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Extraits. |
Le Bel Inconnu. Ivain. |
Procédés typiques. | Ingrédients. |
Début et fin. 1150-1250 environ.
Lieux. France.
- La "triade classique".
Le Roman de Thèbes (vers 1150).
Enéas (vers 1160).
Benoît de Sainte-Maure, le Roman de Troie (vers 1160).
- Le roman breton.
Béroul et de Thomas (contemporain ou légèrement
antérieur), Tristan et Iseult (1170-1190).
Chrétien de Troyes (1135-1181), Erec et Enide (1170),
Cligès (1176), Lancelot, ou le Chevalier de la charette
(1177-1181), Yvain, ou le Chevalier au lion (id.),
Perceval, ou le Conte du Graal (amorcé après le 14 mai
1181).
- Le roman byzantin.
Gautier d'Arras, Eracle (peu après 1164), Ille et
Galeron (peu après août 1167).
- Le roman idyllique.
Floire et Blancheflore (1170)
Aucassin et Nicolette (premier tiers du XIIIe
siècle).
Récit de longue haleine (vs le lai et le fabliau) souvent en vers octosyllabiques à rimes plates, écrit par un clerc, mettant en scène des exploits de chevaliers et des aventures amoureuses. Le héros est un preux, mais il n'a plus de mission ni de fonction essentielle: l'amour est la grande affaire de sa vie. Le roman reflète une vie de cour délicate, à l'abri du besoin, et exprime une conception aristocratique de l'amour (la fin'amor).
Il s'adresse à un public cultivé dont il flatte le goût littéraire (allusions à d'autres héros romanesques, decriptions d'objets d'arts où sont représentés des épisodes romanesques, etc.), et plus particulièrement aux dames. Le texte n'est plus chanté (comme la chanson de geste) mais vraisemblablement lu, à haute voix, en petit comité, dans la chambre des dames.
Il n'exalte plus une collectivité, mais invite à l'évasion : la chanson de geste prenait son inspiration dans la "matière de France", le roman se nourrit de la "matière antique" (la "triade classique") et de la "matière de Bretagne" (Tristan, les romans de Chrétien de Troyes).
La naissance de ce nouveau genre est à mettre en rapport avec une évolution de la société, caractérisée notamment par l'influence grandissante des femmes et le développement de l'éthique courtoise. Il incarne un rêve de bonheur, un sentiment de force, la volonté de triompher d'un mal. Il a pour fonction sociale de sceller, par le moyen d'une adhésion à un ensemble de valeurs (de beauté et de sentiments) la communauté de la cour (Zumthor 1972).
Origines.
- Origines de la fin'amor.
1) Poèmes d'Ovide (Ars amandi et Remedia amoris);
2) Tradition cléricale remontant au haut moyen âge : correspondances
plus ou moins amoureuses entre hommes d'Eglise et moniales (cf. liaison
d'Abélard et Héloïse, 1118-1120).
3) Poésie latine des vagants ou goliards, où les
thèmes érotiques apparaissent dès le XIe
siècle;
4) Influence musulmane (et plus spécialement andalouse) : poésie
arabe inspirée par le mysticisme soufi.
5) Chansons de geste, dont le roman courtois se distingue. La courtoisie est une
réaction contre les valeurs véhiculées par la chanson de
geste (mépris des attachements féminins, indifférence
à la volonté de la femme, impudeur de la parole).
- Origines du roman courtois.
1) Les grands récits, mythologiques ou historiques, de l'Antiquité
(l'Enéide, de Virgile, les Métamorphoses
d'Ovide, la Thébaïde de Stace) fournissent sujets, style,
procédés d'invention, images, types de personnages.
2) Histoires et légendes d'origine celtique, baignées de merveilleux
païen et de ferveur chrétienne, diffusées par les bardes gallois.
Les thèmes de ces récits sont présents dans le Roman
de Tristan et les romans de Chrétien de Troyes (qui donne au mythe
du Graal sa signification chrétienne et qui, en l'associant à la
légende arthurienne, a permis la naissance, au XIIIe
siècle, de grands romans religieux attachés au cycle breton).
3) Le roman grec. Le seul roman grec connu (sous forme de traduction latine
principalement) au moyen âge est Apollonius de Tyr. On voit son
influence sur le roman la Fille du Comte Pontieu, sur les romans idylliques
Floire et Blancheflore et Aucassin et Nicolette.
4) Littérature byzantine et orientale. Aimon de Varennes déclare
avoir ramené de Philoppopoli le sujet de son Florimont (1188).
Influence des Mille et une nuits sur l'Eracle de Gautier
d'Arras.
5) Poésie courtoise. Poésie lyrique musicale qui exalte la
fin'amor.
Postérité.
- La prose (XIIIe).
L'octosyllabe est au Moyen Âge la forme poétique la moins
marquée. C'est la prose du XIIe siècle. Le
glissement vers la prose proprement dite se fera au XIIIe
siècle, la prose sera alors l'une des caractéristiques du genre
romanesque.
Le "dérimage" (= mise en prose de romans préexistants en
vers). Ex. : le Tristan en prose (1225-1250).
Les romans en vers du XIIe siècle constituent un
trésor où puiseront les romans en prose jusque dans le
XVIe siècle. Agents, motifs, procédés
d'enchaînement vont être adaptés aux dimensions de la prose
désormais sans limites. Tendance à la cyclisation, autour d'agents
traditionnels et de types (cf. la chanson de geste, dans la seconde
moitié du XIIe siècle, constitution de cycles,
à partir des chansons primitives, la laisse s'allonge et la longueur de la
chanson augmente).
Mais le vers résiste dans le roman. La prose fait son apparition dans
le roman au XIIIe siècle, mais à la fin du
XIVe siècle encore, Froissart rime son
Méliador sur le modèle hérité de
Chrétien de Troyes.
- La postérité du genre.
Le roman connaît une évolution et une diversification, prenant
des couleurs diverses, réaliste avec le Roman de la rose de Jean
Renart, allégorique et didactique avec le Roman de la rose (vers
1230) de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun (1270-1285), mystique et
religieux avec la Quête du saint Graal et les grands ensembles
cycliques en prose , le Didot-Perceval et le Lancelot-
Graal.
Le roman courtois imprègne de ses thèmes les
dernières chansons de geste.
Les romans de chevalerie des XVe et
XVIe siècles sortirent de la plume des compilateurs. Mais,
dès 1230-1260, l'"aventure" a perdu son sens existenciel, elle se
réduit soit à un enchaînement de symboles (la
Quête du Graal) soit à une suite d'anecdotes curieuses.
En Allemagne, le roman courtois connut une grande vogue au
XIIIe siècle, avec Hartman von Aue (Erec et
Iwein), Wolfram von Eschenbach (Parzival, entre 1200 et
1212), Ulrich von Zatzikoven (Lanzelet) et Gottfried von Strassburg. Mais
l'on n'a pu déterminer l'exacte relation de ces textes et les textes
français correspondants. Il en va de même pour les romans
norvégiens du XIIIe siècle. Il semble qu'il y ait
sources communes (sous la forme de contes populaires celtiques) et
développement divergent (Zumthor 1972, p. 483).
Zumthor, 1972, p. 370 : La fiction romanesque médiévale a
peu de traits communs avec celle qui prévaudra dans des récits
ultérieurs. Elle est tournée sur elle-même, sans souci de
refléter autre chose que ses propres jeux.
AUERBACH, Erich, "Les aventures du chevalier courtois", in Mimésis, Gallimard, 1968, p. 133-152.
COHEN, Gustave, le Roman courtois au XIIe siècle :
les origines du roman, Paris, Centre de documentation universitaire, 1964.
COULET, Henri, "le Roman aux XIIe et XIIIe siècles", in le Roman jusqu'à la Révolution, Paris,
Armand Colin, 1967.
RIBARD, Jacques, "Aux origines du roman français : le roman au
XIIe siècle", in le Genre du roman, les genres de
romans (actes de Colloque), PUF, 1980.
ZUMTHOR, Paul, Essai de poétique médiévale,
Le Seuil, 1972.
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