Informations. | |
Extraits. |
Ballade des dames du temps jadis. La Complainte Rutebeuf. L'Amant. |
Procédés typiques. | Ingrédients. |
Début et fin. Ballade: XIVe siècle - XVIe
siècle; complainte: XIIIe siècle - XIXe siècle; aube: XIIe
siècle - XIIIe siècle.
Lieux. Angleterre. France.
Ballade de forme fixe.
Guillaume de Machaut (v.1300-v.1377).
Jean Froissart (v.1337-v.1400).
Eustache Deschamps (v.1346-v.1406).
Christine de Pisan (v.1363-v.1430), Cent ballades.
Charles d'Orléans (1391-1465), Ballades et rondeaux.
François Villon (v.1431-v.1463), Testament.
Pierre Gringore (v.1475-v.1538).
Clément Marot (1496-1544), l'Adolescence clémentine.
Théodore de Banville (1823-1891), Trente-six ballades joyeuses.
Alphonse Piché (1917-, Québécois), Ballades de la petite extrace.
- Complainte.
Colin Muset (XIIIe siècle).
Rutebeuf (v.1230-v.1285), la Complainte Rutebeuf.
Alain Chartier (v.1385-v.1433), Complainte du pauvre commun
Jules Laforgue (1860-1887), Complaintes.
Aube.
Gace Brûlé (fin du XIIe s.-début XIIIe s.).
La complainte. Poème de forme variable qui raconte les malheurs d'un personnage, historique ou fictif, ou du poète lui-même (voir Rutebeuf). Le texte évoque souvent un mort célèbre en relatant ses actions mémorables et ses bienfaits et en pleurant sa disparition; la complainte était proche, surtout au début, de l'oraison funèbre. C'est un genre de la littérature populaire, pratiqué par nombre d'auteurs, la plupart anonymes. Elle est destinée à être chantée ou récitée, d'où l'utilisation assez courante de couplets et de refrains. La présence de l'auditoire et, partant, de la communauté où vit le poète, est fréquemment suggérée dans le texte: par exemple, l'auteur s'adresse souvent à ses auditeurs au début de la complainte pour attirer leur attention. La complainte peut parfois avoir un caractère satirique ou comique (voir la Complainte de Fualdès).
L'aube, ou l'alba chez les troubadours. Genre défini par un thème plus que par une forme: celui de la séparation des amants à l'aube, après une nuit d'amour. Le poème met en scène la plupart du temps les deux amants et le guetteur ou veilleur, qui les protège des importuns et leur annonce le lever du jour. Souvent, les trois personnages prennent la parole à tour de rôle, les amants pour exprimer leurs regrets et leurs espoirs, le guetteur pour prévenir les amants; il arrive parfois que le poème ne donne la parole qu'à un des personnages. Parmi les rares aubes qui nous sont parvenues, un certain nombre présentent un caractère courtois: les amants, une dame et un chevalier, se rencontrent en secret la nuit, à l'insu du mari, dans un décor seigneurial, et le guetteur est chargé de surveiller les espions du mari. L'aube est souvent composée de couplets et de refrains.
Origines.
- Le mot ballade vient de l'ancien provençal ballada,
qui signifie "danse": la ballade était à l'origine, aux alentours de
1250, une chanson de danse; elle était inséparable de la musique.
Longtemps polymorphe, elle s'est constituée dans une forme fixe pour la
première fois avec Guillaume de Machaut au XIVe siècle: celui-ci a
créé la ballade dite "primitive" avec trois strophes qui reprennent la
structure métrique du huitain ABABBCCB utilisé à
l'époque; le dernier vers était répété pour
faire le refrain. La ballade est devenue un genre défini, avec une forme fixe,
quand elle a cessé d'être chantée, pour être dite.
- La complainte trouve son origine dans le planctus , récit
religieux des Latins, et dans la chanson narrative des troubadours (XIe-XIIe
siècles).
- L'aube a sans doute une origine populaire: les "chansons de femme",
monologues accompagnés de musique où une femme relatait sa vie
amoureuse.
Postérité.
- Après avoir été rejetée par les poètes de
la Pléiade, la ballade a eu un regain de popularité au XVIIe
siècle, grâce, entre autres, à La Fontaine. Au XIXe
siècle, certains poètes de l'école du Parnasse l'ont
pratiquée, surtout à cause du défi que représentait
sa forme contraignante. Au XXe siècle, seulement quelques rares
poètes, par nostalgie, ont continué à écrire des
ballades (voir l'oeuvre d'Alphonse Piché). Ce genre n'a donc pas eu de
grandes répercussions en poésie après le Moyen
Âge.
- À partir du XVIe siècle, la complainte se voit souvent
intégrée à d'autres genres poétiques comme la
consolation, la déploration et l'élégie. Au XIXe
siècle, Jules Laforgue écrit des complaintes tout à fait
personnelles en s'inspirant du caractère populaire et satirique de certaines
vieilles complaintes.
- Le genre de l'aube est à l'origine du Tagelied pratiqué
par les Minnesänger allemands. Shakespeare a repris le thème de
la séparation des amants dans une scène célèbre de
Roméo et Juliette.
Anthologie de la poésie lyrique française des XIIe et XIIIe
siècles, présentée par Jean Dufournet, Paris,
Gallimard, 1989, 378p.
BEC, Pierre, la Lyrique française au Moyen Âge, Paris,
Éditions A . et J . Picard, 1977, tome 1, 246p.
Chansons des XVe et XVIe siècles, textes présentés
par Françoise Ferrand, Paris, 10/18, 253p.
Encyclopeadia Universalis, article ballade.
Encyclopédie Larousse, article aube, ballade, complainte.
Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, PUF.
Poèmes d'amour des XIIe et XIIIe siècles, anthologie
présentée par E. Baumgartner et F. Ferrand, Paris, 10/18, 1983, 446p.
Poètes du Moyen Âge, présentés par
Jacqueline Cerquiglini, Paris, le Livre de Poche, 1987, 254p.
Zumthor, Paul, Essai de poétique médiévale,
Paris, Le Seuil, 1972, 517p.
Aide pour les pages des genres littéraires.
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