Informations. | |
Extraits. |
Portrait de Rollon Langrune. Portrait de François Mitterrand. |
Procédés typiques. | Ingrédients. |
Début. Antiquité. Encore en usage aujourd'hui.
Lieux. Le dossier ne porte que sur la littérature
européenne.
Thucydide (455-396), portrait de Thémistocle, Histoire de la
guerre du Péloponnèse, I, 138, 9-20.
Théophraste (372-286), les Caractères.
Plutarque (46-120), portraits de Thémistocle dans la Vie de
Thémistocle (2, 1-20 et 5, 29-32), portrait d'Alexandre dans la
Vie des hommes illustres, Paris, Garnier Frères, 1927, t. IV, p.299.
Suétone(75-160), la Vie des douze Césars.
Marie de France (1154-1189), Amazone dans Lanval, v. 472-477 et v.
548-584, Dame au lit dans Lanval, v. 93-106 et Eliduc, v. 1010-1016,
Pucelle au Bassin d'Or dans Lanval, v. 55-64, portrait de la femme du
sénéchal dans Equitan, v. 31-37.
Portraits de la demoiselle arthurienne (XIIIe siècle) dans
l'Atre Périlleux (avant 1250) et le Roman de Laurin.
Konrad von Würzburg, Der Welt Lohn (XIIIe siècle. Fabliau
allemand), v. 64-91.
Adam de la Halle, le Jeu de la feuillée (1276; description de la
femme idéale).
Guillaume de Machaut (1300-1377), portraits à l'entrée du prologue
de ses oeuvres (1370-1377).
Hernando del Pulgar (v. 1436-1493), portraits des rois catholiques dans Los
Claros Varones de Castilla (1486), portrait du roi Ferdinand d'Aragon dans
Cronica de los Reyes Catolicos.
Guillaume Alexis, Blason de fausses amours (1486).
Philippe de Commynes (1447?-1511), portrait de Louis XI dans les
Memoires (1489-1498), ch. X, livre I.
Jean Lemaire de Belge (1473-1525), portrait de Vénus, Oeuvres,
ch. XXXIII.
Anne de Graville (1490-1521), portraits dans le Beau Roman des deux amants
Palamon et Arcita et de la belle et saige Emilia, v. 524-545.
Margerite de Navarre (1492-1549), portraits dans la Coche (1547), v.
1061-1099.
Agnolo Firenzuola (1493-1543), portraits féminins dans Ragionamenti
d'amore (1523-4.
portrait de Rosemonde, compte premier par Madame
Mélibée).
Gringore, le Blason des hérétiques (1524).
François Rabelais, portrait de Panurge dans Pantagruel (1532), ch.
IX, sa livrée, ch. XV, ses "moeurs et conditions", ch. XVI, son
vieillissement dans le Tiers-Livre, ch. XXVIII, portrait de frère Jean,
Gargantua (1534), ch. XXVII.
Marot, le Blason du beau tétin (1535).
Roger de Collerye, Blason des dames (1536).
Pierre de Ronsard (1524-1585), "Des beautez qu'il voudroit en s'amie" (1547),
"l'Élégie à Janet peintre du roi" (1555), épithaphe
pour le "Tombeau de Marguerite de France, duchesse de Savoye. Ensemble celui de
tres-auguste et tres-saincte memoire, François, premier de ce nom, et de
Messieurs ses enfants", Oeuvres, Pléiade, 1950, t. II p.481.
Alonso de Santa Cruz, portrait de Charles Quint, Cronica del Emperador Carlos
Quinto (1550), ch. VII.
Filbert Bretin (1540-1595), Trente choses requises à la beauté
d'une femme, Poésies amoureuses.
Jean Puget de La Serre, la Clitie ou Roman de la Cour (1630).
Georges de Scudéry, Cabinet (1636).
Desmaretz de Saint-Sorlin (1595-1676), les Visionnaires (1637), I, 4
("Filidan, laisse-moi dans ces divins transports/ Descrire la beauté que
j'apperceus alors").
Gautier de Costes de La Calprenède, Cassandre (1642-1660).
Mademoiselle de Montpensier (1627-1693), seize portraits dans la Galerie des
peintures ou Recueil des portraits en vers et en prose (1659).
Molière (1622-16673), le Misanthrope (1666).
Jean de La Bruyère (1645-1696), les Caractères (1688;
ex. : portrait de Théognis, ch. Des Grands, 48); Saint-Simon
(1675-1755), portrait de Louis XIV, Mémoires (1739-1752).
Galerie de belles actrices, le Figaro (1837).
Stendhal (1783-1842), portraits de personnages grotesques (Gonzo, la princesse
Isota, La Raversi), la Chartreuse de Parme (1839).
Louis Blanc (1811-1882), portrait de Louis-Philippe, Histoire de dix ans
(1841-1844).
Arsène Houssaye, Galerie de portraits du XVIIIe (1844).
Sainte-Beuve, Portraits de femmmes, Portraits littéraires (1844),
Portraits contemporains (1846).
Gustave Planche, Portraits littéraires (1849).
Clément de Ris, Portraits à la plume (1853).
Gérard de Nerval (1808-1855), portrait d'Adrienne, Sylvie
(1853), II, p. 594-595, portrait de la Reine de Saba, Voyage en Orient
(1853), p. 576 et 582, portraits d'Aurélia, Aurélia
(1853), I, p. 775 et II, p. 818, dans Oeuvres, Garnier, 1966, El
Desdichado, les Chimères (1854).
Baudelaire (1821-1867), Spleen ("Je suis un cimetière..."),
"l'Héautontimoroumenos" ("Ne suis-je pas un faux accord..."), les
Fleurs du mal (1857).
Gustave Flaubert (1821-1880), portrait de Catherine Leroux, Madame
Bovary (1857), IIe partie, ch. VIII.
Hippolyte Castille, Portraits politiques au XIXe (1856-1860).
Théodore de Banville, Camées parisiens (1865).
Barbey d'Aurevilly, Quarante médaillons de l'Académie
(1865), Trente-sept médaillons du Parnasse contemporain (1866).
Charles Monselet, Portraits après décès (1866).
Catulle Mendès, Figurines de poètes (1868).
Théophile Gautier, Portraits contemporains (1874).
Paul Verlaine (1844-1896), Sagesse (1881), III, 5 ("Je suis le
berceau...").
Walter Horatio Pater (1839-1894), Portraits imaginaires (1887).
Roger Martin du Gard (1881-1958), portraits d'Oscar Thibault puis de
l'abbé Vécard, les Thibault (1922-1940), Pléiade,
I, p. 582-3, portrait de Madame de Fontanin, p. 590.
André Breton (1896-1966), l'Union libre, dans Clair de terre
(1923), portraits de Nadja dans Nadja (1928), Gallimard, 1964, p. 71,
76, 79, 128.
Charles de Gaulle, portrait de Pétain, dans Mémoires de
guerre (1954-1959).
François Mauriac, portraits de Georges Bidault, dans le bloc-notes du 13 juin
1962, le Nouveau bloc-notes. 1961-1964, Flammarion, 1968, p. 16-163,
portraits de Thérèse, Oeuvres, Pléiade, III, p. 91,
148, 157.
Jacques Sternberg, portrait des extra-terrestres, Entre deux mondes
incertains, Denoël, 1957, p. 80.
René Barjavel, portrait de l'extra-terrestre, la Nuit des temps,
Presses Pocket, 1968, p. 82.
Nathalie Sarraute, Portrait d'un inconnu.
Le portrait est un texte donnant des renseignements sur l'être d'un personnage, réel ou fictif. Il peut prendre la forme de la prosopographie, de l'éthopée, du dialogue, du monologue, du récit d'actions, de la description d'un habitat ou d'un décor, etc. Il semble entrer dans divers genres sans appartenir à aucun en particulier ni se constituer de figures inévitables. Il apparaît aussi bien dans le genre judiciaire que dans le genre épidictique, dans le discours de l'historien que dans celui du dramaturge et du romancier, dans les textes argumentatifs que littéraires. Il pose des problèmes de localisation. Qu'est-ce qui, dans l'Éducation sentimentale, constitue le portrait de Frédéric Moreau? Le personnage est construit par toutes les phrases prononcées sur lui et par lui. L'on pourrait alors définir le portrait comme un lieu du texte ou comme un texte caractérisé par une densité telle de renseignements que le lecteur peut se faire une idée complète d'un personnage.
La caricature est une variété du portrait, qui se distingue par l'intention qui préside à son énonciation. Alors que le portrait est fait par un "esprit inoffensif", la caricature se fait dans un "esprit tendancieux" (Freud) visant à discréditer un personnage-cible et à faire de son destinataire le complice de la dépréciation.
C'est un discours persuasif spectaculaire et fortement marqué énonciativement. Le locuteur combat à visage découvert; il ne dissimule pas sa subjectivité. La caricature mobilise les marques de la subjectivité affective et axiologique négative : termes et connotations péjoratifs, suffixes dépréciatifs, adjectifs et syntagmes qualifiants dévalorisants, injures, etc.
Du point de vue énoncif, le procédé typique de la caricature est la synecdoque de la partie pour le tout qui permet de soumettre les sujets observés à toutes sortes de distorsions. Par ce procédé, on appelle au premier plan un aspect partiel mais marquant d'une physionomie, on la met en perpective jusqu'à identifier le sujet avec ce trait, ce qui justifie l'emploi de la synecdoque en position prédicative. La focalisation des parties du corps peut allet jusqu'à dissocier l'unité du sujet (voir notre exemple de caricature).
Origines.
1) Antiquité.
- Dans le discours historique (Théophraste, Tacite, Suétone,
Plutarque et Tite-Live proposent des modèles de portrait).
Le portrait devait apparaître dans le texte de l'historien ou dans le texte
à intentions morales. C'était le portrait des moralités, le
portrait des hommes illustres, le portrait-exemplum de l'hagiographie. Les
portraits de Thémistocle par Thucydide et Plutarque sont des portraits
moraux. Chez Thucydide, le portrait a une fonction argumentative. Thucydide veut
démontrer que c'est à Thémistocle que les
Athéniens sont redevables de leur victoire sur les Perses. Il fait le portrait
d'un homme de génie. Le portrait a une fonction didactique (il dit le sens de
l'histoire) et une fonction éthique (il en indique la valeur). Il
débouche sur un apologue.
- Dans le discours oratoire. Dans le genre de l'éloquence, le portrait devait être placé
toutes les fois que l'orateur avait intérêt à faire
connaître une personne. Plus il importait au sujet et plus il devait être
ressemblant, et beau. Il semblait naturel dans la louange comme dans le
blâme, dans le panégyrique comme dans l'oraison funèbre.
Dans le genre délibératif aussi, où il importe de faire
connaître les hommes et de les peindre et dans les plaidoyers, où l'on
juge souvent de l'intention par les qualités personnelles.
2) Moyen Âge.
Le modèle canonique de la descriptio personae est mis en
place par les théoriciens médiévaux (Matthieu de
Vendôme, Ars versificatoria, I, 3, § 38-76 et Geoffroy de Vinsauf,
Poetria nova, III, v. 554-599, Documentatum de modo et arte
dicandi et versificandi, II, 2, § 3-5).
Le Moyen Age poursuit une tradition rhétorique héritée
de l'Antiquité (Cicéron, De Inventione; Horace, Ars
poetica) qui tend à classer les êtres humains dans des
catégories. L'élément descriptif étant jugé
principal dans l'art de la parole, la construction du héros se ramène
à une description, dont l'esthétique est soumise aux perspectives
philosophiques de l'époque. Si l'art est imitation de la nature, le
poète doit suivre l'ordre naturel. Et comme on croyait que Dieu avait
créé l'homme en commençant par la tête, la description
devait suivre le même ordre : commencer par la tête, passer par le tronc
et se terminer par la description des jambes. Aussi complète que possible,
elle devait être suivie par la description des vêtements. Le portrait
était presque entièrement dépourvu de traits personnels,
individuels : les mêmes traits physiques et moraux déterminent un
grand nombre d'amants apparaissant dans différents poèmes ou
genres (dans la littérature dominée par la thématique
amoureuse). Cette monotonie résultait du mécanisme principal
régissant l'élaboration du discours poétique de
l'époque : il s'agissait d'un agencement d'expressions plus ou moins
figées, réitérées d'un texte à l'autre dans le
cadre du même genre ou même le dépassant. Ces formules se
sont maintenues longtemps. Les descriptions étaient brèves et
schématiques. Etant parfaitement assimilées par les usagers de la
littérature, les formules véhiculaient un champ de connotation bien
plus vaste que leur sémantisme : elles évoquaient des
réalités au lieu de les décrire. L'actualisation d'une seule
formule permettait de reconstruire immédiatement un objet parfois
très complexe. Esthétique du fragmentaire caractéristique de
la poésie médiévale (ex. : les chansons de toile du
XIIIe).
À partir du XIIe siècle, on observe dans la culture européenne
la tendance à l'individualisation : dans la peinture le portrait se
dégage des tableaux présentant des grandes scènes; dans la
poésie lyrique le sujet parlant exprime les émotions d'un individu; et
c'est dans le même contexte que se situe, dans la littérature narrative,
la naissance du portrait qui représente non pas un type humain, mais un
individu devenu l'objet principal de la description, par conséquent objet
autonome.
3) XVe-XVIe siècles. L'historiographie espagnole.
XVe siècle.
Fernan Pérez de Guzman, Generaciones y
Semblanzas (1455). La semblanza est la description physique ou
morale d'une personne, accompagnée parfois d'une brève
biographie. L'ouvrage propose une galerie de courts portraits des principales figures
de l'aristocratie et du clergé des décennies
précédentes. Ces portraits sont construits selon un même
schéma rhétorique et conceptuel : quelques allusions au lignage, les
traits physiques, les qualités morales, la date et le lieu de la mort du
personnage. Dans la littérature espagnole médiévale
cohabitent deux traditions rhétoriques : l'une, chrétienne, où
le portrait littéraire était de nature non visuelle et répondait
à des canons rhétoriques précis; l'autre, arabe, qui offrait
des portraits écrits plus individualisés, à caractère
nettement plus pictural, du fait de l'interdit religieux frappant la
représentation iconographique. Cette tradition arabe visait à la
perception instantanée du modèle en étant plus
attachée à rapporter le détail qui caractérise.
XVIe siècle.
Les portraits de princes (Alonso de Santa Cruz). Il y a
consensus autour d'un même type formel. Les portraits s'organisent en deux
mouvements inégaux : un bref portrait physique, un portrait moral plus
étoffé. Le premier commence par une appréciation de la
taille et de la complexion du corps tout entier; les élémemts du
visage sont ensuite détaillés : les yeux le plus souvent, puis la
couleur et l'aspect des cheveux, le nez, le teint, la bouche et la barbe pour
descendre méthodiquement jusqu'aux membres inférieurs. Cette
technique de l'énumération systématique des parties du
corps humain depuis la tête jusqu'aux pieds répond aux principes de
la rhétorique épidictique et plus précisément
à l'art du portrait laudatif. Ces principes codifircices de la classe proposant
aux élèves, entre autres entraînements, la descriptio
des choses et des personnes.
4) XVIe siècle.
Le blason.
Il a pour origine le dit médiéval. C'est
une description détaillée d'une personne ou d'un objet dont on fait
l'éloge ou la satire. Il connut son apogée avec les poètes
lyonnais (Héroët, Scève, Marot). Puis Marot lança le
contre-blason, qui consistait à célébrer le "rebours" des
beautés. Rémi de Belleau le rénova sous la forme de
l'hymne-blason.
Le portrait funéraire.
Ex. : Ronsard (texte cité en 3). Il
s'oppose à la notion habituelle de portrait. Ce qui l'éloigne du
schéma connu est le manque de systématisation. On ne nous peint
pas un à un les éléments qui construisent le visage, les
cheveux, etc. Ce que le poète veut souligner, ce sont certains traits choisis
consciemment d'une manière apparemment non cohérente.
L'attention se porte sur différents détails pour y choisir celui qui
pourrait caractériser le mieux l'objet ou la personne décrits. Vision
quasi morcelée des défunts.
5) XVIIe siècle. Les inventeurs du portrait en prose en France sont
Georges et Madeleine de Scudéry (le Grand Cyrus; milieu du
XVIIe siècle). Ils donnèrent de nombreux modèles, qui furent
abondamment imités. L'individualité se découvre. Mode du
portrait littéraire en France de 1641 à 1681.
Mademoiselle de Montpensier fit le sien et fut imitée par la plupart des
femmes de la cour. Les mémoires de l'époque sont remplis de
portraits (ex. : Saint-Simon, portrait de Louis XIV). On en trouve également
chez les historiens (ex. : Louis Blanc, portrait-charge de Louis XIII). La règle
était alors de peindre uniquement les personnes dont le caractère,
les fonctions, les rapports avec les faits intéressants pouvaient le
mériter.
Le portrait apparaît comme un genre à l'honneur dans les
conversations mondaines (voir la scène des portraits dans le
Misanthrope, II, 4) et dans la littérature précieuse
(caricaturée par Charles Sorel dans l'Ile de portraiture en 1659).
Il est tour à tour laudatif ou satirique, plus proche de la dissertation morale
(ou de l'épigramme) que de ce que l'on entend de nos jours par
description. Chez Mademoiselle de Scudéry, Molière, La
Bruyère et plus tard Saint-Simon, il suit un ordre traditionnel (de haut en bas
et du général au particulier) et analytique (qualités ou
défauts physiques, moraux, de coeur). Le tout doit être piquant. Les
recherches rhétoriques (anaphore, symétrie, opposition, effet de
chute dans de nombreux "caractères" de La Bruyère) y sont
très visibles. C'est ce type de portrait, apparemment objectif qui se
multipliera dans les descriptions de personnages dans le roman du XIXe
siècle.
6) XIXe siècle.
- Sainte-Beuve en a fait un genre littéraire. Il a eu de nombreux
imitateurs. Ex. : Théophile Gautier et Paul de Saint-Victor. Les portraits
littéraires ont donné naissance aux portraits politiques, consistant
ordinairement en biographies.
- Le portrait romanesque réaliste. Il transforme le lecteur en
herméneute. Le détail réclame une traduction; il est
signifiant. Le référent à décrire est
considéré comme constitué de plusieurs niveaux
superposés qu'il faut traverser en allant du plus explicite au moins explicite.
Il s'agit d'aller sous le réel, de chercher un sens, une vérité
fondamentale derrière les apparences trompeuses ou accessoires d'une
surface. L'information est différée dans le portrait. Le détail
est un indice, indice valant pour les événements ultérieurs
du récit, ou indice rappelant un événement
antécédent. Au lieu de parler directement de la psychologie du
personnage, de son caractère ou de sa profession, on parle de son habit, de
son habitat, de ses habitudes. Le portrait peut être remplacé par une
description du milieu.
7) Le portrait aujourd'hui (par opposition au Moyen Age et à la
Renaissance) doit refléter l'individu lui-même; les traits du visage
doivent permettre d'observer les reflets de la pensée et des
sentiments.
Le portrait moderne (Colette, Mauriac, Proust) est redevable à toute
une tradition qui implique une certaine foi dans la possibilité de cerner une
personnalité par l'écriture. Connaissance progressive mais effective
dans laquelle demeurent sous-jacents les postulats de la physiognomonie. Mais,
nouveauté, les portraits se situent de moins en moins à un endroit
précis, ils sont de moins en moins circonscrits, on ne peut plus les
détacher de l'ensemble où ils s'insèrent. Leurs
éléments sont dispersés.
Postérité.
Au XXe siècle, le portrait évolue dans deux directions : ou
bien il se construit de l'intérieur, en suivant le cours de la
subjectivité du discours, le personnage s'identifiant au sujet qui
perçoit les fantasmes décrits (Robbe-Grillet, la Jalousie),
ou bien il prend une distance maximale par rapport au réel et exploite un
répertoire de signes figés, dont il énonce l'aspect
conventionnel et arbitraire (P. J. Rémi, "Portrait d'un honnête
homme", Mémoires secrets). Le personnage surgit explicitement
au moment de l'écriture et le portrait, loin de prétendre copier un
modèle préexistant, se réduit aux mots qui le connotent en
tant que séquence spécifique de l'univers textuel.
Le texte moderne (Beckett, Robbe-Grillet) construit des personnages instables. Le même personnage peut avoir des noms différents, des apparences différentes, des personnages différents peuvent avoir le même nom; accomplir les mêmes actions et recevoir les mêmes descriptions...
ANGENOT, Marc, la Parole pamphlétaire : contribution à la
typologie des discours modernes, Payot, 1982.
BAILBE, Joseph-Marc et alii, le Portrait, Publications de
l'université de Rouen, 1987.
DUBAUX, Ariane, la Caricature littéraire (1830-1870) : l'exemple de
Balzac et de Hugo, McGill University, 1988.
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GRIVEL, Charles, l'Histoire dans le visage in Jean Decottignies et
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HAMON, Philippe, Pour un statut sémiologique du personnage,
Poétique du récit, Le Seuil, Points, 1977, p. 115-180.
HAMON, Philippe, la Description littéraire : anthologie de textes
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HAMON, Philippe, Du descriptif, Hachette, 1993.
KUPISZ, Kazimierz. le Portrait littéraire, Presses universitaires de
Lyon, 1988.
Aide pour les pages des genres littéraires.
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