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LE CONTE

Informations.
  1. Temps et lieux.
  2. Auteurs et oeuvres.
  3. Définition et fonction dans la société.
  4. Origines et postérité.
  5. Bibliographie.
Extraits. La Calebasse enchantée.
Histoire d'une graine de calebasse.
Le Petit Poucet.
Servitude.
Procédés typiques. Ingrédients.

1. Temps et lieux.

Début et fin. XIIIe siècle av. J.-C. jusqu'à aujourd'hui.
Lieux. Surtout populaire en Orient, en Afrique, dans les civilisations rurales; en Occident, dans les publications pour la jeunesse.

2. Auteurs et oeuvres.

Les Deux Frères (conte égyptien, XIIIe av. J.- C.).
La Légende d'Étana et de l'aigle.
Contes des Mille et Une nuits (recueil de contes arabes).
Marie de France (seconde moitié du 12e siècle), les Lais.
G. F. Straparola (1480?-1557?, écrivain italien), les Facétieuses nuits.
Giambattista Basile (1575-1632, écrivain italien), le Conte des contes.
Charles Perrault (1628-1703), Contes de ma mère l'Oye.
J.P. Hebel (1760-1826, écrivain suisse), Contes.
Hoffmann (1776-1822, écrivain allemand), Contes.
Charles Nodier (1780-1844), Contes.
Achim von Arnim (1781-1831, écrivain allemand), Contes.
Washington Irving (1783-1859, écrivain américain), Contes de l'Alhambra.
J.& W. Grimm (1785-1863 pour Jacob et 1786-1859 pour Wilhelm, écrivains allemands), les Contes.
Honoré de Balzac (1799-1850), Contes drolatiques.
Nathaniel Hawthorne (1804-1864, écrivain américain), Contes.
H.C. Andersen (1805-1875, écrivain danois), Contes.
H.W. Longfellow (1807-1882, écrivain américain), Contes d'une auberge au bord du chemin.
Alfred de Musset (1810-1857), Contes et Nouvelles.
A.N. Afanassiev (???), Contes russes.
Hégésippe Moreau (1810-1838), Contes.
Charles de Coster (1827-1879, écrivain belge), Contes brabançons.
Mark Twain (1835-1910, écrivain américain), Contes, les Aventures de Tom Sawyer.
Alphonse Daudet (1840-1897), Contes du lundi.
Alphonse Allais, A se tordre (1891).
Carmen Sylva (1843-1916, écrivain roumain), les Contes de Pelech.
Lou Siun (1881-1936, écrivain chinois), Contes anciens à notre manière.
V.G.Calderon (1886-1959, écrivain péruvien), Contes péruviens.
Jean Ray (1887-1964, écrivain belge), les Contes du Whisky.
Cinq cent contes et apologues extraits du Tripitaka chinois (publié en 1910-1924 par E.Chavannes).
Mille et Un contes, récits et légendes arabes (publié en 1924-26 par R. Basset).
Henri Pourrat, le Trésor des contes (1948-1962).
Cent quatre-vingts contes populaires du Japon (publié en 1975 par M. Coyaud).
Ivo Andric (1892-1975, écrivain yougoslave), Contes.
Marcel Aymé (1902-1967), Contes du chat perché.
Jacques Prévert (1903-1977), Contes pour enfants pas sages.
R. Akutagawa, Rashomon et autres contes (1918-1927).
Contes turcs (rassemblés par P.N. Boratav en 1955).
Bernard Dadié, le Pagne noir.
Birago Diop, les Nouveaux Contes d'Amadou Koumba.
Herman Hochegger, Allons tuer la mort.
Jacques Ferron (1921-1985, écrivain québécois), Contes du pays incertain.
Italo Calvino, Cosmicomics (1965).

3. Définition et fonction dans la société.

Le conte est un récit de fiction généralement assez bref qui relate au passé les actions, les épreuves, les péripéties vécues par un personnage (ou parfois un groupe de personnages). Ce qui distingue d'emblée le conte des autres formes de récit, c'est sa "fictivité avouée" (l'expression est de Michèle Simonsen): l'histoire racontée se déroule dans un autre temps (la narration se fait toujours au passé) et un autre lieu que ceux où prennent place le conteur et le destinataire. Les célèbres formules comme "Il était une fois" ou "En ce temps-là" qui ouvrent un grand nombre de contes suggèrent d'entrée de jeu la distance qui sépare l'univers du conte et notre monde, la fiction et le réel. Cet univers est la plupart du temps indéterminé, c'est-à-dire que les temps et les lieux sont rarement évoqués avec précision; l'actualisation reste vague, de sorte que le conte donne l'impression de se situer en dehors du monde actuel (le roman au contraire cherche à s'inscrire dans le monde actuel en y situant l'histoire racontée, et la nouvelle est encore plus ancrée dans le présent des interlocuteurs).

Parmi les autres caractéristiques par lesquelles le conte s'affirme comme fiction, il y a les invraisemblances de toutes sortes. Dans le conte, tout est possible: un personnage peut dormir cent ans, les objets peuvent être doués de pouvoirs, les êtres faibles peuvent triompher du Mal, etc. Les lois qui régissent l'univers des contes ne sont pas toujours les mêmes que celles qui régissent le monde réel. C'est pourquoi l'on a pu dire que le conte est une "forme close" (Georges Jean). En outre, les personnages sont monolithiques, unidimensionnels, ils n'ont aucune profondeur ou densité; ils ne sont pas vraisemblables puisqu'ils n'ont pas la complexité du réel. Si le conte est un récit objectif, c'est en ce sens que le narrateur ne cherche pas à y inscrire sa subjectivité.

L'univers du conte est manichéen, formé d'oppositions simples (procédés: énantiose, contraste, caricature). La construction des contes est en général très simple: grande lisibilité, texte accessible à tous.

C'est un genre optimiste: la plupart du temps, le conte finit bien. Il présente une vision rassurante du monde, d'où l'impression que le conte s'adresse aux enfants. Mais le conte est souvent cru et violent: il y a des meurtres (ex. l'Ogre qui mange les enfants), des combats, des souffrances physiques et morales décrites sans détour, etc. Il arrive même que le conte se termine mal (par exemple, le Petit Chaperon rouge). C'est seulement depuis le XVIIe siècle en France que les contes sont destinés aux enfants. Dans les sociétés traditionnelles, les contes s'adressent aux adultes. Dans les souks, par exemple, des conteurs attitrés s'entourent régulièrement d'auditoires d'hommes et de femmes.

Malgré sa "fictivité avouée", le conte s'inscrit dans une communauté: il est marqué par les valeurs et les codes qui la caractérisent. Il est issu de la tradition populaire: plusieurs de ses éléments appartiennent à la mémoire collective (on a longtemps dit que le conte était fait par et pour le peuple, et le fait que les contes soient identifiés à des auteurs précis est relativement récent; longtemps le conte a été anonyme, il appartenait en quelque sorte à tous). C'est ce qui explique que le conte comporte souvent un aspect moral, voire didactique: le conte s'adresse aux membres de la communauté et cherche à édifier (pas seulement les enfants). Il y a des contes qui relèvent de la fonction étiologique: ils expliquent les merveilles et les horreurs du monde aux auditeurs (c'était le cas plus encore dans le mythe). Par exemple, Histoire d'une graine de calebasse débouche sur "d'où viennent les continents et les mers". Pour les jeunes, le conte reçoit par là une fonction initiatique, mais cette théorie ne fait pas l'unanimité.

Les fonctions didactiques ne prennent jamais le pas sur la fonction ludique: on écrit et on dit un conte pour divertir, pour amuser. Les personnages pittoresques ou grotesques, les lieux imaginaires ou idéalisés, les épreuves du héros, tout dans le conte vise à permettre au lecteur ou à l'auditeur de s'évader du quotidien banal (c'est pourquoi on a souvent parlé de la magie du conte).

Le conte est associé aux loisirs d'une société (en général traditionnelle): c'est un divertissement. Le rôle social du conte, c'est de cimenter la communauté. Dans la plupart des sociétés, le conte est une activité sociale: on organise des veillées de contes, des compétitions de conteurs devant un public, etc. Le conte populaire est un récit oral et beaucoup de contes n'existeront que sous cette forme, avant de disparaître: seuls quelques contes, en Afrique, sont passés à la littérature. Ils reçoivent alors un encadrement énonciatif (mise en scène de l'auditoire, prologue destiné à établir le silence. En Occident, il y a des contes écrits, sans encadrement, mais ils sont destinés à la jeunesse, le plus souvent. Un lien subsiste avec le didactique et le ludique, par exemple dans les contes de Noël.

4. Origines et postérité.

Origines. Il existe plusieurs hypothèses concernant les origines du conte. En voici deux:
1) le conte serait un produit spontané de l'imagination populaire, comme les proverbes, les devinettes et les chansons.
2) le conte serait issu des récits mythiques ou épiques. Il aurait emprunté à ces genres leur thématique et leur façon de représenter le monde, mais en les désacralisant. Il n'y a pas de dieux dans le conte, pas de transcendance (ce qui n'empêche pas la magie ou le surnaturel); l'attention est portée sur l'individu dégagé des croyances religieuses ou autres. Le héros du mythe incarnait la communauté; le héros du conte représente l'individu. En passant du mythe au conte, on passe d'un univers tragique à un monde plus proche des réalités sociales, du quotidien (qui peut être à l'occasion enchanté). Le conte serait donc une forme dégradée du mythe.
Postérité. Jeux Vidéo interactifs. (Ils s'en inspirent et en conservent l'aspect ludique.)

5. Bibliographie.

BOULAY, Lily, Magie du conte, 1992.
COURTÈS, Joseph, le Conte populaire, 1986.
D'un conte à l'autre (la variabilité dans la littérature orale), édité par Veronika Görög-Karady, Paris, Éditions du CRNS, 1990, 603p.
Encyclopeadia Universalis, article Conte).
Encyclopédie Larousse, article Conte.
JEAN, Georges, le Pouvoir des contes, Tournai, Casterman, 1981, 239p.
LARIVAILLE, Paul, le Réalisme du merveilleux.
LOISEAU, Sylvie, les Pouvoirs du conte, 1992.
PROPP, Vladimir, Morphologie du conte, Paris, Gallimard, 1970, 246p.
SIMONSEN, Michèle, le Conte populaire, Paris, PUF, 1984, 222p.
SIMONSEN, Michèle, le Conte populaire français, Paris, PUF, 1981, 126p.
VELAY-VALLANTIN, Catherine, l'Histoire des contes, Paris, Fayard, 1992, 359p.

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