevreuil) à une voix passive ( Un chevreuil est aperçu non loin de là). Le nouveau sujet est l'ancien objet (2e actant).

Si l'objet direct vise le même référent que le sujet, il suffit d'un pronom réfléchi : Le chevreuil est aperçu par lui-même (dans le miroir du lac). Il s'aperçoit. C'est une voix pronominale réfléchie, formellement, mais en réalité ce n'est pas une voix différente de la voix active, puisqu'il y a un sujet et un objet direct. Ce tour avec pronom réfléchi devient cependant une voix distincte quand il sert là où le réfléchi n'est pas objet direct, ni indirect, et prend un rôle plus vague, plus général, qui est de rendre le sujet un peu objet, ou l'objet un peu cause de l'action. Trois tours se présentent alors: le pronominal d'intérêt personnel (se souvenir, s'extasier, se rire); le passif réduit (les pommes se vendent cher = sont vendues); l'impersonnel (il se dit tant de choses).

Sachant qu'il y a une voix causative (auxiliaire faire), quelles transformations autorise-t-elle?
66 

Cette voix concerne l'ajout d'un troisième actant. On se pose la question: à cause de quoi (ou de qui)? Le chasseur aperçoit le chevreuil à cause d'un chien, par exemple. On utilise alors la voix «causative» ou «factitive». Le chien fait apercevoir un chevreuil (par le chasseur).

Ici il peut arriver que le nouvel actant soit le même que l'objet. Le chevreuil fait apercevoir lui-même, il se fait apercevoir (par le chasseur). Il suffit de superposer les deux voix, la causative et la pronominale.

Mais on transforme aussi une voix en supprimant des actants. Qu'advient-il des intransitifs dans les transformations causatives réduites?
67 

Un intransitif est un verbe qui n'a pas d'objet direct. Elle dort. Il ne peut pas être mis à la voix réfléchie, à moins que se ne soit pas un véritable objet. *Elle se dort ne se dit pas mais: Elle s'endort. (On peut endormir qqn.) Elle s'en vient (se n'a pas de fonction).

On a vu plus haut un emploi intransitif des verbes transitifs, qui supprime un objet non indispensable à l'action (Il mange du chocolat / il mange.) Mentionnons ici une nouvelle transformation, particulièrement curieuse. La voix intransitive peut aussi résulter d'une réduction de la voix factitive. Dans Elle fait reculer la chaise (par Guy), dont on tire Elle la recule, on voit chaise comme objet de reculer. Guy, sujet, est court-circuité par la réduction. Comme chaise suit reculer, il est objet mais comme Guy n'est plus mentionné on peut aussi l'oublier en quelque sorte et voir chaise comme sujet de reculer (= elle fait que la chaise recule). On aboutit alors à un Elle reculeelle désigne la chaise.

Trouvez-vous un peu curieuse cette dernière transformation?
68 

Dans la chaise recule, elle est sujet, alors qu'elle était objet dans il recule la chaise. Comment est-ce possible sans mettre le verbe au passif : avec le même verbe pris dans le même sens?! Cette anomalie permettra de rendre compte de ce qui est le plus difficile à saisir dans l'actanciation : les verbes "symétriques".

Il y a donc des transformations passives-actives, où l'objet direct devient sujet mais sans que le verbe soit mis à la voix passive. Cela n'est possible qu'avec un petit nombre de verbes (dits symétriques). Je casse la branche = La branche est cassée (par moi) = la branche casse. Curieuse transformation, qui semble abolir une frontière essentielle dans le système des voix, et qui en présente une application limite.

On peut dire qu'elle boucle la boucle des transformations en les ramenant au point de départ. En effet, la transformation passive-active peut recevoir une cause qui serait l'ancien sujet (je fais casser la branche), voix causative qui permet de remonter à la voix transitive initiale (je casse la branche). Exercez-vous à transformer de même les dossiers descendent, et ma voiture stationne.
69 

Les dossiers descendent = les déménageurs font descendre les dossiers = les déménageurs descendent les dossiers. Ou : Ma voiture stationne = Je fais stationner ma voiture = je stationne ma voiture.

Faut-il considérer le système des actants comme relativement souple, la distance entre le sujet et l'objet cessant d'être infranchissable, du fait de ces passerelles dont la présence, à la longue, s'efface?
70 

Prenons le cas du verbe transitif employé intransitivement. Ce verbe reste transitif car l'auxiliaire est avoir. Or employer être est possible mais on arrive à une voix passive. Comparer: les dossiers ont descendu / sont descendus. Ceci n'est pas sans intérêt. On peut y voir la valeur spécifique de la réduction passive-active. Elle a l'air de revenir à une voix intransitive, simplement, mais sa valeur est intermédiaire entre une voix active et une voix passive. C'est une voix «moyenne», en somme. Elle est bien connue des hellénistes. Comme la voix pronominale, elle attribue à son objet une part de responsabilité (plus exactement de consentement). On croit ou feint de croire que la branche veut bien casser, les dossiers descendre, la voiture stationner et la chaise reculer...

Mais la voix pronominale ne fait-elle pas à peu près la même chose, en confondant plus ou moins le sujet et l'objet? Dira-t-on que les dossiers se descendent, la voiture se stationne, la branche se casse, la chaise se recule?
71 

La voix pronominale ne serait pas exactement équivalente. Elle est plus naturelle avec ça comme sujet, ce qui la rapproche de l'impersonnel. Une branche, ça se casse. Une voiture, ça se stationne. Des dossiers, ça se descend. Ce démonstratif commute avec cela. Il n'est pas à la voix non marquée.

Dans la plupart des verbes passifs-actifs (ou "symétriques"), la forme transitive semble initiale et la forme intransitive, transformée (parfois peu usitée encore, ou en émergence). La chaleur coagule l'albumine donne l'albumine coagule (à la chaleur). Marie cuit des pieds de porc donne les pieds de porc cuisent. Elle colle un timbre donne le timbre colle bien. Le juge pèse ses mots. Ses mots pèsent. Il plaide la sincérité et sa sincérité plaide pour lui. Les deux critères qui permettent d'identifier le phénomène - possibilité de réintroduire le sujet avec une voix causative réduite; existence d'une voix passive et d'une voix pronominale - ne s'appliquent pas toujours pleinement. Cela dénote un domaine en pleine évolution.

Comment fait-on pour repérer un verbe "passif-actif"?
72 

On essaie les différentes voies (voix). Prenons par exemple le verbe contraster. Il est intransitif (les couleurs contrastent). Il est difficilement transitif. Le peintre contraste les couleurs n'est possible que comme réduction de le peintre fait contraster les couleurs. Mais cette voix causative est combinée avec une voix active intransitive car on chercherait vainement un sujet effacé. Pourtant, la voix passive existe! Les couleurs sont contrastées. Comme toujours, dans le cas des voix passives, on doit s'interroger sur le point de savoir si c'est une voix active transformée ou si ce ne serait pas une voix qualifiante, simplement (les deux sens de il est distrait). Y a-t-il un agent? Ou bien les couleurs ont-elles simplement la qualité d'être contrastées? En ce cas, ce serait une voix qualifiante. Chose sûre : la réduction de voix passive à voix pronominale ne se ferait pas.

On peut penser que les «vrais» verbes passifs-actifs sont ceux qui passent par toutes les voix, présentant ainsi le cycle complet des transformations. La grammaticalisation des voix disponibles est poussée alors aussi loin qu'elle peut l'être. Quand la banche casse, elle se casse, elle est cassée, je l'ai cassée, la colère me l'a fait casser, ma colère la casse, il se casse de la branche, et il se fait casser de la branche... Ça casse! (Cocasses, toutes ces transformations!)

Quelle serait alors la forme la plus réduite, celle qui donne le moins d'actants? Existe-t-il un terme neutre, non marqué, dans le système des voix? Une actanciation qui ne préciserait aucun actant?
73 

La voix impersonnelle (il y a) pourrait passer pour une réduction si le sujet disparaissait effectivement, ce qui n'est pas le cas. Il reste des oranges équivaut à des oranges restent et on parle donc de «sujet apparent» (il) et de «sujet réel» (des oranges). Certes, ce il est grammaticalisé et ne sert qu'à remplir le rôle actanciel de sujet, sans désigner quoi que ce soit. Il annonce cependant le sujet réel qui suit. (Il faut du courage. Il y a des épreuves. Il est honteux de céder.) C'est ce qui le distingue de c'est. Mais n'avez-vous jamais : c'est honteux de céder?
74 

Ce serait très courant mais peu soigné. En principe, il faudrait une virgule avant le sujet réel. C'est honteux, de mentir. De cette façon, les règles sont suivies car c' vise quelque chose dans le contexte. Mais cette virgule ne s'entend plus et ne s'écrit pas davantage, notamment en français québécois, où le il est impersonnel semble avoir abandonné toutes ses prérogatives au profit de c'est. (On entend même souvent C'est beau pour Il fait beau).

Dans la construction impersonnelle, il n'y a place que pour un seul actant ; les autres, s'il y en avait, seraient supprimés (Il a été décidé que...) La définition de la voix impersonnelle est donc double: le sujet est grammaticalisé et il n'y a pas plus d'un actant dans le contexte. Il peut même n'y en avoir aucun (Il pleut). À quoi peut-on reconnaître que il est employé impersonnellement?
75 

Pour que le il soit une marque de l'impersonnel, il faut et suffit que le contexte ne lui laisse pas de possibilités d'actualisation. Comparer: Il reste Jacques / Il reste, Jacques.

Que le sujet puisse être refoulé en position d'objet sans perdre sa valeur de sujet ne doit pas tellement nous étonner car cela se présente aussi à la voix causative. Normalement, à la voix causative, il y a certes trois actants mais si le verbe est symétrique, Je fais tourner la roue = je fais que la roue se laisse tourner! La roue est alors sujet et non plus objet de tourner (comme ce serait le cas dans Je fais tourner la roue par un écureuil). De même: Ils regardaient rôtir les marrons.

Conclusion? Il y a tant de façons de construire le verbe que celle qui est neutre et universelle est tout simplement la fonction verbale comme telle, qui doit se manifester dans tout acte de parole, et qui peut prendre même la forme d'un groupe du nom ou d'un qualifiant, voire de oui / non. Mais ceci nous écarte tellement des constructions verbales qu'il faut ajouter que, pourle verbe, la voix minimale est celle des constructions passives-actives, qui permettent de si nombreuses transformations. Le schéma théorique des cases marquées entourant un élément zéro est dépassé par la multiplicité des possibilités pour le verbe, et par les échanges constants. Les voix sont un organe et pas seulement un système : le verbe est la cellule maîtresse de l'acte de langage.

Table de transformations.

0 (voix neutre) Ça dort dur. Hier, ça exécrait; aujourd'hui, ça adore.

Q (voix qualifiante) Elle semble endormie. Elle est adorable.

P (voix passive) Elle est adorée. Elle est endormie par la musique.

A (voix active intransitive) Elle adore. Elle endort.

T (voix active transitive) Elle l'adore. Elle l'endort.

R (voix réfléchie) Ils s'adorent. Ils s'endorment.

F (voix factitive) Son bonheur de vivre la fait adorer, la laisse s'endormir, la laisse dormir.

A (voix active intransitive et, parfois, construction symétrique) Elle dort (se laisse endormir).

I (construction impersonnelle) Il dort des milliers de livres sur ces étagères.

C (combinaison avec voix factitive). Elle se laisse adorer (endormir).

--- Les vrais intransitifs ne connaissent que le factitif et l'impersonnel (Il vient du monde. Le beau temps fait venir les baigneurs.

Les voix implicites.

Partons d'un exemple. Un enfant, ça ne se lave pas tout seul! Deux sens possibles : ça désigne l'enfant comme sujet (voix active avec se réfléchi ; "il se lave lui-même" et il a besoin d'aide pour y arriver) ou comme objet ("un enfant, qqch. qui ne se laisse pas laver sans aide"). Ce second sens est attesté dans des phrases comme ça ne se dit pas, ça ne se fait pas, ça ne se refuse pas, ça ne se commande pas.

Mais comment passer de l'un à l'autre de ces deux tours? Ça ne désigne-t-il pas nécessairement l'enfant? Lequel des deux commute avec cela?
76 

Ça désigne bien l'enfant mais le problème est du côté de l'actanciation du verbe. En réalité, il y a toute une série de transformations implicites dans le passage de l'un à l'autre de ces deux sens. Partons de l'évidence. Se laver comme transitif avec réfléchi a un sujet qui fait l'action dont il est l'objet (Les enfants sont déjà grands : ils se lavent eux-mêmes). La réduction avec ça donne : des grands garçons, ça se lave tout seul.

Mais sautons à l'impersonnel, avec un pronominal : dans cette buanderie, il se lave surtout des bleus de mécanicien. On a le même verbe mais comme pur pronominal (se n'a pas de fonction) et la voix est impersonnelle. Donc un sujet réel est construit comme objet, et de fait ce sont les bleus, ce qui se justifie si le pronominal est de sens passif (il équivaut à des bleus sont lavés) ce qui est exactement le cas. À quoi servent ces réductions sinon à éliminer le sujet? Et de fait, on ne dit pas qui les lave.

On a donc, à côté du ça qui commute avec cela (cela ne vous concerne pas), un ça qui a perdu sa valeur démonstrative, qui remplace le il impersonnel, et qui n'a pour toute valeur que de souligner l'existence du procès, de la valeur de verbe de ce qui le suit (et qui est un verbe, comment ça va?, ou presque : ça boume?)

Si la voix impersonnelle est implicite dans l'absence de mention du sujet, le détour par la voix causative est éclairant aussi. Pour ajouter une cause, prenons des bleus (leur saleté est une cause possible de lavage). Les bleus se font laver. La voix causative peut toujours se réduire à une voix active. Les bleus se lavent. Pour arriver à ça, il ne reste qu'à le mettre à la place du sujet. Ça se lave (les bleus). De même, un enfant, ça se lave, mais ça ne va pas tout seul, donc ça ne se lave pas tout seul. (Les deux sens sont compossibles.)

La boucle est parfaite, mais on peut voir que ça n'a pas été tout seul, c'est le cas de le dire, puisqu'il a fallu passer par la présence implicite (paradigmatique) de tout le système des voix : passive, pronominale, impersonnelle, causative, active, et réduite à ça. Mais ces implications ne font que confirmer le statut de voix minimale pour le verbe précédé de ça.

CONSTRUCTION DU NOYAU VERBAL

VOIX PURES
Voix et marque. Actants. Valeur. Exemple.
Voix non marquée. Pure fonction verbale. Élévation d'un ton ; ou construction avec ça, grammaticalisé. Aucun (ou des actants dont le rôle reste indéterminé). Pivot d'acte de parole. Si. D'ac. Joli. Vite. Ça va? Ça boume. Ça refroidit. Ç'a été? Ça parle trop là-dedans. C'est vrai. C'est elle.
Voix impersonnelle avec il. Verbe ou locution verbale où il ne désigne rien. Objet possible. Action limitée à elle-même. Il tonne. Il pleut. Il fait beau. Il y a du soleil. Il est des gens honnêtes. Il était une fois... Il faut partir. Il s'agit de courir.
Voix intransitive (verbe intransitif, ou employé intransitivement, locution) Verbe avec actant sujet. Action menée. Elle crie. Elle a crié. Elle sait. L'insuccès dépite. Le reproche surprend. Ils avaient maigri. Elle avait eu peur (faim, peine à ...)
Voix qualifiante (être + attribut, + participe). Une substance et une qualité. Idée assertée. Il est roublard. Ne soyez pas surprise. Les résultats sont maigres. Ils sont décevants.
Voix passive (être + participe passé). Un verbe d'action vu comme qualité appliquée à une substance objet-sujet. État. (Action accomplie sur son objet.) Il est dépité (par cet insuccès). Des récidivistes sont pris sur le fait. Un reproche pourrait-il leur être adressé? Les devoirs sont faits. Un déjeuner fut avalé en cinq secs.
Voix active transitive. Un verbe d'action avec sujet et objet. Objet indirect facultatif. Action exercée sur qqch.. Elle pousse des cris. Elle lui crie de partir. Pars, crie-t-elle. Je te le téléphonerai, mon numéro. On lui envoie sa correspondance.
Voix pronominale (se + lexème verbal conjugué). L'objet est le même que le sujet, mais se grammaticalise. Intérêt personnel, ou "état actif". Les lézards se prélassent. Ils s'attendent à une catastrophe. Ils se doutent de qqch. Le voilier s'évanouit dans la brume.
Voix causative (faire, laisser, voir + infinitif). Un verbe d'action avec sujet et objets, + un actant super-sujet. Action provoquant une action exercée sur qqch. On le fit appeler. Il se fait envoyer sa correspondance (se objet indirect). On se fait couper les cheveux par Caroline. Elle a vu la musique la plonger dans une sorte d'extase.

RÉDUCTION DE VOIX
Voix ergative (causative réduite à voix active). Verbe d'action. Un super-sujet. Un sujet occulté. Cause prenant la place de sujet. Il bâtit (pas de ses mains). On l'appela (par messager).
Voix passive réduite à voix pronominale. Verbe d'action, transitif, l'objet sert de sujet + se, sujet occulté. Enlever à l'action sa passivité, la montrer en train de se faire. Les séances se tiennent en soirée. Les devoirs se font en douceur. Les pommes se vendent bien. Le clocher s'aperçoit de loin.
Voix causative réduite, en gardant la voix pronominale et la voix impersonnelle. Un verbe d'action et son objet. Une cause occultée. Il impersonnel. Occulter sujet et super-sujet. Garder l'action se faisant. Il se sectionne des fils. Il s'assassine des enfants.
Réduction symétrique. Verbe d'action, transitif. Objet devenant super-sujet. Action dont l'objet est seul mentionné, un peu comme cause. La branche casse (se laisse casser). L'écu défonce. Les pommes de terre rissolent. Ça me chante.

VOIX IMPERSONNELLE COMBINÉE
Voix impersonnelle avec voix qualifiante. Une qualité. Il sans référent; sujet réintroduit avec de. Idée, à placer comme thème. Il est vrai que... Il est (semble, paraît) possible (nécessaire, impossible) que... Il fait bon dormir ici. Il ferait beau de voir ça. Il est honteux de mentir. Il est interdit de stationner.
Voix impersonnelle avec voix intransitive. Il sans référent; objet devenant sujet "réel"). Action menée, à placer comme thème. Il arrive des amis. Il reste des biscuits. Il déferle des vagues. «Il m'en souvient». «Il y va de notre honneur». Il en va ainsi. Il nous arrive d'en baver. Mieux vaut en rire. Il manque du sel. Il suffit d'y penser.
Voix impersonnelle avec voix passive . Un verbe d'action et son objet. Occulter le sujet et présenter le verbe comme une idée. Il est poussé des cris. Il est coupé du bois à la scie. Il est pris sur le fait des récidivistes. Il a été trouvé un portefeuille. Il a été décidé que...
Voix impersonnelle avec voix pronominale. Un verbe d'action et un actant étroitement lié à lui. État actif et placement du prédicat sur l'objet. Il se passe qqch. Il s'est produit qqch. Il s'écoule du temps. Il se peut que ça coince. Il s'en est fallu de peu. Comment se fait-il que ce soit eux? Il se vend des pommes. Il se tient des séances en soirée.
Voix impersonnelle avec voix pronominale et voix intransitive. Il sans référent. Se sans fonction. Pas d'actant. Action limitée au passage du temps. Il se fait tard.

VOIX CAUSATIVE COMBINÉE
Voix causative (faire, laisser, voir + infinitif) avec voix qualifiante. Qualité, substance sujet facultative, super-sujet ou cause. Action provoquant l'idée. Cela rend les résultats maigres. Tu le laisses être vil. On voit les dentelles faire riche.
Voix causative (faire, laisser, voir + infinitif) avec voix active intransitive. Un verbe d'action avec sujet facultatif et super-sujet. Action provoquant une action. Il me fait rire. Laisse-nous pleurer. Tu le verras pâlir. On les a laissé fuir. Les lieux qui nous ont vu naître.
Voix causative (faire, laisser, voir + infinitif) avec voix passive. Un verbe d'action vu comme qualité appliquée à une substance par une cause. Action provoquant un état. Elle la laisse être fâchée. (Tour anglicisant; en fr. il y a réduction à la voix active ou du moins à la voix pronominale : La rage la fait étouffer, s'étouffer plutôt que être étouffée.)
Voix causative (faire, laisser, voir + infinitif) avec voix pronominale. L'objet est le sujet, avec grammaticalisation mais un super-sujet intervient. Action provoquant une action avec intérêt personnel, ou "état actif". Le soleil fait se prélasser les lézards. Elle s'est laissé convaincre par sa soeur (plutôt que : Elle a laissé sa soeur la convaincre).
Voix impersonnelle avec voix causative et avec voix pronominale. Un verbe d'action et son objet. Une cause occultée par litote. Mêler le sujet et l'objet dans une action présente donnée comme idée. Il se fait sectionner quantité de fils électriques par grand froid. Il se fait assassiner des enfants. Il se fait crever des pneus.

Classement des verbes selon leur construction.

Prenons éternuer, gesticuler, grelotter. Ce sont des actions qui n'ont d'objet que leur sujet : le corps. Quelque chose peut être craché, ce qui rend le verbe transitif mais cette transitivité, normale, est effaçable (on crache normalement un crachat, ce qui va de soi et rend l'emploi intransitif facile). Pourrait-on éternuer qqch.? Moins facilement. On éternue, action qui se limite à un sujet. C'est un intransitif pur. L'employer transitivement serait une licence, imaginable seulement dans un contexte littéraire ou comique : "Pour me quoi?!! éternua-t-il." On n'accepterait pas facilement "Quelle humidité! grelotta-t-il", ou "Hors d'ici! gesticula-t-il"... Ceci pour dire que le contexte peut peser sur les constructions du verbe au point de les arracher à leurs habitudes.

Pensez-vous que tous les verbes puissent prendre toutes les constructions?
77 

Il y a pour chaque verbe des tours plus naturels que d'autres mais des regroupements sont à envisager. La principale frontière entre les classes de verbes à constituer se situe entre les intransitifs et les autres. Seuls les transitifs acceptent des transformations qui supposent sujet et objet distincts (voix passive par exemple). Mais la transitivité peut surgir au sens figuré. Plus elle est exceptionnelle, plus rares et plus bizarres seront certaines transformations.
Quelques verbes normalement intransitifs. Aboyer (mais des ordres peuvent être aboyés), agir, capituler, cheminer (mais un colis est acheminé), courir (mais le cent mètres est couru), crépiter, déambuler, débouler, éternuer, gesticuler, grelotter, jongler, marcher, mentir (mais il est transitif indirect ce qui donne : on s'est menti l'un à l'autre), parler (transitif indirect aussi), régner, rire, sévir, sourire, traînasser, voyager.

Les objets des verbes impersonnels sont en fait des sujets et on peut donc joindre à cette liste : il pleut (les coups pleuvent), il tonne (le canon tonne), il grêle (les injures grêlent sur eux), etc. Ne devrait-on pas faire une classe pour les verbes impersonnels, classe qui, démunie d'actants, serait plus simple encore que celle des verbes intransitifs?
78 

On pourrait le faire mais pratiquement tous les verbes peuvent se construire impersonnellement (il est perçu une taxe sur le savon par les brigadiers). Ceux qui ne peuvent paraître que sous la forme impersonnelle sont en très petit nombre : il ne s'agit que d'archaïsmes ou de grammaticalisations (il y a, il fait, il faut, il importe, il s'agit de).

En revanche, dès qu'un verbe est transitif, pratiquement toutes les transformations deviennent possibles. Rares sont les transitifs qui ne peuvent pas s'employer intransitivement (battre : on bat le grain, on se bat, on est battu, mais le coeur bat). Voyons de plus près les verbes de mouvement, qui hésitent entre les auxiliaires être et avoir. C'est une questions de transitivité, justement, puisque ce sont seulement les intransitifs qui peuvent former leur passé composé avec être (forcément, puisque s'ils avaient un objet, être servirait à former la voix passive).
Intransitifs de déplacement. Aller (à un lieu), arriver (à un lieu), décéder (mais il a décédé, pour souligner l'action), descendre (mais on descend un colis), échoir à qqn (comme action mais un délai est échu), entrer (mais on entre des données), mourir (le transitif correspondant est tuer), naître, partir, sortir (mais on sort l'armoire, on la fait sortir), tomber (mais on tombe la veste pour se battre), venir.

La série des verbes progressifs en -ir tirés de qualificatifs est aussi intransitive : grossir, maigrir, jaunir, pâlir, pourrir, rajeunir, vieillir. On dit les citrouilles grossissent. Mais ont dit aussi le soleil les fait grossir. Et il les grossit. Ces verbes deviennent donc transitifs, mais par le détour d'une voix factitive qui est réduite ensuite. Cette voix active est une transformation. Ce sont des verbes intransitifs au départ.

Les limites sont-elles nettes, ou bien les verbes peuvent-ils passer progressivement d'une catégorie à une autre?
79 

Prenons le cas du verbe stationner. Il passe pour transitif puisque toute le monde stationne son véhicule. Toutefois, originellement, c'était le convoi ou le véhicule qui stationnaient. Stationner était naguère intransitif et les puristes ont corrigé son emploi transitif comme une faute, mais en vain. C'est par la même voie que les verbes progressifs en -ir tirés de qualificatifs sont devenus transitifs. Mais cet emploi est devenu si naturel qu'il a cessé d'être entendu comme une transformation. C'est l'occasion de constater que la fluctuation de l'usage modifie même les structures, qui fluctuent plus rarement du fait qu'elles sont des synthèses de l'ensemble des usages.

Les neuf dixièmes des verbes sont transitifs mais pour peu que leur objet soit implicite ou quelconque, ils peuvent être employé intransitivement (on mange, on boit, on lit). Il y a des sous-classes intéressantes. Quelques transitifs ne sont pas passivables (comporter, coûter, valoir, pouvoir). Il y a des transitifs indirects (parvenir à, résister à, songer à (mais en québécois, une réalisation bien pensée est "songée"), changer de, douter de...) Ils s'emploient aussi comme intransitifs, et certains doivent être considérés à l'inverse, comme des intransitifs qui deviennent transitifs indirects (parvenir à, partir de), ou qui exigent une préposition spécifique (languir après); de nombreux pronominaux acceptent voire exigent un complément avec à ou de (se confronter à, se résigner à, se préoccuper de, se rire de). La diversité des contextes rend certains transitifs aussi bien directs que indirects ou même intransitifs (applaudir à, attendre de, commander à, croire à ou en, discuter de, penser à, méditer sur, demander à... de...)

La classe des verbes symétriques est aussi fort riche : accoucher, augmenter, baigner, brûler, casser, changer, chauffer, couler, cuire, diminuer, divorcer, durcir, fléchir, fondre, guérir, mollir, plier, remuer, rompre, rouler, sécher, tourner... Pour ces verbes, comme on l'a vu plus haut pour les verbes en -ir tirés de qualificatifs, qui sont aussi des symétriques, l'évolution vers la transitivité passe par une voix factitive réduite. Mais tous n'ont pas la voix pronominale et cela permettrait de créer d'autres sous-classes.

Applications.

Exercice 1 Fabriquer, sur un verbe pris au hasard, des exemples concrets vraisemblables, en essayant successivement chaque type de construction théoriquement possible. Si l'on part d'un verbe «passif-actif» (appelé aussi symétrique), il y a des chances d'arriver à faire une série presque complète. Voici, comme exemple, ce que donnerait le verbe traîner. Voix qualifiante: Sa voix est traînante (ou Il est traînard). Voix active intransitive : Il traîne. Voix passive : Il est traîné de force (ou les colis sont traînés par des chiens). Voix pronominale : Elles se traînent parmi les débris de verre. Regardez ces fuyards qui se traînent l'un l'autre. Voix active transitive : Ils les leur traînent enchaînés (les soldats, les esclaves, aux princes) ou Il traîne son chien à sa maîtresse. Voix impersonnelle avec voix active intransitive : Il traîne des papiers par terre (ou Il traîne des chaussettes dans tous les coins). Voix impersonnelle avec voix pronominale : Tous les jours, il se traîne dans la boue des innocents. L'hiver n'arrive pas, il se traîne une chaleur insupportable.

Voix causative + active intransitive : Laisse-les traîner. Voix causative + voix pronominale : Elle se laisse traîner jusqu'au jardin pour faire croire à un évanouissement. Trois voix combinées : impersonnelle, causative et pronominale : Il se fait traîner des carrosses par de superbes chevaux. Réduction de voix causative : Le vieux traîne ses savates sur le parquet. Réduction symétrique : Mon chien traîne de la patte (venant de: sa patte fait traîner mon chien). Des papiers traînent (venant de: On laisse des papiers traîner).

Autre ex. Ce vieux tacot est poussif. Les maïs avaient poussé. Il a été poussé par une force irrésistible. Il cherche à se pousser dans le monde. Elle pousse la porte. Il pousse dans cette forêt des milliers de plantes inconnues.

Impers.+ pron. : Il se pousse beaucoup de pousse-pousse à Pékin. Impers. + passive : Il est poussé des hurlements. Caus.+ qualif. : Tu le vois devenir poussif. Caus.+ intrans.: Il fait pousser des choux. Caus.+ pron.: Il se laisse pousser la barbe. Caus. + trans.: Il lui laisse pousser ses rebuts dans son assiette. Impers.+ caus.+ pron.: Il se fait pousser beaucoup de joueurs dans la bande. Réd. passive-active : Ma fleur pousse (à cause des rayons du soleil).

À essayer: admettre, déposer, embraser, embrasser, froisser...

Exercice 2. Placer dans le tableau : Tu es passé par là. Ça se passe comment? Son portefeuille est passé dans les mains des voleurs. Je passe (au bridge). Il est passé par ici. Il passe le ballon. Il s'en passe, des choses. - Il dessine bien. Ces fruits sont dessinés. Elle les a fait dessiner. Il ne se dessine plus de pareilles merveilles. - Change-toi. Ça te change. Il faut que ça change. Elle a beaucoup changé. Sa voix est toute changée. Le filtre a été changé. As-tu fait changer l'huile? As-tu changé l'huile? Les moeurs se changent progressivement. Il est changé de la monnaie tous les jours. Il se change beaucoup de devises ici. Le temps change. Tu le vois changer de visage. Il se fait changer quantité de pneus à l'arrivée de l'hiver. - le repas est mangeable. Il se fait manger la laine sur le dos. Les crevettes se mangent avec du beurre à l'ail. Il se mange du chien en Chine. Il a été mangé un pain. Elle le fait manger avant. La faim la lui fait manger brûlée, sa toast. - Elle écrit. Le livre est écrit en grec. Le discours est écrit par sa compagne. Ce crayon écrit bien. Cette histoire s'écrit bien. Il s'écrit toutes sortes de livres. Ces tours rendent le texte plus écrit. La situation fait s'écrire toutes sortes de commentaires. - Tu le feras battre en retraite. Tu le feras battre à mort. Il en bat, des coeurs. - Les tournois ultérieurs verront les joueurs bruxellois mieux préparés.

Exercice 3. Faire une phrase contenant le verbe jaser à la voix non marquée; jointoyer à la voix qualifiante; zigzaguer à la voix impersonnelle; zapper à la voix intransitive; zézayer à la voix passive; jucher à la voix pronominale; jouxter à la voix active; jeter à la voix causative; et ainsi de suite, pour les autres cases, avec les verbes : juxtaposer, jaunir, jouer, mijoter, réjouir, jargonner, zigouiller, juguler, joncher, jaillir, jalonner, zieuter, justifier.

Corrigé : Ça jase là-dedans. Les murs doivent être jointoyés. Avec le verglas, il zigzague des véhicules. Ils zappaient. On a mal compris parce que les réponses étaient zézayées. Elle se juche sur le tabouret. Le pré jouxte la rivière. Je vous laisse jeter un coup d'oeil. Il juxtapose les deux colonnes de blindés. La papier se jaunit (il est jauni par la lumière). C'est une salle où il se joue du théâtre d'avant-garde. La popote mijote. Il est réjouissant de penser que toutes les fourchettes seront remplacées par des baguettes. Il jargonne des interprètes. Il se zigouille bien des chienchiens héritiers présomptifs à leur mémère. Il sera jugulé des réactions sans hésitation. Nous avons vu la cour jonchée de débris. On fait circuler un courant sur l'axe du microlaser, ce qui fait jaillir un rayon. L'histoire se fait jalonner par les crises. Ma douce se fait zieuter sur la grand-place. Il se fait justifier des frais de voyage plutôt exorbitants.

Exercice 4. Placer les se fait des phrases suivantes dans le tableau. Il se fait un shampooing. Il se fait passer pour un agent du FBI. Il se fait insulter publiquement. En entendant traiter ses amis de monstres, l'enfant se fait une image de l'autre dévalorisée. Il se fait souvent un changement de pratique avec l'expérience. Il se fait justice. Il se fait tard. Il se fait qu'il est déjà minuit. Il se fait un minimum de quatre camemberts à la demi-heure. Il se fait en certains points une concentration locale de chaleur qui provoque l'éruption volcanique.

Corrigé : Voix active transitive avec objet indirect. Voix causative avec voix pronominale (se est objet sujet). Idem avec se objet objet. Voix active transitive avec objet indirect. Voix impersonnelle avec voix pronominale. Voix intransitive (locution) avec objet indirect réfléchi. Voix impersonnelle avec voix intransitive (locution) et voix pronominale. Voix impersonnelle avec voix pronominale. Voix impersonnelle avec voix passive réduite à une voix pronominale. Voix impersonnelle avec voix pronominale.

CONSTRUCTION DU VERBE 1

Les actants. 1

Transitif ou intransitif? 2

Nécessité de l'objet ou emploi «absolu»? 3

Trois actants. 3

La forme des voix. 4

Participe passé ou infinitif? 8

Passé ou passif? 8

Être ou avoir. 10

La voix passive, une transformation. 11

Le tour impersonnel. 13

Sujet implicite de l'infinitif. 16

La voix causative. 17

Des transformations. 20

Les voix implicites. 23

CONSTRUCTION DU NOYAU VERBAL 25

Exercice 1 26


Retour à la page d'accueil du C.A.F.É.

Retour à la table des matières.

Copyright © 2002   C.A.F.É.