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LA COMÉDIE

Informations.
  1. Temps et lieux.
  2. Auteurs et oeuvres.
  3. Définition et fonction dans la société.
  4. Origines et postérité.
  5. Bibliographie.
Extraits. L'Eunuque.
Les Fourberies de Scapin.
Le Jeu de l'amour et du hasard.
Procédés typiques. Ingrédients.

1. Temps et lieux.

Début. La comédie (occidentale) est née en Grèce, aux alentours du VIe siècle avant J.-C.
Fin. Elle existe encore aujourd'hui, sous une forme, ou plutôt des formes, très différente de celle qu'elle avait au début.
Lieu. La comédie a acquis le statut de "grand" genre littéraire (c'est-à-dire qu'elle s'est élevée au-dessus de la farce) dans les pays où la littérature s'est s'épanouie: Grèce, Égypte, Italie, Espagne, France, Angleterre, Allemagne, Chine, Japon, États-Unis...

2. Auteurs et oeuvres.

Aristophane (-450 à -386, grec), Les Nuées.
Ménandre (-342 à -292, grec), L'Arbitrage.
Plaute (-254 à -184, latin), Amphitryon.
Térence (-190 à -159, latin), L'Eunuque.
La Farce de Maître Pathelin (1464, auteur inconnu).
Pierre Gringoire (v.1475-v.1538, français), Le Prince des sots.
L'Arioste (1474-1533, italien), L'Entremetteuse.
L'Arétin (1492-1556, italien), La Courtisane.
Fernando de Rojas (v.1465-v.1541, espagnol), La Célestine.
Lope de Rueda (v.1500-1565, espagnol), Les Trompés.
Lope de Vega (1562-1635, espagnol), L'Étoile de Séville.
Shakespeare (1564-1616), La Mégère apprivoisée.
Ben Johnson (1572-1637, anglais), L'Alchimiste.
Pedro Calderon (1600-1681, espagnol), L'Alcade de Zalamea.
Molière (1622-1673), Tartuffe.
Lesage (1668-1747), Turcaret.
Marivaux (1688-1763), Le Jeu de l'amour et du hasard.
Carlo Goldoni (1707-1793, italien), La Locandiera.
Beaumarchais (1732-1799), Le Barbier de Séville.
Alfred de Musset (1810-1857), Les Caprices de Marianne.
Gogol (1809-1852, russe), L'Inspecteur général.
Eugène Labiche (1815-1888), Un chapeau de paille d'Italie.
Georges Courteline (1858-1929), Les Gaietés de l'escadron.
Alfred Jarry (1873-1907), Ubu roi.
Eugène Ionesco (1912-1995), La Cantatrice chauve.

3. Définition et fonction dans la société.

Le mot de comédie (en français) a d'abord servi à désigner le théâtre en général (XIV-XVIe siècles). A partir de la Renaissance, on lui a attribué un sens plus restreint et plus précis: il renvoie désormais à un genre dramatique qui se distingue à la fois de la tragédie (forme noble du théâtre) et de la farce (forme populaire du théâtre). La comédie est un genre protéiforme, donc difficile à saisir. Il y a quand même des constantes: il s'agit d'un texte composé de dialogues en vers ou en prose et destiné à provoquer le rire (l'humour peut être aussi bien innocent que grinçant); on y retrouve une intrigue (souvent amoureuse), une peinture psychologique ou sociale, de la fantaisie (autant dans les mots que dans l'action); le texte met en scène des personnages tirés la plupart du temps de la vie ordinaire (contrairement à la tragédie); le ton est en général léger, enjoué. La comédie se fonde sur la dualité essentielle entre la vie et sa représentation; son principe (qui est celui du comique en général) est un principe de contradiction: le rire naît d'un événement triste ou désagréable. Alors que le drame ou la tragédie amplifie les événements, la comédie les atténue, tout en les mettant en relief. Son rôle est de dédramatiser, de désacraliser même. Elle se tourne toujours vers l'aspect ridicule des êtres et des choses, elle en souligne le caractère insignifiant; elle cherche à faire descendre l'homme de son piédestal (la tragédie vise le but inverse). L'idée de jeu est à la base de la comédie: elle joue avec les êtres et les choses, elle se joue d'eux allègrement. Ce jeu (entendu à la fois comme amusement et comme distance prise par rapport au monde) représente un moyen efficace et fécond de traiter des problèmes des hommes et de la société. Certains auteurs de comédies s'en sont avisés et ont ainsi proposé, par le biais du rire et d'une écriture ludique, une critique de la société, une satire des moeurs qui régissent la vie des hommes (ex.: Aristophane, Molière, Beaumarchais); ils ont fait de la comédie un miroir qui reflète la réalité, mais en la déformant, en la grossissant, en la transformant (ex.: création de types comiques). Le théâtre, avec sa grande portée, a permis à ces écrivains une diffusion très large de leurs idées. Les auteurs de comédies (les plus grands) sont donc profondément engagés dans la vie de leurs contemporains; la comédie, pour eux, est bien plus qu'un simple divertissement: c'est un moyen d'agir sur le réel. Cependant, la plus grande partie du public (de toutes les époques) n'a souvent été sensible qu'au côté agréable, divertissant de la comédie; il est arrivé d'ailleurs que des rois, des seigneurs engagent des auteurs de comédies pour être divertis (ex.: Molière a été au service de Louis XIV). Depuis sa création, la comédie a toujours joui d'une grande popularité, mais surtout auprès du peuple; l'élite de la société l'a souvent boudée, la considérant comme un genre mineur.

4. Origines et postérité.

Origines.
La comédie a des origines populaires. Dans le cadre des fêtes en l'honneur de Dionysos, il y avait des cortèges burlesques, appelés kômoi, où l'on pouvait entendre des plaisanteries et des chansons. Ces manifestations spontanées ont fait place après quelque temps à des représentations plus organisées, des farces, des pantomimes: c'est ainsi qu'est né le théâtre populaire. Ses ressources inouïes ont inspiré des hommes de lettres qui ont décidé de les exploiter à fond et de leur donner une portée plus grande: création de la comédie. Plus tard, au Moyen Âge, après être disparue pendant des siècles, la comédie a connu une renaissance à travers les formes populaires du jeu comique. Elle est donc fortement liée à la tradition populaire, elle s'en est souvent inspirée pour se renouveler (ex.: la commedia dell'arte pour les auteurs du XVIIe siècle).

Postérité.
Les principaux genres de comédie jusqu'à la fin du XIXe siècle sont la comédie de caractère (ex.: Le Misanthrope), la comédie de moeurs (ex.: Turcaret de Lesage), la comédie romanesque ou fantaisiste (ex.: Le Prince travesti de Marivaux), la comédie burlesque (ex.:Les Fourberies de Scapin), la comédie dramatique (ex.: On ne badine pas avec l'Amour de Musset), la comédie réaliste (XIXe siècle, ex.: l'oeuvre de Gogol), le vaudeville (apparu après la Révoution, ex.: l'oeuvre de Feydeau).
À partir de la fin du XIXe siècle, la comédie s'est considérablement transformée et diversifiée. On peut distinguer au XXe siècle quatre courants principaux: il y a la comédie traditionnelle, qui reprend les schémas généraux du théâtre comique tel qu'on le pratique depuis longtemps (ex.: Sacha Guitry, Jean Anouilh, Marcel Pagnol, Jules Romain); la comédie allégorique, qui mêle à l'humour le lyrisme (Protée de Claudel, 1913) et le fantastique (Crommelynck, Le Cocu magnifique, 1921); la comédie poétique, où l'on utilise les ressources du langage pour explorer les vérités secrètes du monde (Jules Supervielle, Le Voleur d'enfants, 1948; Georges Schehadé, Monsieur Bob'le, 1951; Jacques Audiberti, Le Mal court, 1947); la comédie qui se présente comme anti-comédie, où le comique, agressif ou burlesque, cherche à détruire toutes les valeurs humaines pour montrer l'absurdité du monde, tout en faisant éclater les catégories traditionnelles de la dramaturgie (personnages, action, etc.): Alfred Jarry, Ubu roi, 1896; Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, 1917; Eugène Ionesco, La Cantatrice Chauve, 1950; Samuel Beckett, En attendant Godot, 1953.

5. Bibliographie.

CHEVALLIER, Claude-Alain, Théâtre comique du Moyen Âge, Paris, 10/18, 1973, 333p.
Encyclopeadia Universalis, articles comédie et théâtre.
GRIMAL, Pierre, le Théâtre antique, Paris, PUF, 1978, 128p.
GUICHEMERRE, Roger, la Comédie classique en France, Paris, PUF, 1978, 128p.
LARTHOMAS, Pierre, le Langage dramatique, Librairie Armand Colin, Paris, 1972, 478p.
SAREIL, Jean, l'Écriture comique, Paris, PUF, 1984, 186p.

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